Nous sommes nombreux à passer régulièrement devant la stèle érigée en mémoire des membres du SNUC morts pendant les deux guerres, mais où seuls les noms de ceux de 1914-1918 sont inscrits pour l’éternité dans le marbre.

Le deuil de la Grande Guerre a incité les communes à rendre hommage à leurs morts pour la Patrie. Entre les années 1920 et 1925, environ 36 000 monuments aux morts ont été érigés malgré les difficultés de la reconstruction. L'État est intervenu en accordant des subventions et en réglementant les édifications, tandis que les souscriptions populaires couvraient parfois la totalité des dépenses. Cette tendance s'est étendue aux grandes écoles, aux entreprises et aux clubs sportifs.

À Nantes, seul le SNUC possède un monument commémoratif dans son stade. Quarante jeunes membres du club ont sacrifié leur vie au champ d’honneur, une rançon sanglante et glorieuse de la victoire, témoignant de la contribution héroïque de notre grand club à la défense du drapeau.

"Et les Anciens du SNUC ont pensé qu’ils devaient ériger sur le terrain de jeu de leur club une plaque commémorative qui rappellerait aux jeunes le pieux souvenir de leurs aînés et leur montrerait leur devoir à l’éblouissante lumière du grand devoir que ces héros ont accompli." [1]

Un match, tout symbolique, est organisé afin de collecter des fonds pour ce projet.

"L’annonce du match devant mettre aux prises, dimanche prochain, les « Anciens » et les « jeunes » du SNUC, a rencontré les plus vives sympathies auprès des sportsmen de notre ville, d’abord par son but : suprême devoir aux grands morts du SNUC, et ensuite par l’intérêt qui en découlera.

Il sera unique dans les annales SNUCistes du fait de la réapparition d’anciens équipiers qui, retirés de leur vie active du sport, n’ont pas hésité à sortir de leur retraite lors de l’appel qui leur fut adressé."[2]

L’entrée est tarifée : 2 francs pour les adultes et 1 franc pour les enfants. L'intégralité des recettes est reversée au SNUC pour financer la construction du monument en mémoire de ses membres décédés.

Lors de la rencontre entre les « Anciens » et les « Jeunes », les premiers l'emportent sur un score de 11 à 3. Les essais sont marqués par BEGUET, AUZANET et CHAUVIN, avec une transformation réalisée par AUZANET. Le seul essai des « Jeunes » est inscrit par PAON.

Ce cénotaphe a été inauguré le 8 mai 1921, lors de la cérémonie officielle d'inauguration du nouveau stade de Malville.

"[…] Par une pieuse et noble pensée, le grand club nantais a choisi cette journée pour consacrer le monument qu’il a fait élever aux 40 de ses sociétaires victimes de la guerre.

Cette inauguration a eu lieu en présence des autorités civiles et militaires, des familles des regrettés disparus, des membres du club et des sociétés nantaises.

Dans un discours vibrant d’émotion, le président du SNUC a rappelé les vertus des 40 jeunes gens dont le nom inscrit dans le marbre reste pour les générations futures un souvenir matériel et durable.

Le monument, fort beau par sa simplicité, s’ornant de fleurs envoyées par les membres du SNUC et des sociétés nantaises.

Les dirigeants du SNUC ont été très sensibles à cet hommage d’amitié. […]"[3]

Dans le tableau ci-dessous, on constate que la moyenne d’âge des membres est de 26 ans.

Ce groupe est issu des sections de rugby, de tennis et d’athlétisme du SNUC. Après des recherches approfondies, nous avons réussi à reconstituer le parcours de chacun. Certains parmi eux sont célèbres, comme l'international Henri LACASSAGNE, dont un challenge annuel sera disputé en sa mémoire jusqu'en 1939. D'autres verront leur nom associé à des trophées, tels que JOSSE, GOUILLARD, ou à des prix remportés lors de concours d’athlétisme.

Chaque 11 novembre, les vétérans des sections rugby et tennis du SNUC se recueillent en fleurissant ce mémorial, en souvenir des SNUCistes tombés au champ d’honneur pour la France.