Avant la Première Guerre mondiale, les membres dirigeants du Sporting Nantais Université Club (SNUC) avaient déjà envisagé l'acquisition d'un terrain dédié aux activités sportives, dans le but de rassembler toutes les équipes en un lieu centralisé, à l'image du Stade Français ou du Racing Club de France.

Le projet prit un nouvel élan après la guerre, notamment en raison des dommages subis par les installations du club pendant le conflit. Le 7 août 1919, ces dirigeants se réunirent pour créer une Société Civile Immobilière Sportive (SCI), une démarche novatrice dans le paysage sportif français à l'époque. Ils furent conseillés par deux de leurs membres, le notaire Me Robert GAUDRY et le banquier Albert DELIMELE, ce dernier devenant président de la SCI le 23 août 1919. Le capital initial de la SCI était de 120 000 francs[1], souscrit par seize membres du club, et fut porté à 170 000 francs le 11 novembre 1919.

Parmi les souscripteurs figuraient les membres fondateurs du club en 1907, tels que LAPORTE, THOMAS, PIONNEAU, GAIGNEUR, AUZANET, ainsi que des investisseurs comme Me GAUDRY, LARAISON, De La TULLAYE, GUIBAL, MARX, etc.

Le 8 août, la SCI acquit la ferme de Malville dans l'étude de Me Gaudry. Cette acquisition fut finalisée après divers actes juridiques. Le choix de ce terrain ne fut pas sans débat, certains le trouvant trop éloigné du centre-ville, car il était alors situé en pleine campagne.

La SCI conclut un bail avec le SNUC pour une durée de 25 ans, fixant un loyer de 6 600 francs pour les neuf premières années et de 7 200 francs pour les huit suivantes. Le club s'engagea à entretenir et gérer la propriété de manière responsable, avec la possibilité d'acheter partiellement ou totalement les parts de la SCI en fonction de sa trésorerie. De leur côté, les membres de la SCI s'engagèrent à ne vendre leurs parts qu'au club ou à d'autres membres de la SCI, avec des clauses similaires en cas de décès.

Le stade de Malville, qui deviendra ultérieurement le stade Pascal Laporte en septembre 1949, fut donc le fruit des efforts conjoints des sportifs, membres et supporters du SNUC. Avant son inauguration le 8 mai 1920, la presse fut conviée à visiter les installations sportives, et un article élogieux intitulé "Un bel effort et un exemple" parut, bien que le véritable auteur, Marcel Pionneau, se cachait sous le pseudonyme "R de La Paix".

"Il appartient à Ouest Éclair, si favorable aux sports, de décrire l'œuvre entreprise par le Stade Nantais Université Club et il est nécessaire que l'organisation qui en découle soit connue et appréciée. Cette œuvre est d'une envergure telle qu'elle force l'admiration.

Cet effort, commencé il y a un peu plus d'un an, ne s'arrête pas, il continue et s'amplifie constamment.

Le Stade de Malville dont nous parlons est situé boulevard des Anglais, près du rond-point de la route de Vannes. Placé sur une hauteur d'où l'on découvre des horizons magnifiques, l'air y est d'une pureté parfaite et une clarté éblouissante vous enveloppe. Cette propriété, autrefois en culture a été sillonnée avec soin d'avenues bordées d'arbres, permettant l'accès aux divers terrains de jeu et au parc de repos.

Un terrain de football rugby, organisé il y a quelques mois, a permis d'y jouer toute cette saison. Nombreux sont les clubs de Nantes et de la région qui ont déjà profité de sa pelouse. Deux autres terrains sont en préparation, l'un pour le rugby, l'autre pour l'association. Ils seront prêts pour la saison prochaine. En ce moment, la terre y est remuée en tous sens, la charrue, la herse, le rouleau y sont constamment en mouvement, par de bons pros bœufs pacifiques. D'autre part, en vue de la saison d'été qui s'annonce brillante, on aménage l'abritement sous la magnifique tribune en ciment armé qui vient d'être terminée. Là encore, il a fallu créer de toutes pièces et suppléer à tout. Ces vestiaires sont fort confortables, tous séparés et judicieusement compris ; le vestiaire mis à la disposition des visiteurs pour les réunions interclubs a plus de 60 mètres carrés et comporte près de 100 places ; il est suivi d'une salle cimentée dans laquelle se trouvent les appareils à douche et le lavabo. Plus loin, le vestiaire destiné aux membres du S. N. U. C., puis celui des tennismen, dans lequel se trouvent également lavabo et douche.

Par ailleurs, les tenniswomen ont à leur disposition un vestiaire coquet enfin une organisation avec armoires personnelles permet de laisser les accessoires nécessaires à la pratique du sport favori.

Les terrains sportifs, tant de tennis que d'athlétisme, sont parfaits. La course à pied se déroulera sur une piste cendrée de 400 mètres de tour, passant à l'extérieur du terrain de football ; le tout donne une impression de conception parfaite.

Cette piste très douce va permettre la plus grande régularité aux courses de vitesse, chaque coureur y aura sa ligne.

Et voici maintenant les courts de tennis disposés par groupes, restant indépendants des autres sports les joueuses et joueurs pourront disposer de onze courts excellents, réguliers et de dimensions parfaites, bien orientés et judicieusement construits, ils donnent satisfaction à tous.

Le S.N.U.C. a vu grand ; il doit être félicité d'avoir créé avec ses seules ressources et le seul dévouement de ses dirigeants, ces terrains sportifs dont l'organisation très complexe se continuera pendant de nombreux mois.

Et malgré tous ces travaux d'utilité et de confort, le S. N. U. C. ne perd pas de vue l'embellissement de cette vaste propriété l'esthétique y est maintenue avec un soin jaloux des arbres, des plantes, des fleurs vont égayer et donner leurs notes douces ou éclatantes.

Un magnifique vase de Sèvres, placé dans la propriété de repos, se détache d'une façon heureuse sur un fond de verdure ; il sera entouré d'une corbeille de fleurs qui en soulignera la beauté.

Tout est vraiment prévu ; d'autres projets d'embellissement se font jour.

Et par-dessus tout, une discipline parfaite règne parmi tous les membres de ce club modèle auquel la haute société nantaise s'affilie avec plaisir.

Il a fallu à ceux qui sont chargés de veiller aux destinées du Stade Nantais Université Club, un labeur patient ; cette organisation est un spectacle réjouissant venant à une heure ou la nécessité du sport s'impose.[2]"

R de la Paix