Dès 1908, Pascal LAPORTE entreprit avec détermination de revitaliser et de transformer le SNUC. Mettant à profit ses compétences en gestion et son leadership exemplaire, il consacra deux ou trois années d'efforts acharnés pour faire du SNUC, une véritable force dans le monde du sport. Cependant, son ascension rapide et ses ambitions légitimes pour le club suscitèrent dès le début des réactions mitigées dans les cercles sportifs établis, où l'on façonne les champions nationaux.

Les premières apparitions de LAPORTE furent accueillies avec étonnement, voire méfiance, et certains exprimèrent ouvertement leur inquiétude face à ses ambitions pour le club. Les railleries et les sarcasmes fusèrent, masquant peut-être une crainte sous-jacente. Au fur et à mesure que le SNUC affirmait sa place sur la scène sportive, les critiques se firent plus virulentes, allant même jusqu'à remettre en question le caractère amateur de certains de ses joueurs. Ces attaques furent si sérieuses que certains joueurs refusèrent de jouer sur le terrain d'un grand club bordelais.

Cependant, avec le temps, le SNUC a su faire taire les sceptiques. Grâce à sa gestion courtoise et à son organisation solide, le club a dissipé toutes les rumeurs et les suspicions. Son développement rapide et la qualité de son recrutement ne sont plus perçus comme des sujets de controverses, mais comme le fruit du travail acharné et de la vision de LAPORTE. Enlevant même aux Gallois l'une de leurs plus brillantes étoiles, Percy BUSH[1], le SNUC a prouvé sa capacité à rivaliser avec les meilleurs.

Et pourtant, il y avait de la suspicion. Dans un extrait de Presse-Ocean du 4 février 1982, le journaliste Achille TENDRON raconte comment la direction du club avait dupé l’USFSA dans un interview de Marcel PEDRON[2].

"…Pascal LAPORTE qui a fait, avant la première guerre, une fameuse nique aux Gallois. Il leur avait soulevé le meilleur demi d'ouverture du moment. Tollé général en Grande-Bretagne où Percy BUSH était alors accusé de professionnalisme. "Et c'était vrai" affirme Marcel PEDRON, ex-président du SNUC à qui l'on doit les premières relations du jumelage Nantes-Cardiff, autour du commerce du charbon.

La meilleure feinte de Percy BUSH

La fédération anglaise, outrée, avait exigé de la fédération française une enquête officielle, afin de démontrer que le SNUC et Percy BUSH avaient failli aux règles sacrées de l'amateurisme.

Et c'est ainsi qu'un beau jour, le président d'alors de la F.F.R[3]. Charles Brennus[4] soi-même (celui du fameux bouclier), débarqua à Nantes, incognito croyait-il, pour prendre en défaut le demi d'ouverture gallois dans le non-exercice de ses fonctions présumées (répétiteur d'anglais).

Mais le SNUC, par indiscrétion, avait eu vent de l'enquête à la Sherlok Holmes du président français. Et lorsque, au 1er étage du n° 1 de la place du Bouffay, on ouvrit en grand à Brennus une lourde porte à double battant… Il y vit Percy BUSH donnant une leçon dans la langue d'Albion, à une dizaine de mouflets recrutés pour l'occasion par les matois dirigeants nantais.

Et c'est ainsi que le président BRENNUS put jurer sur l'honneur, la main sur le cœur que Percy BUSH exerçait à Nantes un honorable métier et qu'il devait être considéré comme un pur amateur à 100 %.

Voilà des faits que "Lord Pedron" 84 ans à présent, mais plus gentleman que jamais dans l'esprit sportif (il monte toujours à cheval) dans l'allure et le comportement nous a rapportés fidèlement."