Quelle saison mémorable ! Si la précédente avait laissé un goût amer et déçu les supporters nantais, cette année fut tout à fait différente. Affronter des grandes équipes tout au long de la saison a permis de forger un groupe solide qui a rarement connu la défaite.
À l'approche de la finale, qui aura lieu à Toulouse le 8 mai 1933, le Comité du Stade Nantais, désireux d'offrir aux supporters du SNUC la possibilité d'encourager leur équipe sur place, a pris des dispositions spéciales. Deux départs sont organisés pour les supporters : le premier en compagnie de l'équipe, le samedi à 11h30 depuis la gare d'Orléans, en troisième classe pour l'aller et en seconde classe pour le retour, au prix de 201 F.[1] Le deuxième départ est prévu le samedi soir à 23h35 depuis la gare État, en troisième classe pour l'aller et le retour, au prix de 165 F. Le retour pour les deux groupes est programmé pour le lundi 9 à 5 heures.
La presse consacre de nombreux articles à cet avant-match, attisant l'excitation des supporters et soulignant l'importance de l'événement.
La finale se déroule au stade des Ponts Jumeaux, un lieu emblématique pour le Stade Toulousain, et tous les regards sont tournés vers cet affrontement décisif.
"La grande foule n'avait pas envahi, cet après-midi, les Ponts Jumeaux. Ce qui le prouve bien c'est le chiffre de la recette qui frisa simplement 15 000 francs.
Renversant la plupart des pronostics, les Nantais l'emportèrent par 11 points à 5 et ils menaient, à la mi-temps, par 8 à 6. Autre surprise ; la belle tenue des avants de l'Atlantique qui firent mieux que maintenir en respect l'infanterie audoise cependant réputée. En lignes arrière, Nantes fit montre d'une classe supérieure, tandis que celles adverses accumulaient gaffes et erreurs.
Au demeurant, la partie présenta le plus vif intérêt. À la dixième minute, sur intervention de CLAVERIE faisant suite à une superbe échappée à la touche de Bayer, l'ailier nantais GAUTHIER s'adjugeait un superbe essai qui était transformé. Les Lézignanais répliquèrent aussitôt en marquant un essai d'avants. Le quart d'heure qui suivit vit les deux équipes dominer tour à tour puis, sur départ de BATAILLE, le Nantais BARRERE portait à 8 la marque de son équipe et ce fait, au repos, Nantes menait par 8 points à 5.
Le début de la reprise fut favorable aux Nantais qui marquèrent, par GAUTHIER, un nouvel essai. Les avants Lézignanais, par la suite, s'acharnèrent à jouer sur l'arrière SEVER qui, avec brio, brisa tous leurs efforts, facilitant ainsi, dans le dernier quart d'heure de jeu, le rétablissement de son équipe. Et dix minutes avant la fin, GARIN s'échappant d'une touche, contournait LACANS et marquait un nouvel essai qui donnait par 11 à 5 la victoire à son équipe.
Le succès des Nantais est bien mérité. Ils firent mieux que tenir le coup en avants, puisque leurs lignes arrière s'affirmèrent supérieures. Elles firent, preuve d'adresse, de vitesse et d'esprit de décision. Un homme brilla d'un éclat particulier, c'est l'arrière nantais SEVER dont t'adresse, la puissance, la précision des dégagements et la sûreté sur l'homme firent l'admiration de tous,
Presque sur un même plan, on peut placer le Lézignanais ROVER le meilleur avant sur terrain. FORSTER, GAUTHIER et FAUCON à Nantes ; LACANS et BASSOUA à LEZIGNAN ont également droit à une mention spéciale.
L'enthousiasme à Nantes était palpable après l'annonce de la victoire du Stade Nantais à Toulouse, remportant ainsi le titre de champion de France de division d'honneur. Cette nouvelle a suscité une joie généralisée dans les milieux sportifs de notre ville, où l'attente du résultat final était pleine d'impatience, malgré la confiance préexistante en nos représentants.Lors de la réunion d'athlétisme du Challenge Bellamy, les spectateurs ont été tenus informés des différentes phases du match, leur permettant ainsi de suivre de près les performances des Nantais. Le fait que l'équipe menait à la mi-temps par 8 à 5 a renforcé l'excitation. L'annonce du nouvel essai marqué au début de la seconde mi-temps a confirmé la bonne performance des joueurs du SNUC, déclenchant des acclamations et des félicitations chaleureuses envers le Stade Nantais.
Au vélodrome, où se tenait une belle réunion avec la participation de coureurs parisiens, le même enthousiasme régnait. Dans les cafés et établissements de la ville, la conversation tournait également autour du succès du Stade Nantais. Tous les passionnés de sport se réjouissaient de voir le club qui avait été un pionnier du rugby dans la région de l'Atlantique retrouver un titre qui le place parmi les meilleurs.
Ils sont "Champion de France":
BARRERE – BATAILLE – Jean CLAVERIE – André DUCHAYNE – FAUCON –Aimé FILLOL – FORSTER – GARIN – GAUTHIER – LECOMTE – MARATIER – Marcel OLLIVIER – REGULIER – Lucien SEVER – Charles TOULOUZE.
Entraineur: Hélier TILH, Soigneur: GAZIL
[1] Environ 163 € valeur 2023
