Encouragée par les résultats de la saison précédente, celle de 1973-1974 s'annonce pour le Stade Nantais, sous les auspices de la jeunesse des joueurs et de la sagesse des dirigeants. Dans le cadre de leur politique établie, il y a deux ans, ils voient enfin éclore les talents qu'au sein même du club des éducateurs expérimentés ont cultivés avec un dévouement sans pareil.

On regrette le départ de SABATOU qui retourne à Morcenx ainsi que BOURDENX à Orthez. LESPES arrête d'être joueur entraîneur. On devra se priver pendant quelques mois du sympathique Lili ROBIN suite à une délicate opération.

Le bureau directeur a décidé de confier les entraînements à Jacques MAURY et nomme Yves LE GUELLEC capitaine pour cette saison. Dès le 7 août, pour la reprise de l'entraînement, on vient fouler le terrain du Stade LAPORTE qui, malgré l'arrosage et l'attention du président COURAUD, a souffert pendant tout l'été.

À l'invitation du nouveau club de St Hilaire de Riez et dans un but de propagande, le S.N.U.C. rencontre le Stade Rochelais, le 26 août sur la côte vendéenne. Devant un adversaire très athlétique et très avancé au point de vue entraînement, les Nantais n'ont pu aligner qu'une équipe mixte et s'inclinent 26 à 4.

Le match amical le 2 septembre contre Saint Nazaire remporté 20 à 9 a permis de constater une meilleure cohésion. La réception du Stade Poitevin, le dimanche suivant est un véritable test pour le jeune entraîneur Jacques MAURY. Les supporteurs avaient répondu présent et ont été agréablement surpris par la jeunesse et l'enthousiasme de l'équipe. Le match est plaisant contre une équipe qui évoluait à l'échelon supérieur la saison passée. Les six essais marqués concrétisent une belle victoire 28 à 11.

La réception de Clamart dans le challenge de l'Essor, le 16 septembre va-t-elle confirmer cette embellie et conforter MAURY dans ses choix ? Le succès du week-end précédent a confirmé par la belle victoire nantaise 20 à 6. S'il manque un peu de puissance dans la ligne d'avants, les lignes arrière SNUCistes se sont illustrées par une magnifique défense sous l'autorité de NEVEU.

C'est avec six juniors que le S.N.U.C. se déplace à l'A.S.P.T.T. Paris, afin de préparer le premier match de championnat. Il n'y a pas de surprise et nos Nantais s'inclinent 19 à 9.

Quand le calendrier de la saison avait été publié, le 30 septembre avait été coché et entouré de rouge pour le premier derby de la saison en vue de la réception de nos voisins Trignacais. Après une saison en 3^e division, les Brièrons n'ont rien perdu bien au contraire de leurs qualités traditionnelles de volonté d'engagement, de vitesse d'exécution, alliées à une technique en progrès constants. Comme d'habitude le public a répondu présent surtout celui de Trignac, très bruyant, et a eu un comportement discipliné pour l'amour du rugby. Les joueurs gagnés sans doute par l'ambiance, se sont livrés une lutte sérieuse, certes, comme il se doit, mais absolument exemplaire de correction. Cette première manche, perturbée par un vent fort, se termine par un match nul : 13 à 13 qui, en vérité, satisfaisant les deux clubs.

Le déplacement à Paris contre les étudiants du P.U.C va se révéler difficile. Cette équipe est la favorite du championnat emmenée par leur international anglais: Andy RIPLEY. Les avants parisiens sont dominateurs et aliment une ligne des trois quarts très véloce. Nos Nantais privés de ballon sont courageux, mais doivent s'incliner durement 41 à 0. MAURY sait que de pareils matchs risquent de se reproduire et que si la jeunesse de son équipe est un atout, son manque d'expérience et de puissance risque de la pénaliser.

Pour prétendre figurer au mieux dans le championnat, la défaite est interdite à domicile. La réception de Courbevoie à Saupin, le 14 octobre, est source de motivation pour faire payer les "pots cassés" du P.U.C. La partie est à l'image du temps couvert et pluvieux. Si le Stade Nantais réussit une pénalité par NEVEU à la 17^e minute, ce maigre avantage lui assure la victoire. Le jeu, d'une piètre qualité, a déçu le peu de spectateurs qui avaient bravé le mauvais temps. Cette victoire hisse le club en milieu de tableau.

Privés de quelques titulaires, et peu à l'aise en déplacement, nos Nantais ne paraissent pas de taille pour vaincre les Policiers de Paris, second de la poule. L'équipe, un peu jeune composée avec cinq juniors ne peut rivaliser avec les expérimentés de l'A.S. Police. Plus ambitieux dans leur jeu en deuxième mi-temps, le S.N.U.C. réduit la marque, mais laisse la victoire à la Police : 17 à 7 (essai de MOINARD et pénalité de DANE).

Un gros morceau de la poule, Clamart, se présente à Malville, le 28 octobre avec la ferme attention de ramener la victoire. Le S.N.U.C. doit s'efforcer de ne perdre aucun point sur son terrain. Il impose son jeu pendant les trois quarts de la partie, ce qui a permis de retrouver les avants, l'allure offensive du trio d'attaque DANE, MOINARD, NEVEU et le brio de SEGUY, meilleur joueur du match. Avec cette victoire 21 à 13, le S.N.U.C. remonte à la 3^e place.

Pour le challenge de l'Essor, le Stade Nantais reçoit le C.A.S.G. Paris à Saupin et doit confirmer sa bonne forme. Adeptes du jeu offensif, Parisiens et Nantais peuvent faire vibrer un public amoureux du beau rugby. Dès le coup d'envoi, les deux équipes se lancent dans un jeu d'attaque avec un excellent état d'esprit. On assiste à un match plaisant où les deux packs se neutralisent. Les efforts nantais sont récompensés par une belle victoire 17 à 11 (3 essais DANET, SEGUY, NEVEU, une pénalité et une transformation de DANE).

Ce 11 novembre, on dispute encore un match à domicile contre le R.C. Arras, nouveau promu. Le point fort de cette équipe repose sur un pack très athlétique et sera difficile à bouger pour nos jeunes nantais. MAURY est pourtant confiant dans les forces de son équipe dont les bons résultats ont boosté le capital confiance. Il fallut attendre la deuxième mi-temps pour voir l'équipe nantaise se réveiller. Et ce sont encore les avants nantais, prenant le jeu à leur compte qui ont été les artisans de la victoire 24 à 6. Les attaques ont été conclues par cinq essais.

C'est un S.N.U.C. résolu et confiant qui se rend à Rouen, le 18 novembre. Un succès en Normandie lui permettrait d'envisager la qualification avec certitude. Blessé LAIDET ne peut pas faire le déplacement remplacé par le jeune Franck TOUYA. Bien que dominés, nos Nantais sont vaillants devant des Rouennais fougueux mais un peu maladroits. Il semble que la fatigue des matchs précédents couplée avec celle d'un long voyage en car ait contribué à la défaite 7 à 3. Mais la logique a été respectée.

Le championnat fait une pause pour laisser place au challenge de l'Essor. Déjà rencontré, il y a un mois, l'A.S. Police reçoit le S.N.U.C, le 25 novembre. Les gardiens de la paix, rapides, ardents, volontaires se sont imposés avec aisance sur le score de 23 à 4. MAURY n'est pas très content de la prestation de son équipe et espère que les joueurs ont pris conscience de certaines lacunes.

Le match retour du championnat devait se dérouler à Trignac, mais le gel et la neige en ont décidé autrement. Le 9 décembre s'apprête à recevoir les étudiants parisiens de PUC au stade Marcel Saupin. Pour envisager l'avenir avec confiance, MAURY a su préparer son équipe pour la victoire. Le nombreux public qui s'était déplacé, n'a pas assisté à un grand match, mais à une partie pleine de suspense. Le succès du S.N.U.C. par 6 à 4 est quelque peu heureux. Dès la 32^e, MOUSSAUD, durement plaqué, dû quitter le terrain laissant ses coéquipiers à 14. Puis ce fut au tour de SEGUY, blessé au bras et de BOSSARD blessé au genou qui handicapaient la prestation nantaise. Les huit dernières minutes furent éprouvantes pour les supporteurs qui redoublaient d'applaudissements et d'encouragements. Seule la victoire est belle.

Le 16 décembre, le S.N.U.C. n'est pas favori sur le terrain de Courbevoie. Les banlieusards parisiens se hissent petit à petit au niveau des grandes équipes. La première mi-temps est assez catastrophique pour le S.N.U.C, atteinte sur le score de 15 à 3 en faveur de Courbevoie. Sous une pluie glaciale et un terrain à la limite du praticable, les maladresses s'accumulent de part et d'autre sans que le score évolue. Toutefois, nos Nantais auraient mérité inscrire quelques points sans les absences de MOUSSAUD, BOSSARD et aussi de NEVEU au dernier moment.

À la veille de Noël, le 23 décembre, on dispute le match en retard contre Trignac. Les dirigeants des deux clubs se sont entendus pour que cette journée soit la rencontre de toutes les équipes. Le matin, les équipes benjamins, minimes et cadets s'affrontent avant de laisser la place aux "grands" l'après-midi. Comme de coutume, l'ambiance est assurée par le public chaud bouillant qui prend fait et cause pour son équipe qui a remporté sa première victoire en championnat le dimanche précédent contre Arras. Pourtant sur le terrain ce ne fut pas de même. Le temps était très froid et la boue envahissait le terrain. Les conditions de jeu étaient difficiles. Le pilier nantais BUFFE doit sortir du terrain en première mi-temps sur blessure qui, à l'hôpital, s'avère être une fracture du péroné. Mais ce sont les Trignacais qui sortirent le mieux de ce bourbier pour remporter une victoire justifiée par 16 à 0. L'équipe la plus vaillante l'a emporté sans discussion possible.

Avant de penser au réveillon, un ultime match de l'année permet au S.N.U.C. de recevoir l'équipe de Courbevoie en challenge, le 30 décembre. De nombreux titulaires sont blessés et MAURY doit composer avec les espoirs du club. La ligne de trois quarts est ainsi composée GAUTIER-SEGUY-CURTY-BONNIN, trois juniors encadrés par SEGUY. Cette jeunesse ne se laisse pas impressionner et remporte le match 17 à 3.

Pour recevoir, l'A.S. Police, 2^e de la poule, MAURY ne sait pas trop comment composer son équipe et sait pertinemment que la victoire est nécessaire pour assurer sa qualification. Malgré la pluie, on se presse à LAPORTE, ce 6 janvier. Le terrain est lourd et glissant, empêchant un beau jeu d'attaque. Nos avants commettent beaucoup trop de maladresses et manquent de clairvoyance à certains moments de la partie. Malgré l'essai de BROUARD et le drop de DANE, le S.N.U.C. s'incline 7 à 9.

C'est sans conviction que le S.N.UC se déplace à Cholet en challenge de l'essor. Contrairement à la saison passée, le club a fait une croix sur le challenge. La victoire de Cholet par 39 à 12 est là pour s'en convaincre.

À trois matchs de la fin du championnat, le S.N.U.C. a assuré sa place en 2^e division. Il aimerait être invité dans la phase qualificative du championnat de France. C'est sans complexe que MAURY et son équipe se déplacent à Clamart. Il doit composer avec beaucoup de blessés et n'aligne pas moins de huit réservistes. À la mi-temps, Clamart menait 16 à 12 mais la deuxième partie, le S.N.U.C. pliait sous les assauts des attaques des banlieusards parisiens et s'inclinait 29 à 12. Clamart conforte sa 3^e place et Nantes redescend à la 6^e.

Pour le dernier match en challenge de l'essor, on reçoit pour "la belle", nos voisins Trignacais. C'est une question de prestige qui est en jeu. Avec un nul et une victoire, Trignac est confiant. La victoire des Nantais 15 à 3 n'est pas le fait de la chance. On peut dire qu'elle est bien méritée par le seul fait de la forte bonne partie fournie par les avants locaux. Reconnaissons toutefois que Trignac n'a pas aussi bien joué que d'habitude notamment dans ses lignes arrière qui ont commis beaucoup de maladresses.

On attaque la dernière ligne droite par un match à Arras qui est lanterne rouge à égalité de points avec Trignac. Les Arrageois sont déchaînés devant un public qui n'est pas sans rappeler celui de la Brière pour conserver leur place en 2^e division. Les avants nordiques ont dominé la mêlée nantaise. La défense du S.N.U.C. ne put rien contre les flots des attaques des locaux. Ce manque de combativité se traduit par une grosse défaite 35 à 6.

Le dernier match du championnat se joue à domicile, le 10 février contre le RC Rouen. Le commentaire de DUCHAYNE suffit pour comprendre le résultat du match :

"Non seulement, le Stade Nantais ne nous a pas apporté la réhabilitation qu'on attendait de sa part, mais encore il a fourni peut-être la plus mauvaise partie de sa saison. Il justifie ainsi en quelque sorte, sa position dans les dernières places de la poule. Ce n'est pas exagéré de dire que les spectateurs se sont retirés, non pas navrés, mais véritablement écœurés par tant de médiocrité. Et cela que ce soit au niveau des avants qu'en ce qui concerne quelques autres joueurs des demis et des trois quarts. [..]"[1]

Les SNUCistes avaient-ils la tête ailleurs, mais la défaite sur ses terres est très lourde 20 à 9. La suprématie régionale est sauvée, car le S.N.U.C. devance Trignac de 3 points, mais termine à l'avant-dernière place de la poule. TRIGNAC jouera la prochaine en 3^e division. Ces résultats sont peu flatteurs pour notre département.

Le 17 février, le Stade Niortais rend visite au Stade Nantais afin de disputer un match amical en vue de la préparation de sa 32^e finale. La partie se déroule en 3 fois 30 minutes et les Nantais jouent leur rôle de "sparring-partner". Le match se termine par un score de 10 à 3 en faveur des Niortais.

On clôt la saison en participant au challenge Michel Pelletier organisé par l'A.S.B. Rezé en mémoire du fils du président d'honneur. Après avoir pris un mauvais départ en étant battu par le Vélo, le S.N.U.C. se retrouvait en finale contre Saint Nazaire qu'il battait 14 à 0. Ce trophée est bien une maigre récompense après cette saison en demi-teinte.

Pourtant, les résultats des équipes des jeunes sont encourageants et l'avenir s'annonce sous des meilleurs auspices.

Les juniors A entraînés par Jean-Louis SALINAS sont champions de l'Atlantique et participe au championnat de France REICHEL. Le 10 mars aux Sables-d'Olonne, ils rencontrent le Stade Rochelais, champions de France, la précédente saison en 16^e de finale. Dominés pendant tout le match, nos jeunes nantais ne purent rien sur la fougue offensive des maritimes. Par 68 à 3 (pénalité de RENOU), La Rochelle se qualifie pour le prochain tour.

Les juniors B, aussi champions de l'Atlantique, sont engagés en coupe CRABOS. Ils finissent premier de leur poule comprenant La Rochelle, Vierzon, Bourges et Lorient en remportant tous leurs matchs. Au Mans en 16^e de finale, ils sont éliminés par Suresnes 10 à 3.

Les cadets ne sont pas en reste. Les poulains de Claude GUILLET sont aussi champions de l'Atlantique et participent au championnat de France dit coupe Coulon. Après avoir outrageusement dominé leur poule régionale, il arrive jusqu'au 16^e contre l'équipe de Mussidan après avoir éliminé le Stade Rochelais au tour précédant 4 à 0. À la mi-temps, le score de 6 à 3 était favorable au S.N.U.C.. La deuxième mi-temps est tendue où chaque équipe se neutralise. Jusqu'à l'ultime minute, les Nantais mènent 10 à 9 mais dans les arrêts de jeu, l'ailier de Mussidan déborde la défense nantaise, marque l'essai libérateur et arrache une victoire méritée : 13 à 10.

Pour la 15^e édition de challenge LECOINTRE, le S.N.U.C gagne son trophée que La Rochelle avait gagné l'année dernière. Le Stade Rochelais repart avec la coupe Jacques MARGAT en mémoire de son dirigeant.

Beaucoup de questions vont se poser au nouveau comité directeur pour la prochaine saison. Doit-on recruter quelques joueurs ? Un nouvel entraîneur ? Les finances le permettent-elles ? Point positif, l'expérience emmagasinée cette saison par les jeunes ne peut que se bonifier.