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La douloureuse transmission

15/02/2024

 

 

 

 

Après les bombardements du 16 septembre 1943, le club ainsi que les dirigeants, dont Pascal LAPORTE, furent durement touchés. Les biens immobiliers de Pascal LAPORTE, y compris sa maison et son bureau, furent détruits. Cependant, il ne quitta pas Nantes mais déménagea simplement de l'autre côté de la Loire, au 68 rue J.B. Vigier à Pont-Rousseau.

A cette date, il ne consacre pas beaucoup de temps à son cher club mais pense plutôt à sa famille.

Le 18 janvier 1944, se réunit un comité de direction dont plusieurs membres sont manquants parmi eux le Président Pascal LAPORTE. Le 19 Janvier, le secrétaire général écrit au Président :

"Le comité en sa séance d'hier, 18 courant, a décidé en égard à la gravité de l'heure et à la détresse actuelle de notre cher club d'accepter votre démission.

Il est estimé en effet qu'il convenait, de toute urgence, d'avoir à la tête du club un Président habitant Nantes et qui a la possibilité de prendre sur place les mesures qui s'imposent.

Notre Président adjoint, PEDRON, a bien voulu, accepter la présidence, poste pour lequel il était depuis longtemps désigné.

Le comité m'a chargé de vous aviser de sa décision et de vous remercier des nombreux et éminents services que vous avez rendus au club et que vous rendrez très certainement encore . […]

Pascal LAPORTE, loin d'accepter cette décision, considéra qu'il s'agissait d'une destitution plutôt que d'une démission. Il demanda qu'un autre comité soit convoqué pour enregistrer SA démission. Le 1er février, il écrivit au comité pour confirmer sa démission en raison des événements qui l'avaient contraint à s'éloigner de Nantes pour être auprès de sa famille et de ses affaires, l'empêchant ainsi de suivre quotidiennement la vie du club.

Messieurs

Maintenant que sur ma demande le COMITE du SNUC est réuni, en séance plénière, alors que je ne pouvais accepter sans protester, certaines de ses décisions prises en comité restreint, je vous confirme ma décision de vous remettre, à la date de ce jour, 1er Février 1944, ma démission de Président à vie car à la suite du sinistre dont j'ai été l'objet, je me trouve en dehors de la ville dans ma famille et près de mes affaires ce qui m'interdit de pouvoir suivre journellement la marche du club comme je l'aurais désiré.

En me retirant dans l'honorariat, je désire remercier mes anciens camarades de 1907, hélas maintenant très clairsemés, de l'appui qu'ils m'ont donné lors de la naissance du SNUC ainsi que ceux de mes collègues qui en 1920 ont collaboré avec moi à l'œuvre du Stade de Malville.

Averti, aussi bien que quiconque, des nécessités de l'heure pour le SNUC, après le désastre qui s'est abattu sur lui, puisque déjà en 1907, je n'ai pas hésité avec mes seules ressources à louer le terrain de Beauséjour en m'efforçant d'éduquer un public hostile au rugby, je me suis occupé avant mon départ de la Présidence du SNUC de laisser ce dernier dans la situation financière la moins mauvaise possible et j'ai fait de nombreuses démarches à Paris auprès du Colonel PASCOT[1] et de la Fédération de Rugby pour qu'une aide financière nous soit apportée.

La promesse, qui m'a été donnée alors, n'a pas encore été tenue en raison de complications du Contrôle Financier des Ministères. Mais je suis avisé par lettre ci-jointe, dont il vous sera donné lecture que toutes les promesses qui m'ont été faites seront tenues.

J'ajoute d'autre part que j'ai fait toute diligence auprès de la Préfecture pour que l'indemnité de réquisition de Malville soit payée sans retard et mon ami PAPILLON qui m'a accompagné pourra vous certifier, que cette rentrée escomptée par nous, doit être considéré comme prochaine.

Lorsque je me suis retiré de la Présidence du SNUC une première fois, il y a une dizaine d'années, à la suite d'une cruelle maladie, j'avais laissé de l'argent dans la caisse du SNUC mais lorsque j'ai été appelé à reprendre il y a cinq ans la Direction du club, je n'ai trouvé que des dettes à solder.

Depuis ce moment grâce à la bonne administration du SNUC dont je remercie tous mes collègues ici présents et surtout grâce au succès remarquable de notre section de Tennis, j'ai pu faire bloquer par la Trésorerie en accord avec le comité, la somme de 222 000 Frs[2] qui était nécessaire pour solder l'achat des actions de Malville.

Sur la demande du notaire Me GAUDRY cette somme de 222 000 Frs a été versé à son compte par notre trésorier général dans la première quinzaine de Janvier et je me fais gloire et honneur d'avoir ainsi sous ma présidence tant en 1920 qu'en 1944 pu créer et compléter l'œuvre du Stade de Malville.

Je sais bien que certains membres du club, qui n'envisagent que les dépenses à effectuer sans se préoccuper des ressources correspondantes, ont été mécontents à l'annonce de cette opération. Or je signale que le geste de ma part devait être fait en raison des engagements pris par le comité et que par ailleurs il était même préjudiciable à mes intérêts personnels puisque j'ai avancé de mes deniers 30 000 Frs[3] au SNUC pour participer au championnat, plus 1 500 Frs pour régler les appointements de Mr BUGEL, jardinier.

Puisque notre Président Adjoint de même que vos vices présidents : MM PAPILLON et JOESSEL ne veulent ou ne peuvent accepter la présidence que temporairement en attendant la venue au SNUC d'une personnalité qui pourrait prendre la charge de notre organisation, dans les temps pénibles que nous vivons, je crois de mon devoir de vous conseiller en me retirant de ne pas appeler à votre tête un mécène quelconque ignorant tout de nos questions sportives et de la vie de notre club. Nous avons tous eu l'exemple, par des précédents dans les plus grands clubs de France, que cette méthode n'a conduit qu'aux pires déboires.

J'ai oui dire à ce sujet que certaines personnes consultées accepteraient d'entrer dans notre comité, mais à la condition express que le SNUC perde son nom et que par suite tout son passé de gloire et ses créations sportives telles que le Stade de Malville passent dans des mains étrangères.

Créateur du SNUC en 1907 pour lequel j'ai oeuvré pendant plus de 37 ans, je ne puis que m'élever contre de telles prétentions.

Je suis certain par contre qu'il existe dans le sein du club des gens qualifiés par leur passé de sportsmen et leurs qualités reconnues par tous d'excellents administrateurs et je veux nommer ici nos camarades CHESNEAU et Paul GRINGOIRE qui pourraient assumer la direction du club pour son plus grand bien. Je reste prêt à les aider dans toute la mesure du possible à trouver actuellement les ressources nécessaires à la continuation de la marche du SNUC.

Si vous acceptez mon point de vue, je serai le premier à m'inscrire dans un comité de garantie, malgré les difficultés auxquelles j'ai à faire face personnellement en ce moment en raison des sinistres dont j'ai été victime, mais à la condition expresse que les premières sommes rentrées au SNUC par subvention, réquisition, ou comité de garantie soient employées au règlement des quelques dettes qui sont actuellement à la charge du club, je ne puis admettre de me retirer de la présidence du club sans laisser une situation financière absolument nette.

Ceci dit, je ne puis m'empêcher de conseiller à mon successeur de faire tout ce qui convient pour lui permettre de continuer sa marche car il est inadmissible que des membres jouissent des avantages du club sans payer la moindre cotisation.

Un vent de professionnalisme a soufflé sur le club, il y a quelques années. Pour que le SNUC ne soit pas victime des mêmes déboires que ceux qui frappé tant de groupements sportifs qui se sont laissés entrainer dans cette voie, il importe de conserver des finances saines qui ne peuvent le rester qu'avec la coopération pécuniaire de tous les membres.

Je ne veux pas, mes chers camarades, terminer cet exposé sans vous remercier tous à nouveau du précieux concours que vous m'avez toujours apporté et vous dire que je garde pleine confiance que la direction du club dans la voie qui leur a été tracée par leurs prédécesseurs et qui après la fin des hostilités auront la ferme volonté de faire les efforts nécessaires pour son complet redressement.

Signé Pascal LAPORTE

 

Dans sa lettre de démission, il exprima sa gratitude envers ses camarades pour leur soutien et leur collaboration passés. Il rappela également ses efforts pour maintenir la situation financière du club et son engagement pour l'œuvre du Stade de Malville. Il déclara son opposition à toute tentative de remplacer le nom du SNUC ou de céder ses réalisations sportives à des mains étrangères.

 

Le 1er avril 1944, le président Marcel PEDRON informa Pascal LAPORTE qu'il avait été nommé Président d'Honneur lors d'une réunion du comité. Il annonça également que la situation financière du club s'était considérablement améliorée grâce à de nouveaux soutiens, ce qui permit de rembourser les dettes et de rembourser intégralement la somme avancée par Pascal LAPORTE.

Par courrier du 1e Avril 1944, le Président Marcel PEDRON informait Pascal LAPORTE qu'il avait été nommé Président d'Honneur lors du comité du 15 Février.

[…] Par ailleurs, vous apprendrez certainement avec plaisir que, grâce à des concours nouveaux venus de toutes parts, notre situation financière qui, comme vous le savez, étaient devenue très critique, s'est sensiblement améliorée depuis quelques semaines et nous permet, à l'heure actuelle, de nous libérer de nos dettes.

C'est ainsi qu'il m'est particulièrement agréable de vous adresser ci-joint, un chèque de 31 500 Frs sur le Crédit de l'Ouest, en remboursement de la somme totale que vous avez bien voulu avancer au SNUC. En faisant ce prêt, vous manifester, une fois de plus, votre amour pour votre club dont les membres vous gardent, soyez en certain, beaucoup de gratitude. […]

Ainsi, les souhaits de Pascal LAPORTE furent réalisés. Il décéda le 6 avril 1947, trois ans après sa "démission", et le Stade de Malville fut baptisé du nom de Pascal LAPORTE en son honneur.



[1] Colonel Joseph Pascot (1897-1974) est un joueur français de rugby à XV, international et ministre de la commissaire général aux sports sous le Régime de Vichy.

[2] Soit environ 60 000 € valeur 2023

[3] Soit environ 8 000 € valeur 2023

 

 

 

 

 

 
   

 

 




 
 
 

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