Le travail accompli au club depuis plusieurs années, avec le concours d'éducateurs compétents et dévoués, commence déjà à "payer". PALOT n'a pas besoin de le dire. C'est un fait contrôlé.

Aucune raison pour que ces jeunes ne gravissent pas une autre marche.

"Je suis prêt à leur faire confiance! Les jeunes qui seront intégrés en équipe fanion doivent nous apporter les qualités mêmes de leur jeunesse; l'enthousiasme, la fougue. Mon rôle sera d'élaguer les défauts pour lesquels j'aurai de l'indulgence bien sûr."

L'équipe fanion sera formée par PALOT et SAGOT, président d'une commission sportive éclairée dont ils prendront l'avis.

On enregistre quelques départs: BOSSE et DUPRAT pris par leurs obligations militaires et le vaillant Maurice LEMAIRE muté à Bergerac. On enregistre peu de rentrées :

• DOUX qui va pouvoir jouer en championnat en récupérant sa licence.
• LABEILLE, ancien Nantais qui arrive de Trie Sur Baïse champion d'Anjou du 200 m.
• NOUHAUD muté comme professeur d'éducation physique à Nantes dont son frère joue à l'A.B.C.

C'est avec un effectif presque complet que démarrent les premiers entrainements.  Le premier match amical à la Roche-sur-Yon permet de revoir l'ensemble des joueurs.

Le 21 septembre, à Cholet, un match amical de gala et en nocturne est programmé contre la Base Aérienne de Mont de Marsan. Le R.O. Cholet vient de se créer et son président Roland GENESTE a souhaité réunir un beau plateau pour faire la propagande du rugby auprès des choletais.

Pour ce match, le S.N.U.C. est renforcé d'internationaux et quels internationaux : André et Guy BONIFACE en trois-quarts, Claude LACAZE  à l'arrière et Benoit DAUGA en 3^e ligne. Le match se déroule devant 3 000 personnes qui applaudissent aux exploits des frères BONIFACE mais le meilleur avant est Jean PALOT. Ce S.N.U.C. bis gagne 25 à 11.

Après avoir gagné à Tours dans un match amical, le 02 octobre commence par la réception de Marmande en challenge de l'Essor. C'est une équipe enthousiaste, rajeunie et rodée par trois matchs victorieux à l'extérieur que les nantais découvrent à Saupin. Par trois essais de NOUHAUD, BOUVIER et SANCHES, le S.N.U.C. l'emporte 11 à 3.

La formation nantaise est à l'honneur car LE MEITOUR est sélectionné pour le match France-Allemagne juniors avec de futurs joueurs : ASTRE, ROMEU, HERRERO, C  SPANGHERO.

On se rappelle les défaites de la saison passée contre Niort et Trignac. PALOT est persuadé que son équipe ne renouvellera pas les mêmes prestations. Début du championnat contre Niort, le 09 octobre, le SNUC sort vainqueur 12 à 0 avec un seul essai  marqué par BOUVIER et le reste aux pieds habiles de MAURY et GANDON (2 drop-goals et 1 pénalité). Quel début de saison.

Mais ce 16 octobre, on se déplace contre notre redoutable voisin TRIGNAC. Un esprit de revanche inspire nos jeunes snucistes. Faire un bon résultat sur le sol briéron serait de bon augure pour la suite. Presse-Océan, dans sa page sportive titre : "Du rugby viril, mais correct au cours du derby. Le Stade Nantais arrache à Trignac son premier match nul 0 à 0 depuis quinze ans".[1]

Dans les commentaires d'après-match, PALOT signale: " Notre but était la réussite du match nul. Contrat rempli. On n'en demandait pas plus. Aujourd'hui, nous avons joué à la trignacaise et Trignac a joué à la nantaise". Ce que confirme son ami Marcel LEBOT.

En challenge de l'Essor, le déplacement s'effectue à la Rochelle, contre l'équipe locale qui joue en Nationale. PALOT fait confiance d'entrée aux jeunes DREAU et LEPERT. Le match est déséquilibré et se traduit par une lourde défaite: 33 à 6.

Le 30 octobre, on reçoit la Teste en championnat. La leçon d'humilité du week-end dernier a eu du bon sur le jeu nantais. SABATOU ne peut pas jouer et est remplacé par PALOT en 2^e ligne. Beau sursaut de nos Nantais qui enlèvent le match 25 à 3. Le déplacement à Mérignac contre le S.A. Bordelais ne sera pas une fête. Les Bordelais ne sont pas faciles à manoeuvrer sur leur terrain et doivent laver l'affront de leur dernière défaite contre Poitiers. Le match est très serré et une pénalité donne la victoire aux locaux par 3 à 0.

Avant de recevoir le Stade Poitevin en championnat, le match contre Langon dans le challenge permet au S.N.U.C. d'engranger une belle victoire: 20 à 3. Le 20 novembre, le public se presse aux portes de Saupin pour la réception de Poitiers. On continue à faire confiance aux jeunes piliers : DREAU et PAINDESSOUS mais PALOT blessé doit déclarer forfait. Un essai de SANCHES, un drop-goal de MAURY et une pénalité de GANDON donnent la victoire aux Nantais par 9 à 0.

En challenge de l'Essor, le déplacement à Bergerac se traduit par une défaite de justesse 21 à 19. La réception de Gujan Mestras, leader de la poule, a de quoi motiver nos jeunes snucistes qui, en cas de victoire, serait proche de la 2eme place. Quand l'arbitre MESSAN siffle la fin de la partie, joueurs et spectateurs respirent. C'est une belle victoire 6 à 3 grace au pied de MAHE (1 Drop-goal) et GANDON (1 Pénalité). On est 2eme derrière Poitiers.

"C'est quand ils furent réduits à six avants valides que les Nantais furent les meilleurs. Ce n'était donc plus le physique, mais le moral qui joua à ce moment-là. Le désir de garder la victoire, la volonté de vaincre, sembla avoir décuplé les forces de ceux qui restaient"[2]

Les joueurs des deux équipes se retrouvèrent au Club House où ils jouèrent les prolongations dans une chaude ambiance très tard malgré les 400 kms du retour.

Pour les deux derniers matchs de l'année, le S.N.U.C. se déplace deux fois. D'abord à Sainte Foy la Grande, le 11 décembre où débute le jeune BUFFE eb 3^e ligne. Pour souder son équipe, PALOT avait obtenu de son comité directeur de partir la veille. Avec deux essais de PALOT et de GUEGAN, Nantes l'emporte 6 à 3 et prend la première place de la poule. C'est le champion d'automne.

Le 18 décembre, c'est le dernier match de l'année à Niort. Le nouveau leader est attendu de pied ferme et malgré la débauche d'énergie de ses avants, le S.N.U.C. doit se contenter d'un match nul 0 à 0. Après huit matchs, Nantes n'a encaissé que 9 points (1 essai et deux points de pénalité).

En ce début d'année 1967, on commence par un match amical contre Parthenay largement gagné 21 à 13. Pour la réception de Trignac, comme à l'accoutumée, les supporters brierons sont présents et bruyants. Le public nantais ne s'y est pas trompé et encourage son équipe. Malheureusement, ce n'est pas du beau rugby, avec des coups de pied en touche donnés par les deux équipes ne sont pas du gout du public. Le match se termine sur un nul 3 à 3 (essai de NOUHAUD).

Le 15 janvier , un match amical est conclu contre Toulouse O.E.C. qui évolue en division nationale. Parmi ses joueurs figurent les internationaux : Richard ASTRE dont le papa a joué au S.N.U.C. après la guerre, Elie CESTER et Jean Pierre SALUT. Seul CESTER disputera le match. Nos Nantais ne sont pas ridicules et, sur leur forme actuelle, remportent le match 9 à 8.

Le Stade Nantais redoute le déplacement à laTeste, le 22 janvier. C'est un peu leur "bête noire". Car si l'accueil est sympathique, on ne gagne pas facilement sur leur terre. Le signe indien n'a pas été vaincu et NANTES s'incline 11 à 0.

Malgré cette défaite, PALOT reconduit le même groupe pour la réception du S.A. Bordelais le 29 janvier. Le match est emballant et Bordeaux ne ferme pas le jeu malgré que l'arbitrage est très contesté. La victoire est là : 11 à 0. La première place, malgré tout, n'est pas encore conquise.

Pour la troisième fois, cette saison, on rencontre sur leur terre, Trignac, en challenge de l'Essor , le 05 février. Les Briérons ne sont pas au mieux en championnat où ils sont derniers en compagnie de Sainte Foy la Grande. Cette saison, les deux matchs se sont terminés par des matchs nuls. La jeunesse de nos rugbymans nantais leur permet de jouer sans complexe. Ils remportent le match 8 à 3 (essais de SABATOU et MOINARD, transformation de SABATIE ). Ainsi, l'invincibilité de Trignac contre le S.N.U.C. depuis la saison 1946-1947 vient de tomber. L'ancien trignacais René GANDON n'est pas peu fier de cette génération junior qu'il a entrainée et qui prend le pouvoir.

La réception de Guéret en challenge, le 12 février, confirme la grande forme de l'équipe. Le résultat est sans équivoque : 39 à 3 avec 8 essais marqués dont 4 pour le seul NOUHAUD complété par la botte de SABATIE (15 points).

C'est un dur déplacement qu'attend le S.N.U.C. au Stade Poitevin qui souhaite devancer et ravir la deuxième place aux Nantais. La pluie incessante de ces derniers jours a transformé le terrain en véritable cloaque. Les conditions ne favorisent pas le jeu rapide mis en place par les snucistes. Poitiers gagne ce match à la loyale par 5 à 3. (essai de DOUX)

Le S.N.U.C. est à trois points du premier Gujan-Mestras. Le déplacement chez ces derniers, le 26 février,  est à redouter. Seules les quatre premières places sont qualificatives pour le championnat de France. Mais c'est une équipe sans complexe dont PALOT garde la même ossature qui l'emporte par 13 à 9. (deux essais de ROUSSEL et MAURY transformés par SABATIER et une pénalité de GANDON).  On peut deviner la joie du retour, car la qualification est acquise.

Le dernier match à Nantes contre Sainte Foy, le 05 mars, est joué sans pression liée au résultat. On reste avec la même équipe depuis le début de l'année à part DREAU qui cède sa place de pilier à FERNANDEZ et qui est laissé à la disposition de l'équipe junior qui dispute le championnat Reichel. NOUHAUD marque encore deux essais et contribue à faire gagner son équipe par 17 à 0. Cette victoire permet au club d'être premier de sa poule grâce à son meilleur goal average

Afin de préparer le 16^e de finale, le 02 avril, on conclut deux matchs amicaux, l'un à la Rochelle contre l'équipe réserve qui se termine par une large victoire :41 à 6. Les Rochelais avaient aligné une équipe mixte de réservistes et de juniors. Le déplacement contre le S.C. Nazairien doit permettre de mettre le jeu en place pour le dimanche suivant. PALOT blessé (nez cassé) est sur le banc et fait tourner son équipe pour repérer les joueurs les plus en forme. Nantes gagne 16 à 11.

Le 2 Avril, c'est une équipe confiante dans ses valeurs qui part pour Tours où elle va rencontrer l'équipe du R.C. Montceau. L'équipe des mineurs est à prendre au sérieux. N'ont-ils pas été éliminés la saison passée en huitième. PALOT pense avoir mis sur pied la meilleure équipe avec les indisponibiltés de DREAU, BLANC et GUEGAN. Les avants des deux équipes se mettent en valeur en oubliant un peu leurs ligne arrière. Et par le drop-goal de ROUSSEL (2^e ligne) et la pénalité de SABATIE, le SNUC se qualifie pour les 8^e de finale.

Le quart de finale joué à Vierzon contre l'U.S. Oyonnax revet un caractère spéciale. Une victoire propulserait le club en division nationale qu'il avait quittée, il y a 7 ans. Il doit jouer cranement sa chance et mettre le maximum d'atout de son côté. Quelques changement par rapport aux quarts : BLANC et PALOT reprennent leur place dans le pack.  Le match démarre sous un beau soleil. Le jeu rugueux des Oyonnais pése sur celui des Nantais. Et pour cause, au milieu de la première mi-temps, MAHE doit sortir sur une blessure sévère à l'épaule et sont réduits à 14. Cette sortie déséquilibre l'équipe qui doit se réorganiser. Malgré ces avatars, la mi-temps est sifflé sur le score de 3 à 3. La poisse continuait à poursuivre les Nantais. L'arbitre accorde un drop-goal alors que la balle passe à droite des poteaux.  Jean Claude GANDON qui avait réussi une pénalité en début de match marque un essai entre les poteaux. Par précipitation, il se charge de transformer son essai mais la balle heurte la barre transversale. Puis en fin de match, devant ses buts, voulant feinter, tombe et se fait chiper le ballon pour un essai transformé entre les poteaux.

La fin est sifflée sur le score de 17 à 6. Le S.N.U.C. est vaincu mais il n'a nullement démérité; il sort même grandi de cette douloureuse aventure mais c'est Oyonnax qui accède à la première Division Nationnale.

La saison se termine doucement par un match de bienfaisance aux profits des grévistes nazairiens de la métallurgie à Lesvières contre Trignac. C'est la quatrième rencontre de la saison. Le résultat est anecdoctique et la recette du match fut versée à la cantine des enfants des grévistes trignacais.

Lors de l'assemblée générale du club, RAIMBAUD le secrétaire, signale dans son rapport moral :

"Si comme au stade national, un challenge récompensant le club le plus complet pour la saison 1966-1967 était offert pour la division fédérale, c'est le S.N.U.C qui l'aurait emporté de très loin puisqu'il est le seul de cette division à présenter le palmarès suivant:

Equipe 1^e : Championne de l'Atlantique, 8^e finaliste du championnat de France

Equipe réserve: Finaliste de Coupe de l'Ouest

Juniors A : Champion de l'Atlantique, 8 e finaliste du Championnat de France, ½ finaliste du Tournoi des jeunes.

Juniors B. Champion de l'Atlantique, 8^e finaliste du championnat.

Cadets : Champion de l'Atlantique, ½ finaliste du Tournoi des jeunes

Minimes : 3^e du classement générale du tournoi national de la Rochelle

Benjamins : Finaliste du Tournoi battus seulement par BRIVE et LA ROCHELLE.

Enfin au concours du jeune rugbyman, Yannick GRIPPAY est champion de l'Atlantique et se classe 4 e au niveau national"[3]

Il ne faudrait pas oublier la sélection en équipe de France A.S.S.U. de Jean Yves ILLIAQUER contre l'Angleterre.

À l'issue de cette assemblée générale, qui clôt la saison, le président FITAU décore les encadrants LERICHE et NEVEU de la médaille de l'Éducation Physique.