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Le rugby féminin au Stade Nantais

27/03/2024

 

 

 

 

On trouve, en France, des traces de rugby féminin au début du XXe siècle. À Nantes, le premier match de rugby féminin, remonte au 16 avril 1928. Ce jour-là, Pascal LAPORTE avait souhaité qu'une démonstration d'un match de barette – sorte de rugby à toucher -, avec deux équipes féminines parisiennes, ait lieu au Parc des Sports.[1] Le mauvais temps n'avait pas empêché de conquérir un nombreux public. La barette féminine ne perdurera que jusqu’en 1930. Frantz REICHEL, un des membres fondateurs de la F.F.R. disait à propos du rugby féminin : "Je suis tout  à  fait contre ! Les femmes n’ont rien à faire du rugby. Elles ne peuvent pas y jouer. D’abord, c’est dangereux pour elles, très dangereux même, et, de plus, sans élégance. Elles ont assez de sports comme ça ; qu’elles s’en contentent." [2]

En 1972, le colonel CRESPIN, directeur national de l’éducation physique et des sports, avançait : "Le rugby est contre-indiqué pour les joueurs filles et les femmes pour des raisons physiologiques évidentes. Cette pratique présente des dangers sur le plan physique et sur le plan moral… Je vous demande instamment de ne pas aider, ni à plus forte raison à patronner, les équipes de rugby féminin[3]".

Bernard Laporte, qui fut président de la F.F.R., disait à l’époque où il entraînait le Stade Français : "Je crois que quand les hommes vont voir des matches de féminines, c’est pour rigoler et voir si les joueuses qui vont se crêper le chignon. Ca ne me plait pas, je ne trouve cela pas beau, ces filles qui cherchent à se faire mal ainsi. Il n’y a pas d’engagement, pas d’intensité. En bref, je n’aime pas, même si je conçois parfaitement qu’elles ont envie de jouer". Heureusement qu’il changea d’avis par la suite et que la vision du rugby féminin, à ce jour, a beaucoup évolué.

En 1965, des équipes d’étudiantes se créent pour participer à une campagne “contre la faim dans le monde”. Des clubs se constituent et donnent naissance, en 1970, à l’association française de rugby féminin. Deux ans plus tard, le premier championnat de rugby féminin a lieu (80 ans après celui des hommes). Il faut attendre 1989, pour que le rugby français fasse sa révolution avec l’intégration des féminines au sein de la Fédération française de rugby sous la présidence d'Albert FERRASSE.

À Nantes, dans les années quatre-vingt-dix sous l'impulsion des étudiantes, les premiers matchs de rugby, entre filles, sont disputés au Petit Port comme leurs anciens collègues masculins, à peine cent ans auparavant. Les comptes rendus dans la presse sont rares et un brin moqueur : "ce n'était pas du grand rugby féminin, mais les filles éclataient de joie de vivre et faisaient de leur mieux, entourant leur arbitre entraîneur vêtu presque en "Maya I'abeille"[4].

Les premiers pas du rugby féminin au S.N.U.C. remontent à 1993. Martine COULAIS, femme de l'entraîneur de l'équipe première, persuade quelques filles qui aiment l'ambiance rugby et, dont souvent un membre de la famille porte le maillot du club comme les LOTTE, COCHERIL, MABIT, DREAU, de créer une équipe féminine.

Les débuts sont difficiles, les premiers gros scores encaissés mais peu importe, on "s'éclate". Le rugby féminin peine à se structurer dans le comité et l'équipe féminine du S.N.U.C. disparaît en 1997.

Mais à partir de 2000, sous l'impulsion du nouveau C.T.R. : Christophe SAINT MACARY, le rugby féminin est relancé. C'est au XV de l'Erdre que l'on dispute la première saison, et qui rapidement conquit ses premiers titres régionaux et interrégionaux en rugby à 7 malgré une première défaite 70 à 21. On savoure cette saison et on entrevoit l'avenir à l'échelon supérieur.

"Aide-toi, le ciel t'aidera" : voilà quelle devrait être leur vindicte. En effet, le démarrage de leur équipe en 3e division, ces filles ne le doivent qu'à elles-mêmes. Formées autour d'un noyau d'élèves de l'école vétérinaire, ces jeunes femmes ont voulu continuer à avancer en engageant une équipe à 12 dans le championnat de 3e division. Elles se sont tournées vers le S.N.U.C., club dont les structures étaient plus à même de recevoir leur projet grandissant. Le président PAUTRIC les prévint qu'au-delà de l'appui, non négligeable, des structures du club, il ne pouvait leur donner un budget qu'il n'avait pas.

Qu'à cela ne tienne, avec l'aide de Bernard Pichavant, leur "manager", elles ont déniché un sponsor principal, trouvé des subventions, rallié deux "papys" dirigeants dévoués ­ Ludovic Moreau et André Jeannes ­ et les voilà sur la ligne de départ. Elles ont même convaincu une ancienne capitaine de l'équipe de France de les rejoindre, et Magwenn Poupart, triple championne de France avec Caen et Saint-Orens, est leur capitaine : "avant d'arriver dans la région, j'étais passé du côté des dirigeants (membre du Comité directeur de la F.F.R.). Mais j'ai rencontré ces filles, et elles m'ont convaincu de les aider.L'ambition est déjà au rendez-vous, car les féminines nantaises visent l'accession en deuxième division, même le titre ! "Plusieurs filles ont le potentiel pour évoluer en première division, et Nantes a le potentiel, mais nous sommes encore un peu court en effectif avec 19 joueuses."

En marquant la bagatelle de 462 points en neuf matches, le groupe dirigé par Bernard PICHAVANT a terminé en tête de sa poule et est déjà assuré de monter en Fédérale 2. Les filles ne se contentent pas de cela et, pour le centenaire du club, souhaitent ramener à Nantes le titre suprême.

En demi-finale, le 11 mai 2003, elles éliminent la réserve de Rennes en l'emportant 22 à 8. "Mes protégées ont fait une belle saison, souligne Bernard PICHAVANT. Notre difficile victoire en demi contre Rennes va nous servir pour préparer la finale. La clé du match réside dans la défense."[5]

Le 25 mai à Romorantin, une poignée de supporteurs ont fait déplacement pour cette finale contre Dijon qui aura du mal à arrêter une formation nantaise qui n'a perdu, en tout et pour tout, qu'un match… par forfait ! "Si notre technique individuelle est balbutiante, analyse Magwenn Poupard, la capitaine, nous possédons de grandes qualités techniques et physiques."[6]

La victoire est à leur portée et mettrait un point final à l'exceptionnelle saison d'un formidable groupe. Après s'être bien battues, elles doivent s'incliner de justesse 13 à 10 et voient leurs rêves s'envoler.

La saison 2003-2004 en 2e division est assez encourageante et elles sont éliminées, à Bordeaux, en quart de finale contre FONSORBES par 21 à 3.

À l'aube d'une nouvelle saison, l'équipe féminine doit baisser pavillon pour un manque de moyens humains et financiers. Un turnover important est le lot commun des équipes féminines en majorité étudiantes. "Je m’attendais à des départs de joueuses en fin d’études, à la recherche d’un emploi ou pour poursuivre leurs études, mais, avec vingt départs ou arrêts, sur un effectif de vingt-sept joueuses, il était illusoire d’espérer repartir"[7] constate Bernard Pichavant un peu dépité. Les frais, liés au déplacement, grèvent lourdement aussi le budget.

Mais quelques courageuses et téméraires ne se laisseront pas abattre dont Servane LOTTE et créeront en juin 2005, l’association nantaise de rugby féminin (ANRF). Leur philosophie selon les créatrices : Servane, Aurélie et Laure Amélie "La combativité et le courage s’accompagnent d’autres valeurs telles que l’entraide, la solidarité et la convivialité. Et selon nous, ces valeurs sont autant féminines que masculines".[8]

Certes, l'arrêt au S.N.U.C. peut être perçu comme un échec, à relativiser avec la création de l'A.N.R.F., mais aussi par la poursuite du rugby de haut niveau de nombreuses joueuses. On notera la belle carrière internationale de Macha HEBEL et la réussite de plusieurs joueuses dans les clubs de l'élite, en particulier Rennes, Caen, Gennevilliers... (Myriam CHAUDRON, Solène DOUET, Claire BONNAL, Cécile BRUNEAU, ...). D'autres ont poursuivi leur carrière à différents niveaux dans des clubs en France.

 



[2] Journal La Patrie 24/04/1922

[3] Lettre adressée aux préfets de région le 6/10/1972

[4] Ouest France 03/03/1992

[5] Ouest France 11/10/2002

[6] Ouest France 23/05/2003

[7] Ouest France 15/10/2004

[8] Ouest France 03/06/2005

 

 
 
 
         
 
     

 

 




 
 
 

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