Si septembre amène la fin des vacances et des beaux jours d'été, il annonce l'ouverture de la saison de rugby. Le calendrier est constitué.

[…]"Que de belles journées sportives en perspective… Que de chaudes émotions sont réservées au public nantais. Il est vrai que le S.N.U.C en pleine ascension depuis deux ans, se devait d'étre digne de la notoriété qu'il est en train de créer et susceptible d'accoutumer ses hommes aux chocs des grandes rencontres officielles. […]"[1]  

Une innovation, le calendrier de l'équipe du Stade Nantais Lycée est publié sur l'opuscule qu'édite, chaque saison, le S.N.U.C.

Ainsi l'équipe du lycée prend rang à côté des équipes du S.N.U.C et bénéficiera comme par le passé des avantages qu'obtiennent les jeunes formations de notre club.

Comme chaque année, le premier match a lieu à Trignac.

"Il semble s'établir une coutume : c'est celle qui consiste pour le Stade Nantais de faire l'ouverture officielle de la saison de rugby chez son voisin et ami le RC Trignacais. Il n'y a d'ailleurs qu'à louer et encourager cet excellent état des choses qui ne peut qu'être profitable aux deux clubs locaux et au rugby régional. […] Il n'est pas douteux que rencontrer les canards chez eux, même en partie amicale, n'est pas une simple formalité, tant les Trignacais jouent avec cœur sur leur terrain"[…] [2]

Première victoire du S.N.U.C : 17 à 10, pleine d'espoir pour la nouvelle saison.

Le Tournoi du Sud-Ouest démarre par un déplacement à Angoulême. Ce club avait posé des problèmes extra-sportifs la saison passée.

"[…]Joueurs et public furent d'une correction parfaite et la facture du jeu y gagna."[…][3]

Le retour est joyeux avec la victoire à la clé. Tous les supporters sont impatients de voir leur équipe au Parc des Sports. La venue de l'US Métro est un bon test pour les luttes futures.

"[…] Disons tout de suite que les absents eurent tort, car le jeu excessivement rapide fut plaisant à suivre malgré les imperfections et les tâtonnements des débuts de saison. […]"[4]

L'arbitre Paul GRINGOIRE, malgré un match rugueux et tendu siffle une courte défaite du S.N.U.C 17 à 18.

Pour son deuxième match dans le Tournoi, on reçoit Montauban.

"[…] Il est impossible de ne pas rappeler les graves incidents qui se sont passés l'an dernier et au cours desquels des hommes des deux camps ont été blessés ; sans vouloir rechercher les coupables et faire passer tous les rugbymen pour des gens calmes et pondérés, nous pensons que le public se devrait de ne pas surexciter les joueurs déjà énervés par le fait même du jeu et en tout cas de ne pas s'imposer en justicier ; […]

Le S.N.U.C remporte une belle victoire par 10 à 3 dans un match correct et sans anicroches. La réception suivante de Lourdes emballe les aficionados du rugby.

"[…]Cela promet donc une très palpitante rencontre qui ne cessera jamais correcte, car Lourdais et Nantais ont toujours fait preuve de la plus exemplaire sportivité ; d'autre part le jeu rapide et impétueux pratiqué par l'une et l'autre équipe donne l'assurance d'une très spectaculaire partie. […]"[5]

Les matchs se suivent et les victoires sont aux rendez-vous. Après Lourdes, le SA Bordelais, Gujan-Mestras, le T.O.E.C et Villeneuve sont battus aux Parc des Sports.

La presse glorifie nos Nantais qui, avec ces sept victoires, prennent la tête de ce tournoi. Le 18 novembre 1934, le S.N.U.C se déplace à Libourne dont l'équipe est aussi invaincue. C'est une question de suprématie qui avait attiré la foule des grands jours, "un peu trop chauvine". Malgré le jeu dur des Libournais, les deux équipes font match nul 6 à 6 (2 essais à 2 essais).

Le 2 décembre 1934, le Parc des Sports reçoit le CA Brive qui n'a enregistré qu'une défaite dans le Tournoi.

"Une pluie fine persistante tomba depuis le matin. Mais cela n'a pas empêché les spectateurs de se rendre en foule assister à la rencontre Brive-Nantes qui constitue le clou de la journée du Tournoi du Sud-Ouest.

La partie était capitale, car le vaincu perdait à peu près tout espoir de remporter le titre. Les Brivistes avaient donc déplacé leur équipe au grand complet et ne cachaient nullement leur intention formelle de faire l'impossible pour vaincre aujourd'hui. […]"[6]

Après un match heurté et marqué de nombreuses incorrections, le Stade Nantais est battu par Brive 18 à 11 et perd tout espoir de remporter le titre.

Le championnat de France commence le 9 décembre 1924 contre Villeneuve déjà rencontré cette saison. Pour ce premier match à l'extérieur, le S.N.U.C gagne 14 à 0. Le championnat est bien lancé.

En battant le SC Nazairien par 7 à 0, l'équipe troisième est championne de l'Atlantique.

Le 23 décembre 1934, les Nantais privés de FILLOL concèdent leur première défaite du championnat contre Libourne 11 à 3.

"[…] Aussi une foule énorme, battant certes de loin le record de cette saison, se pressait autour de la pelouse du Parc des Sports lorsque les deux équipes firent leur entrée sur le terrain. […]"[7]

L'année se termine par la réception du FC AUCH dans le Tournoi. Les Nantais s'inclinent de justesse par 8 à 6.

Le premier déplacement de 1935 se traduit par une défaite contre le LYON O.U. La réception de l'US Cognac, le 13 janvier 1935 se traduit par une belle victoire 15 à 6.

"[…] Et bien, les hommes de CLAVERIE nous ont fait bien plaisir. On a retrouvé cet allant, cette vitalité de la ligne d'avants, ces belles qualités qui semblaient mortes depuis un bon mois. […][8]

Après l'équipe troisième, l'équipe seconde est championne de l'Atlantique en disposant, elle aussi, du SC Nazairien par 6 à 3.

Fin janvier 1935, le favori de la poule de championnat de France, NARBONNE, arrive à Nantes après un très long déplacement dans le but de glaner une victoire qui lui assurera le gain de ce championnat.

Malgré la bonne volonté de nos Nantais, la rudesse des Narbonnais a eu raison de la tendreté des SNUCistes. La victoire est courte 6 à 3 et souffre d'aucune contestation.

Après deux matchs amicaux remportés contre Trignac et Angers, le S.N.U.C rencontre les Étudiants Bordelais du B.E.C, le 17 février 1935. Ce match va connaître une désagréable surprise qui aura de graves répercussions.

Partis de Bordeaux à 22 heures la veille, les Étudiants ne sont arrivés à Nantes par des moyens de fortune en pleine tempête et sans avoir dormi, et celà juste pour l'heure du match. Quand l'arbitre siffle la reprise, les Bordelais sont à leurs places et le Stade Nantais ne comprend plus que le seul BROSSEAU. Les autres sont sous la douche. Le public et les membres du bureau montrent leur mécontentement. Le Phare dans son édition du 26 février 1935 signale qu'il "règne un mauvais esprit contre lequel ne semble pas vouloir réagir l'autorité de la rue de la Fosse."

"[…] Il pleuvait trop, le vent soufflait fort, le terrain était trop lourd, aussi le Stade Nantais dans les combinaisons de ses lignes arrière et dans la science de ses attaquants, a cru bon de ne pas reprendre la lutte et de déclarer forfait, alors que l'arbitre et les joueurs bordelais étaient déjà à leurs postes.

Les spectateurs ont été remboursés – soit – mais au point de vue sportif, cela ne suffit pas.

Nul doute que les dirigeants, instruits par les événements d'hier, ne prennent des mesures énergiques qui s'imposent dans l'avenir, afin de mettre le public à l'abri de nouvelles surprises désagréables."[9]

Les sanctions ne tardent pas à tomber.

"[…] Le comité directeur du porte-fanion du rugby dans l'Atlantique, en complet accord avec la Commission de rugby, a pris la décision de se passer des services de CLAVERIE, TOULOUZE et DUCHAYNE pour la fin de saison. Ces trois joueurs ont été avisés officiellement par lettre de cette décision.

Le Stade Nantais reproche à CLAVERIE et DUCHAYNE d'avoir refusé de jouer sans aucun motif valable et à TOULOUZE d'avoir été le premier à quitter son maillot à la pause. […]"[10]

Pour la première fois de son histoire le Stade Nantais déclare forfait pour un match de son équipe première et de plus sur son terrain.

Nous ne verrons plus ces trois joueurs sous le maillot du S.N.U.C qui, après une saison aux Pontenois joueront dans la nouvelle équipe de Nantes XIII.

Après ce désagréable événement, l'équipe se reprend en main et gagne ces trois matchs contre l'AS Bayonnaise, Parthenay et surtout le S.B.U.C..

Le 24 mars 1935, c'est le dernier match en championnat de France contre le SA Bordelais à Libourne. De ce résultat dépendra le maintien en Excellence. Le S.N.U.C arrache la victoire par 8 à 5.

"[…] Voilà donc le S.N.U.C assuré de rester en Excellence et les sportifs de l'Atlantique s'en réjouiront certainement. Nous avions promis de crier bravo et nous le crions bien sincèrement mais nous ne serons pas moins sincères en écrivant que ce résultat n'a pas été acquis en grande équipe, que de travail encore à réaliser, que de fautes grossières nous avons vu tout au cours de ce match qui auraient pu inverser le résultat, si les Bordelais avaient eu un peu de classe. Enfin nous ne voulons pas, alors que nos joueurs sont actuellement tout joyeux, nous montrer un père chagrin et nous terminons bien vite pour aller assister à leur allégresse."[11]

Le S.N.U.C est heureux pour cette saison d'avoir trois nouveaux internationaux : OLLIVIER, FAUCON international militaire et CHASSE international scolaire.

La saison est sauvée. Une jeune génération commence à se faire remarquer en junior ce qui est de bon augure pour les saisons à venir.