À la fin du XIXe siècle, tandis que l'exploitation du charbon transforme le sud gallois, le sud de la Bretagne connaît un essor industriel remarquable grâce à l'émergence des conserveries, approvisionnées en fer-blanc depuis Hennebont et Basse-Indre, et à l'essor spectaculaire de la Basse-Loire, avec son impressionnante "rue d'usines" s'étendant de Nantes à Saint-Nazaire. L'importation à grande échelle du charbon gallois stimule le développement de cette industrie bretonne.
En 1879, à Trignac, naît la première sidérurgie "hors-sol" en Europe, une unité de production d'acier alimentée en matières premières par voie maritime. Cette innovation rompt avec la tradition qui voulait que les usines métallurgiques soient implantées à proximité des gisements de minerai, optant plutôt pour un approvisionnement direct des chantiers navals de Saint-Nazaire et de Nantes en acier.
L'importation du célèbre charbon de Cardiff est favorisée par la demande croissante en charbon de qualité pour la production de gaz d'éclairage et d'électricité, ainsi que pour alimenter les locomotives à vapeur du réseau ferré en pleine expansion. Avec la révolution industrielle, le cabotage breton connaît un essor remarquable, alimenté en grande partie par les échanges avec les ports gallois. Saint-Nazaire, grand importateur de charbon gallois dès les années 1850, devient en 1873 le principal débouché européen pour Cardiff, alors le plus grand port charbonnier du monde. Les autres grands ports bretons, comme Nantes, Lorient, Brest et Saint-Malo, suivent cette dynamique. Les ports plus modestes de la côte nord, jusqu'à Pornic, s'inscrivent également dans cette "route du charbon", contribuant ainsi à la prospérité du cabotage breton pour des décennies à venir.
L'entreprise HUTCHINSON, armateur et employeur de Pascal LAPORTE, ouvre ainsi une agence maritime à Nantes en 1907 pour intensifier les échanges commerciaux avec le Royaume-Uni dont le Pays de Galles. LAPORTE, entouré de professionnels compétents comme le Gallois Charles LEYHSON[1] et Rowland GRIFFITHS[2] de Newport, joue un rôle essentiel dans ces échanges.
D'autres joueurs de rugby nantais se lient également aux Gallois. Georges "Geo" MERGAULT, ancien élève du Lycée Clémenceau et joueur du Sporting Club Universitaire Nantais, part étudier à Cardiff où il évolue dans l'équipe du CARDIFF RFC aux côtés de Percy BUSH, écrivant même un opuscule sur le rugby gallois préfacé par ce dernier. De retour à Nantes, Percy BUSH rejoint l'entreprise du président Louis ELUERE: "Nantes Butter". LAPORTE en 1910. Marcel PEDRON, président du SNUC de 1944 à 1947, et d'autres joueurs rejoignent également Cardiff après la Première Guerre mondiale.
Après les ravages de la Seconde Guerre mondiale à Malville, LAPORTE, avec l'aide de ses amis Percy BUSH, Rowland BABBAGE et Henri PICHERIT, invite l'équipe de Cardiff à Nantes en 1945 pour un match amical. Cette rencontre est un grand succès, symbolisant la solidarité et l'amitié entre les deux clubs. Associé à Cognac, le SNUC joue à l'Arms Park en 1947 et en 1952, tandis que Cardiff revient à Nantes en 1950. Les vétérans du club jouent même à Cardiff en 1952 devant quinze mille spectateurs, une marque de reconnaissance de l'importance des liens tissés entre les deux clubs. PEDRON et PICHERIT deviennent membres à vie du CARDIFF RFC, et le SNUC devient le filleul de ce club prestigieux.
En 1964, un accord de jumelage entre Nantes et Cardiff est scellé, renforçant les liens commerciaux entre les deux villes, mais le rugby continue de jouer un rôle central dans cette relation privilégiée. En juillet 1997, l'équipe de Cardiff revient à Nantes pour un match amical contre le Stade Toulousain, marquant ainsi une nouvelle étape dans cette longue histoire d'amitié et de coopération entre deux grandes villes européennes, unies par le rugby et le commerce.
