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La notion de sport avant la fin du XIXe siècle

01/03/2024

 

 

 

 

Depuis la nuit des temps, les hommes ont toujours voulu confronter leurs qualités physiques. Courir, lutter, lancer a motivé l’instauration des premiers jeux Olympiques dans la Grèce antique. À cette époque, les participants "combattaient" d’où l’origine du mot athlétisme qui vient du grec: athlos signifiant combat. Cette conception antique nous apprend que le corps est le reflet de l’âme :

“Mens sana in corpore sano.”[1]

Le mot "sport" regroupe des pratiques multiples. Derrière le terme sport on peut y mettre l’escrime, la gymnastique mais aussi des pratiques de bien-être, d’entretien, s’effectuant dans différents lieux. On a donc des notions différentes et des sens différents.

Le terme "sport" a été défini de manière très variée, par différents sociologues, à travers les époques : on note l’apparition du terme vers les XII-XIIme siècles. Le mot provient de l’ancien français desport, du verbe desporter, qui signifie "s’ébattre". Il signifie tout genre d’amusement, de passe-temps et pratiques agréables (jeu, conversation, badinage). Au XIVème siècle, le mot "desport" est importé par la chevalerie en Angleterre. Dans la première moitié du XVIe siècle, dans l’œuvre de Rabelais, "desporter" signifie s’amuser. Enfin c’est au XIXe siècle que le terme "desport" se transforme en "disport" puis devient "sport".

Dans l’ouvrage d’Eugène Chapus, de 1854,[2] le "sport" rassemble tous les passe-temps chics de la classe aristocratique, dit de "loisirs" (turf, échec, billard, pêche, chasse, tir…).

Le dictionnaire Littré, de 1873 précise que le sport est un “mot anglais employé pour désigner tout exercice de plein air, tel que courses de chevaux, canotage, chasse à courre, pêche, tir à l’arc, gymnastiques, escrime”.

Émile Moussat, professeur à Jeanson de Sailly a ainsi défini le sport :

"Religion de la lutte sans haine, de la victoire sans orgueil, de la défaite sans amertume."

Un homme va révolutionner le sport en cette fin du XIXe : Pierre de COUBERTIN.

Destiné à une carrière de militaire ou d’homme de loi, Pierre de Coubertin découvrit sa véritable vocation en pratiquant le rugby en Angleterre. En effet, il se lança dès lors dans une quête visant à donner aux enfants français ce dont les jeunes anglais profitaient déjà, c’est-à-dire le sport dans le cadre de leur scolarité. Il définissait sa vue du sport ainsi :

"Le sport est le culte volontaire et habituel de l’exercice musculaire intensif incité par le désir du progrès et ne craignant pas d’aller jusqu’au risque. Donc cinq notions : initiative, persévérance, intensité, recherche du perfectionnement, mépris du danger éventuel. Ces cinq notions sont essentielles et fondamentales."[3]

À l’âge de 25 ans, Il cherche à connaître, dans la formation des couches dirigeantes anglaises, les secrets de son dynamisme et de ses conquêtes dans le marché mondial. Ce qui saute aux yeux de Coubertin, c'est la mollesse de l'adolescent français dans ses récréations, ses promenades ou ses sorties à la campagne, en regard de toutes les activités de plein air des anglo-saxons. Il découvre que le jeu n'est pas synonyme de distraction.

À propos de ce qu'il voit à Rugby, il déclare que "le sport est une pratique pénible des souffrances réelles à endurer…C'est un concours d'énergie et un concours de tous les instants"[4]. Et c'est naturellement que Coubertin fera le rapprochement entre la concurrence internationale et la compétition entre deux équipes sur un terrain de rugby. Il faut préparer des hommes capables de faire front à la formidable compétition industrielle qui est en train de naître, dans le cadre d'un "patriotisme élargi".

La place importante qu'il a donnée aux problèmes des collèges français et aux solutions pratiques qu'il préconise, lui attire la sympathie et les suffrages de nombreux responsables de l'instruction publique. Malgré l'anglophobie outrancière qui domine à cette époque, Coubertin saura convaincre des gens comme Jules FERRY et Jules SIMON de la nécessité d'introduire les jeux anglais dans l'éducation comme le football, le rugby, l'athlétisme et le lawn-tennis.

À la fin du XIXe, la rubrique des journaux locaux, le Phare ou le Populaire, ne donne pas beaucoup d’échos au "sport". Jusqu’en 1885, il n’apparaît ni dans les titres d’articles ni dans les contenus.

Il existait à Nantes, le café des sports situé rue du calvaire. Créé en 1827, il réunissait des membres qui avaient pour but de propager le goût du sport surtout chasse et turf et de procurer à ses membres tous les agréments des autres cercles. Il fut longtemps le siège du cercle des beaux-arts. C’est un "club" élitiste et aussi un "cercle" de jeux. Il disparut en 1891.

On parlait souvent à cette période de cercle : Cercle de l’aviron (1896), Cercle de l’Épée (1893), Cercle de la Voile (dissoute en 1894). Le mot "club" apparaît en même temps que nos amis anglais encadrent nos jeux un peu barbares comme la soule qui, si l’on en croit les historiens, deviendra le rugby. Car il est de bon ton d’angliciser la pratique du sport. Exemple le Rowing Club de l’Erdre (1884), le Racing Club Nantais (1899), le Football Club Nantais (1902).

Les Nantais n'échappent pas au développement du sport en cette fin de XIXe siècle et de nombreuses associations sont créées notamment de gymnastique et de tir, de cyclisme etc...

On ne peut pas passer sous silence le jeu de la Soule qui fut pratiqué dans notre région.

Ancêtre de notre rugby, la soule n'est pas pratiquée à Nantes, mais au nord de notre département et dans toute la Bretagne. En France, on joue à la soule à partir du XIIe siècle, et ce, jusqu'au début du XIXe. Dans les cahiers de doléances rédigés au moment de la Révolution, 6 communes du département font référence à la Soule : droit seigneurial, vestige du régime féodal.

Herbignac, Mésanger, Rougé, Massérac et Noyal sur Bruz demandent à ce que soit mis fin à ce jeu. Il faut dire que cette lutte entre deux paroisses, ou deux groupes, pour une boule de cuir, se termine souvent par des scènes cruelles d'une sauvagerie inouïe.

"Ce fut à cette époque que le jeu de Soule, qui existe en Basse Bretagne, dans l'arrondissement de Pontivy, fut proscrit du diocèse de Nantes par l'évêque qui le défendit sous peine d'excommunication. Ce jeu consistait à enlever au milieu d'une foule, souvent très considérable, une boule de cuir lancée par le seigneur ou par son représentant, et à le loger (c'est le mot usité dans la Basse Bretagne) soit dans une ferme, soit dans une auberge. Celui qui logeait la soule était bien vu aux assemblées de toutes jeunes filles, et les autres ne pouvaient continuer leur jeu qu'en la rachetant, c'est-à-dire en payant à boire à tous ceux qui pouvaient entrer dans la ferme ou dans l'auberge"[1] Ange GUEPIN – Histoire de Nantes – Année 1769



[1] "Un esprit sain dans un corps sain"

[2] Le sport à Paris. Eugène Chapus 1854

[3] Pédagogie sportive. Pierre de Coubertin 1919

[4] L’Éducation en Angleterre (1888)

 

 

 

 

 

 
     

 

 




 
 
 

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