Après la déconvenue de la saison passée, le Président Christophe NOUVEL et son comité directeur se sont remis au travail pour bâtir une équipe compétitive tout en surveillant les finances en souffrance. Comme c'est souvent le cas, on redistribue les cartes au niveau de l'encadrement. Vincent DENIS, qui avait repris les rênes d'entraîneur, après les soucis de santé de J-F THIOT, ne continuera pas l'aventure. JM VUILLEMIN se voit confier les clés de l'équipe : "C'est un projet intéressant sur le plan humain. L'important, aujourd'hui, est de construire, de remonter et de pérenniser le club." Il est épaulé par Stéphane Brunet qui sera particulièrement chargé des 3/4 et de la défense. Philippe TILAGONE s'occupera toujours de la préparation physique.
Côté effectif, C. Nouvel est optimiste. Il affirme que "80 % des joueurs souhaitent rester" et que l'important demeure "que tout le monde soit recadré sur le même projet". Le groupe reposera en partie sur les joueurs formés au club, encadrés de quelques joueurs plus expérimentés.
Plusieurs joueurs ne sont pas conservés, à l'image de Gilles BARROS, Laurent BARTHELEMY ou Gérôme LAIRLE. Le capitaine Fabrice LALANNE regagne son pays d'origine après de longs et bons services. Xavier JOLY et Cédric GILBERT ne font plus partie des plans, tout comme Setefano TONE (R.C. Vannes). Matthieu ROBIN se dirige vers Saint-Nazaire et Benjamin COCHERIL part à St Sébastien. Pour raisons professionnelles, on déplore les départs de TOYON (A.C.B.B.) et de FERNANDES (S.C. Angoulême). Avant que ne débute la saison, Samuel DAUBA s'engage avec le club de Châlon-sur-SaÔne. L'effectif est quand même bien diminué.
Financièrement, on ne peut pas compenser ces départs. Pas de révolution, le club peut se renforcer avec quelques recrues de choix dont le retour Faouzi AOUISSET (Saint-Sébastien). Jean Pierre LALLOZ (Vannes), Romain BERNARD (Tarbes), Jérémy PELOUX (Tours). Trois étrangers sud-africains complètent l'équipe : Barry TAYLOR, Llewelyn HOFMEYR et Albertus DELPORTE.
JM VUILLEMIN a bien défini sa politique sportive et ses objectifs pour ses premiers entrainement. Il va axer la préparation sur le physique. "On démarre tôt pour être bien à la reprise du championnat. En ce début de saison, on va surtout travailler sans ballon, bosser physiquement et rechercher la cohésion. Il y aura également un gros travail de la technique individuelle".
Après un stage à Vannes, la rencontre contre les voisins rennais à Auray se solde par une victoire 26 à 5.
Le championnat arrive très vite et le dernier match amical à Saint Nazaire, le 10 septembre doit permettre à VUILLEMIN de ressortir son XV type. Son effectif n'est pas au complet. La première mi-temps est nazairienne. Au retour des vestiaires, les Nantais haussèrent le ton, s'enhardissant, combinant bien, solides en défense. Tant et si bien qu'ils comblèrent une partie de leur handicap face à une formation nazairienne au rugby devenu soudainement insipide, sans relief. Malgré la défaite 27 à 14, l'entraîneur nantais se réjouissait : "Je suis satisfait du comportement de l'équipe". Malheureusement, le capitaine Emmanuel PATTE se blesse sérieusement au genou le privant de ce début de championnat.
Entre les joueurs partis à l'intersaison, ceux qui ne sont pas encore arrivés, ceux qui sont blessés, ceux qui sont convalescents et qui ont tout de même joué, le doute quant au visage qu'allait offrir le Stade Nantais à son public planaient quelque peu sur Pascal Laporte à l'heure du coup d'envoi d'une saison que tout le monde espère être celle du rachat. On fut vite rassuré dans les travées des tribunes par l’exploit de la jeune équipe nantaise.
Le 17 septembre, face au promu nordiste de Marcq-en-Barœul, les Nantais ont mis 20 minutes pour se mettre au niveau de leurs adversaires et 10 minutes de plus pour prendre la mesure du jeu.Les Nantais plus en jambes terminaient leur travail de sape et après l'heure de jeu déroulait tranquillement leur rugby pour l'emporter 37 à 3.
La Légion étrangère arrive. Outre les Sud-Africains, un international fidjien Sakiusa MATADIGO vient renforcer les lignes arrières.
Pour le déplacement au Paris Université Club, seul Le Sud-Africain DELPORT sera associé à LALLOZ. Une fois rassurés sur leur capacité à rivaliser en conquête, les Ligériens affichèrent les meilleures intentions. Avec pas mal de sang neuf devant, les Nantais déroulèrent et ont fait preuve de maturité et d'aisance. Une prestation de haut vol qui appelle de belles ambitions avec cette belle victoire 31 à 23.
C'est en position de leader que le Stade Nantais reçoit Joué Les Tours, le 1er octobre. On retiendra les trois points de la victoire, quelques enchaînements notamment celui amenant le seul essai de la partie et, au final, le fait que le Stade Nantais soit désormais confortablement installé dans son fauteuil de leader invaincu après cette victoire. "Ce fut un match compliqué, reconnaissait VUILLEMIN, entraîneur insatisfait. On n'a rien proposé, on s'est bêtement mis dans leur rythme et on a surtout été incapable d'accélérer."[1]
En recevant Suresnes, nos Nantais doivent se méfier de leur adversaire qui est aussi invaincu. Au terme des quatre-vingts minutes jouées, les stadistes n'auront, de fait, pas davantage trouvé la clef du coffre-fort francilien puisque les douze points inscrits le furent par l'entremise du coup de pied de LARDEUX. Le capitaine AOUISSET, ne cachait pas son inquiétude mais jurait que cela ne pouvait être qu'une question de temps. "On a réitéré, dans la même médiocrité, la partie de Joué-lès-Tours." [2]
En déplacement à Orsay, le Stade Nantais sait qu'il ne sera pas favori et que son invincibilité pourrait être remise en question. Poussifs en début de match, et même parfois bousculé sur les groupés pénétrants d'Orsay, nos Nantais ont su patienter sans paniquer avant de porter l'estocade. La victoire revenait au leader 20 à 10.
Avec une copie propre de cinq matches cinq victoires, le Stade Nantais démontre qu'il ne lâchera rien cette saison. En recevant, Lille, il va pouvoir goûter à la concurrence directe. Menant d'une mince marge à l'entrée des arrêts de jeu (22-20), trop indisciplinés, les Nantais concèdent, durant les arrêts de jeu, leur première défaite de la saison 23-22. "C'est une équipe qui joue jusqu'à la fin. Quand l'arbitre n'a pas sifflé, on n'a pas à la ramener. Résultat, ils ont gagné. Félicitations à eux ", résumera VUILLEMIN.[3]
Le déplacement à Tours, le 12 novembre, chez le leader de la poule, s'annonce difficile après la dernière prestation à domicile. Sur le pré, ce fut un rude combat entre des Tourangeaux qui ont construit leur succès avec rigueur et des Nantais dangereux à chaque fois qu'ils se sont décidés à écarter le ballon. Quinze points d'écart à l'heure des comptes : 21 à 6, c'est lourd pour nos Nantais qui pouvaient espérer mieux car ils ont dominé la fin de la rencontre, sans pour autant réussir à déchirer l'hermétique rideau défensif tendu par l'US Tours.
Avec la réception d'Arras, le Stade Nantais doit renouer avec le succès devant ses supporters. Si le contrat a été rempli, la manière, elle, laisse encore à désirer. 23-12 : le score est flatteur. Les Nantais ont frisé la correctionnelle devant un adversaire qui n'a rien démontré mais qui a su jouer à fond le peu de ballons qu'il a eu à négocier. Le président Christophe Nouvel reconnaissait qu'"après les deux défaites, l'équipe s'est refermée sur elle-même. Le groupe à besoin de confiance et les dernières minutes de la rencontre ont démontré qu'il y avait un fort potentiel et la capacité de faire mieux que cela."[4]
Le 2e ligne sud-africain Clayton TAYLOR a été remercié pour manque de résultat et sera remplacé poste pour poste par le Fidjien Jonetani ROBANAKADAVU.
Le match contre CAEN a été reporté au 3 décembre. L'infirmerie se remplit et VUILLEMIN n'est pas confiant : "Nous avons un groupe senior et non deux équipes distinctes. Chaque joueur peut-être amené à évoluer en équipe fanion et je fais entièrement confiance aux garçons qui vont évoluer ce dimanche. On craint ce déplacement".[5]Les Nantais ont craqué chez les promus caennais et concèdent une défaite, là où ils semblaient partir avec les faveurs du pronostic."Ce qui me révolte le plus, c'est qu'on n'a pas été guerriers. On n'a pas été respectueux de l'adversaire, Une défaite impardonnable" soulignait VUILLEMIN après la défaite 16 à 13.
N'ayant pu recevoir Clamart à cause d'un terrain impraticable, le Stade Nantais se déplace à Vierzon, le 17 décembre pour le dernier match de l'année. Débordés dans l'envie et en puissance, les Nantais s'en sortent, non sans métier, en empoisonnant chaque regroupement. Pour avoir laissé filer sa chance en première mi-temps, Vierzon a finalement cédé face à toute l'expérience des joueurs de Loire-Atlantique. Beau cadeau de Noël pour les supporters avec cette victoire 14 à 10.
En cette fin d'année, tout n'est pas rose, notamment au niveau des finances qui ont tendance à virer au rouge. Le message délivré par Marie-Françoise CLERGEAU, l'adjointe aux sports de la mairie, à l'égard des dirigeants est clair ; "En 2004, nous avions versé 527 000 € au S.N.U.C. mais aujourd'hui, c'est au club d'assumer ses difficultés et de trouver des solutions. La Ville n'a pas à éponger ses dettes."
VUILLEMIN devra se priver de son pilier Emmanuel PATTE qui a été victime d'une rechute. Une intervention chirurgicale l'oblige à terminer la saison prématurément.
Pour le premier long déplacement de l'année à Marcq en Bareuil, tout avait bien débuté en première mi-temps où Nantes menait 20 à 13. Toujours est-il que les Nantais allaient vivre une seconde période pénible. Animés d'une rage de vaincre largement supérieure, les ch’tis ne lâchèrent rien pour gagner 21 à 20. "Marcq voulait plus la victoire !", conclut avec élégance VUILLEMIN.
L'arrivée des parisiens du P.U.C., le 14 janvier, doit permettre de renouer avec la victoire. La rédemption n'est pas venue. Une dernière défaite pas anodine et qui a très certainement laissé des traces dans les têtes stadistes tant la formation de VUILLEMIN fut, par période, absente des débats. Le PUC n'a ainsi eu qu'à se baisser pour récolter, à la pelle, les trop nombreuses pénalités provoquées par les joueurs nantais. Au grand désarroi de l'entraîneur nantais : "Comment veux-tu jouer quand on fait autant de fautes ? Les gars manquent cruellement de sérénité." Une indiscipline qui a en revanche fait le bonheur du buteur puciste pour l'emporter 25 à 14.
En se déplaçant à Joué les Tours, la lanterne rouge, le Stade Nantais doit renouer avec le succès. La victoire acquise (30-5) est tout sauf une surprise, les Jocondiens ne "cumulant" qu'une seule victoire depuis le coup d'envoi de la saison. D'ailleurs Vuillemin ne se gargarise pas des trois points glanés : "Si on avait gagné contre Lille à Lille ç'aurait été une performance mais là, je suis juste content parce que ce match nous a permis de travailler et je suis revenu sans blessé malgré un match un peu dur."
Le déplacement à Suresnes, un des favoris de la poule ne s'annonce sous les meilleurs auspices. Une mi-temps ratée, une course-poursuite effrénée et une grosse déception à l'arrivée. Le Stade Nantais a laissé échapper des points précieux dans l'optique des play-off. La défaite 33 à 18 est logique, mais beaucoup de regrets dans le camp nantais.
L'opération rachat du Stade Nantais est commencée. Face à Orsay, le faux pas est interdit. Contre un adversaire aux dents longues, les troupes de VuillemiN et de Brunet n'ont pas fait dans la demi-mesure en s'imposant largement 41 à 12. Un ravissement pour le technicien Vuillemin. "Bien sûr cette victoire fait plaisir. Il suffit de voir les sourires sur le visage des joueurs. Ils ont joué pendant 85 minutes devant une équipe qui s'était préparée sérieusement en arrivant la vieille à Nantes. Autant dire qu'Orsay voulait gagner ce match. C'est avec des rencontres comme celles-ci que nous préparons les phases finales."
C'est un temps breton qui attendait nos Nantais à Lille, le 25 février. Plus le temps passait, plus le terrain devenait gras, plus les deux équipes s'échinaient à jouer un rugby plaisant eu égard aux circonstances, et plus les affaires nantaises se compliquaient. La domination lilloise était de plus en plus évidente tandis que les chances de victoire du S.N.U.C. s'amenuisaient. Ils s'inclinent finalement 25 à 12.
Une victoire pour la réception du leader Tours, le 4 mars, serait une belle occasion d'accrocher une place en play-off. En s'imposant 18 à 14, Tours a démontré une fois de plus que son statut de leader n'était pas usurpé. Dans une rencontre intense, les visiteurs ont su tenir contre vents et marées contre une équipe nantaise diminuée par les blessures.
Pour le déplacement à Arras, 2e de la poule, nos Nantais veulent se révolter et montrer qu'ils ne sont pas à leur juste place dans cette poule. Invaincus chez lui, ils concèdent leur première défaite à domicile, bousculé sur son pré carré par les équipiers de SALLABERRY. Il fallut attendre les dernières minutes pour voir l'essai de la victoire inscrit par LALLOZ pour cette victoire nantaise 22 à 14.
La montée en puissance est de bon augure pour les play-off en recevant Caen, le 25 mars. C'est fait ! Il manquait une victoire au Stade Nantais pour assurer son accès aux play-off, les joueurs de Vuillemin l'ont acquis sans coup férir (59-7) aux dépens d'une faible équipe de Caen."Y a pas photo, analysait le coach mais il y a eu du déchet dans notre jeu, mais c'est un peu normal à partir du moment où on y met beaucoup d'intention. Mais nous sommes dans la continuité de notre travail et maintenant c'est officiel, nous sommes en play-off".
Les deux derniers matchs vont servir de préparation. Le déplacement à Clamart se conclut par une belle victoire nantaise 22 à 11. Le dernier match à domicile contre Vierzon, mal classé, démontre que le S.N.U.C. a une belle attaque après avoir marqué cinq essais pour cette dernière victoire 30 à 9.
Le 29 avril, le Stade Nantais rentre dans le vif du sujet des play-off en affrontant R.C. Épernay, à Nogent le Rotrou. Vuillemin met d'emblée les choses au point : "L'équipe a retrouvé de la sérénité et s'est ressoudée, même si certains nous voyaient sur l'échafaud... Les joueurs sont conscients de l'événement. Les play-off, c'est comme si on passait le bac après le contrôle continu." Nos Nantais ne seront pas allés plus loin que les barrages. Battu dans la dernière minute 16 à 17, le S.N.U.C. a trop manqué de réalisme pour une victoire qui lui tendait pourtant les bras.
La satisfaction viendra de l'équipe réserve. Ayant éliminé Drancy (18-13 en 16es), Suresnes (25-3 en 8es) et le Paris UC (18-17 en 1/4), elle se retrouve en demi-finale contre Boucau Stade à Pauillac. L'équipe, avec 80 % de son effectif formé au club, ne peut rien contre un adversaire plus réaliste et s'incline à la porte de la finale 24 à 10.
En ce qui concerne les finances, le ciel s'obscurcit. On parle de redressement judiciaire. Le tribunal a accepté les modalités de celui-ci. L'activité sportive des entités rugby et tennis, mais aussi les intérêts des salariés sont sauvegardés. Mais cela ne veut pour autant pas dire que la section rugby est tirée d'affaire sur le plan sportif. Car les dirigeants nantais ne vont pas manquer d'être convoqués assez rapidement par la Fédération française de rugby. "À nous de prouver à la fédération que les solutions que nous allons mettre en place grâce à ce plan de redressement vont nous permettre de nous tirer d'affaire. Et ce n'est qu'après nous avoir entendus que la FFR décidera de nous réinscrire en Fédérale 2, ce qui est capital pour l'intérêt du club" concluait Christophe Nouvel, le président. Un vent de pessimiste souffle sur le Stade Pascal LAPORTE.
