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Le sport à Nantes au début du XXe siècle

01/03/2024

 

 

 

 

L’Hippisme

Preuve de l’engouement pour le turf, on dénombrait 28 sociétés hippiques en Loire Inférieure en 1899. Créées en 1835, les courses de chevaux à Nantes sont de plus en plus populaires. En 1875, la mairie de Nantes achète un terrain de 35 hectares au lieu-dit Petit Port qui deviendra le champ de courses actuel et le champ de manœuvre des régiments de garnison nantais. Nous verrons, dans un prochain chapitre, qu’il fera la joie des rugbymen pour leur premier match et des golfeurs pour leur premier par.

Pendant la guerre de 1914, l’hippodrome devint un vaste dépôt pour la cavalerie et l’artillerie anglaise et, lors de l’armistice de 1918, tout était saccagé.

Des concours d’obstacles ont lieu régulièrement sur le court Saint-Pierre.[1]

La Gymnastique et le Tir

En nous rappelant nos souvenirs scolaires d’histoire, en 1870, la France perd l’Alsace et la Lorraine dans la guerre l’opposant à l’Empire Prussien qui avait volonté d’unifier les états allemands. Cette perte occasionne un traumatisme et un esprit revanchard, jusqu’en 1914, engendrant les drames que l’on sait lors de la Première Guerre mondiale.

Léon GAMBETTA, lors d’un discours en 1875 à Bordeaux, indique :

" Il faut mettre partout, à côté de l'instituteur, le gymnaste et le militaire, afin que nos enfants, nos soldats, nos concitoyens soient tous aptes à tenir une épée, à manier un fusil, à faire de longues marches, à supporter vaillamment toutes les épreuves pour la patrie."

Le général CHANZY constate que nos braves soldats sont un peu chétifs et ne savent pas tirer aux fusils.

"Faites-nous des hommes, l’armée en fera des soldats "[2]

Naissent les bataillons scolaires (décret du 6 Juillet 1882) qui ont pour but d’organiser l’instruction militaire, c’est-à-dire la gymnastique, l’école de compagnie et les exercices de tir. Dans le département de la Loire-inférieure[3] , de nombreuses associations de gymnastique et de tir se créent dont la plus célèbre est encore existante : la Nantaise (1883).

But de la société :

"• Développer les forces du corps et d'entretenir la santé par des exercices nombreux et variés.

 • Préparer en vue du service militaire un contingent d'hommes agiles, robustes, façonnés à la discipline, animés de sentiments patriotiques et aptes, par suite, à fournir des cadres solides à l'armée française."

En 1886, a lieu la grande fête fédérale de gymnastique au Petit Port.  Le message est clair.

"Une ovation touchante a été faite à la Société Alsace-Lorraine lorsqu’elle est arrivée avec son drapeau voilé d’un crêpe." [4]

La Voile et le Canotage

La position de Nantes sur un fleuve, la Loire, et deux rivières, l’Erdre et la Sèvre permet le développement de sports nautiques tels la voile et l’aviron que l’on appelle le canotage. On s’empresse de disputer des régates et des courses d’aviron. La société Nautique de Nantes est créée le 30 Juillet 1858, le sport nautique de l’Ouest (S.N.O.) le 11 Septembre 1882.Cette dernière association est l’une des plus anciennes Sociétés Françaises de Yachting encore existantes.

Fin 1896, le Cercle de l’Aviron dont le but est d’encourager et développer le gout des exercices nautiques est créé. L’Erdre, la Loire et la Sèvre sont les lieux où il organise régulièrement ses régates.

La Vélocipédie

Le développement le plus important à la fin du XIXe siècle est sans conteste, la pratique du vélo. Le véloce Club Nantais (1883), le Club des cyclistes (1888) comptent le plus d’adhérents. Les premières courses apparaissent notamment, autour et sur le cours St Pierre (1883).

"Une foule considérable se pressait sur le cours Saint Pierre transformé en vélodrome. La vélocipédie entre de plus en plus dans le goût du public nantais, aussi les courses étaient-elles suivies avec beaucoup d’attention et d’intérêt."[5]

Les premières courses sont créées comme le Paris-Nantes-Paris (1892) et localement la Nantes Sautron (1892) qui, tous les ans, rencontrent un vif succès. De nombreux loueurs de vélos sont situés sur la route qui va à Sautron et le Dimanche, il est de bon ton de louer son vélo, et de pédaler jusqu’à Sautron sans oublier de pique-niquer dans les champs ombragés qui longent cette route d’une parfaite planitude. La même année, le Vélo Sport Nantais est créé.

"Sautron continue à être le but de promenade des pédaleurs et de pédaleuses, amateurs aussi bien que professionnels, pour qui la route de Vannes, en raison de la facilité de sortir de la ville par cette voie et de l’absence de cotes, est un parcours idéal. Toute la journée de dimanche dernier, c’est par centaines que les cyclistes des deux sexes se suivaient, se dépassaient sur cette route et, pour un peu, on se serait cru à Paris dans une des avenues du Bois de Boulogne exclusivement réservées aux cyclistes ". [6]

Comme nous le verrons plus tard, se développent deux vélodromes, tous deux privés : le vélodrome de Beauséjour (1895) et le vélodrome de Longchamp (1897). Ils contribueront à développer les courses cyclistes. Sur ce dernier, les champions de l’époque dont les rues nantaises portent encore leur nom : les champions de France et du monde de vitesse Edmond Jacquelin et Gabriel Poulain, Charles Terront y disputeront plusieurs courses. Il verra l’arrivée du premier Tour de France cycliste à Nantes en 1903.

La Course à Pied

L’athlétisme, comme nous le connaissons aujourd’hui, n’arrive pas tout de suite, mais des courses à pied s’organisent. La plus célèbre est la Nantes Machecoul en Juillet 1892 parrainée par la Nantaise.

"Tous sont de blancs vêtus, képi rouge en tête, à l'exception d'un seul qui a arboré comme couvre-chef le chapeau de paille ; les uns sont ceinturés de rouge, les autres de tricolore des galons raient certaines manches ; les cartes d'engagement sont épinglées sur les poitrines.

La foule des coureurs "du civil", comme disent les militaires, est autrement pittoresque et bariolée. Il y a là des hommes faits étalant sous des maillots rayés de bleu des torses d'hercule ou de débardeur et de pauvres gosses aux mollets grêles qui escomptent d'avance le gain de la prime de 50 F. Les uns sont en coutil blanc, et flottent à l'aise dans des vestons amples ; d'autres ont simplement conservé les vêtements qu'ils portent tous les jours, le petit paletot de confection ou le bourgeron de coutil ; tel porte en bandoulière, autour du corps, une paire de chaussures de rechange, des caoutchoucs par exemple à ta ceinture de cet autre pend, au bout d'une ficelle, la petite gourde de rhum ou de cognac."

La préparation sportive se rapproche de la préparation militaire :

"Le peloton de marche de la société de gymnastique et de tir « la Nantaise » a accompli hier sa première marche militaire de l'année.

Parti de Nantes hier matin, à 7:30 se rendant à Clisson, il passait à Vertou a 8:35, à Saint Fiacre à 9:30, à Gorge à 11:20 et arrivait à Clisson vers 11:45 ou il a été reçu par une délégation de la société de tir de Clisson "la Clissonnaise" qui lui a fait un accueil des plus chaleureux. L'après-midi, nos gymnastes se sont rendus au siège de « la Clissonnaise » où, devant le comité de la société et un public nombreux, ils ont exécuté quelques exercices aux agrès ainsi qu’un mouvement d'ensemble, boxe et bâton, ce qui leur a valu d'enthousiastes bravos. Puis, guidés par quelques membres de la "Clissonnaise", qui avait eu l'amabilité de se mettre entièrement à leur disposition, ils ont visité le château et les garennes et se sont attardés à admirer les merveilles enfermées dans cette ville de Clisson ; aussi bien ce que vers 6:00 que nos vaillants marcheurs reprenaient la route de Nantes, emportant un agréable souvenir du charmant accueil que leur ont les Clissonnais.

A l’allure dont ils montaient la rue Crébillon, hier soir, vers 11:00, on ne se serait certes pas douté qu'ils venaient d'effectuer un parcours de près de 60 km. Le peloton était conduit par M. Janière moniteur".[7]

Un club pédestre est créé le 13 avril 1899, le Racing Club Nantais. Une note parue dans le Phare donne des notions d’entraînements pour les futurs sportifs : un programme très sérieux même si cela prête à sourire de nos jours.

"L’entraînement est une étude des exercices méthodiques auxquels on doit soumettre les ressorts de la force animale pour arriver au maximum de son développement.

Les muscles sont susceptibles ainsi d’acquérir, - même dans un corps débile – une puissance et une souplesse insoupçonnées. Mais l’entraînement a des règles précises dont on ne saurait s’écarter sous peine de se fatiguer sans profit.

C’est une erreur profonde de croire qu’il soit possible d’atteindre les résultats désirés par des efforts accidentels ; il faut un travail gradué et continu. Aussi voit-on quelquefois des sujets, remarquablement doués, mal figurer le jour d’une épreuve, faute d’avoir su tirer parti de leurs avantages naturels. Ils s’éreintent voilà tout, pour employer un mot vulgaire, mais juste.

[…] Un travail d’entraînement après le repas est toujours mauvais. Quand on ne se sent pas en état, il faut se reposer; le point capital étant de ne jamais dépasser ses forces pour atteindre la plénitude de leur développement.

La fatigue donne de la raideur aux membres et accélère trop la respiration. À l’état normal, l’homme respire 16 fois par minute et le cœur bat 70 fois; en action de course, ces rythmes ne doivent pas doubler si l’on tient à résister au travail.

Il faut boire peu et surtout éviter l’abus d’apéritif qui donne une excitation factice, bien vite suivie d’une réaction énervante, tel est le cas de l’absinthe par exemple.

Le thé et le café additionnés de quelques gouttes de rhum et de cognac sont les meilleures de toutes les boissons pour donner le souffle et, par conséquent, la résistance. Certaines préparations au Kola ont une efficacité reconnue sous ce rapport, mais il faut en user avec une extrême réserve.

La bière rend mou, fait suer et coupe les jambes. S’il est possible, on doit manger de préférence de la viande, des œufs, du laitage avec du pain rassis et rester toujours un peu en appétit. Un biscuit, avec une tasse de lait légèrement aromatisée de kirsch, est un réconfortant parfait entre les repas.

[…] Ce qui fait, en général, la supériorité des Anglais dans les exercices physiques, ce sont les principes de l’entraînement observés avec un souci religieux. Se méfiant d’eux-mêmes, ils se livrent aux entraîneurs auxquels ils se soumettent bénévolement comme des esclaves.

[…] L’Anglais, en outre d’un orgueil démesuré, possède un esprit de domination qui se manifeste dans tous les actes de l’activité humaine. L’entraînement qui, chez nous, est une fantaisie s’élève donc là-bas à la hauteur d’une institution où peu s’en faut.

[…] Quand les Français s’astreignent au même travail, il tient parfaitement l’Anglais dans tous les genres d’exercices et le bat souvent. Sans aller si loin que nos voisins, les insulaires, dans l’art de l’entraînement, la jeunesse française - aussi bien douée, sinon mieux – a intérêt à prendre ce qu’il y a de bon dans les méthodes anglaises et à leur en laisser l’exagération."[8]

La natation

La première école de natation a été créée à Paris en 1785. En 1855, les pouvoirs publics prennent des mesures pour former "à l’art de la natation" les marins et les soldats. Il n’y a pas encore de piscine mais la Loire et l’Erdre sont d’excellents terrains de jeu bien que dangereux à certaine époque de l’année. Un bateau aménagé privé est installé sur la Loire quai Turenne pendant la saison estivale où on apprend les rudiments de la natation. Son emplacement peut changer en fonction des saisons. C’était une sorte de bassin, fermé au fond par un plancher à claire-voie et bordé de pontons sur lesquels était placé une série de cabine.

Petits et grands ont chacun leur emplacement pour apprendre à nager.

En cette fin de siècle dans les journaux locaux, les sports collectifs commencent à faire leur apparition tels le football (1900) et le rugby (1899) que l’on trouve bizarrement à la rubrique athlétisme. À cette époque, le rugby est le football rugby et le football s’appelle le football association. Leurs implantations commencent par les grandes villes mais Nantes et Saint Nazaire ne sont pas en reste.

 

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[1] Nantes Cité sportive Editions CMD par l’auteur

[2] Extrait du discours devant Jules FERRY lors de la 5e Fête fédérale de gymnastique à Reims. 1882.

[3] La Loire Inférieure devient La Loire Atlantique, le 9 mars 1957.

[4] Le Phare 16 Juin 1886

[5] Le Phare 16 Juin 1891

[6] Le Phare 03 Mars 1897

[7] Le populaire 19 Avril 1892

[8] Le Phare 27 Juin 1899

 

 
 
 
         
 
     

 

 




 
 
 

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