Aux élections du Comité d'Anjou de rugby, DELEPINE du S.N.U.C est réélu comme président.

La Fédération Française relance le championnat. Dans sa poule, le S.N.U.C est en bonne compagnie : Aviron Bayonnais, US Tyrosse, UA Libourne et l'US Bergerac.

En ce début de septembre, l'entraînement a repris dans une belle ambiance au Stade de Malville. On oublie les douleurs du passé chaque jeudi soir et dimanche matin. Le nombre de juniors va croissant et tous les seniors sont là, disciplinés pour la leçon de culture physique dispensée par le compétent professeur MENANT.

On pense engager trois équipes seniors, deux équipes juniors et deux équipes de vétérans "formées de puissants et scientifiques éléments".

Deux nouveaux joueurs: AUBERT demi d'ouverture arrive de la section Paloise et DELALEE, demi de mêlée de FUMEL

On est impatient de démarrer et de "se dégourdir" les jambes. Comme de coutume, c'est contre nos voisins Trignacais que l'on lance la saison au stade de Rosières de la Baule.

" […] La lutte entre les deux rivaux fut rude et la victoire du Stade Nantais fut nette. […]"[1]

Par cette victoire 12 à 0, la saison débute bien et le résultat donne du baume au cœur aux supporters nantais toujours avides de bons résultats.

Le 30 septembre 1945, on donne le coup d'envoi à domicile contre le SCO d'Angers qui s'est renforcé avec beaucoup de militaires. Ce match a attiré la foule et le nouveau joueur AUBERT se fait remarquer. On voit nettement que les équipes manquent encore d'entraînements mais Nantes, plus physique et plus joueur, l'emporte 21 à 0.

L'ouverture des grands matchs, à Malville, se fait avec la réception de l'Olympique de Paris où évolue l'ancien scuniste CHAILLOU. Dans un but de propagande, le tarif des places est fixé à 50 F en tribunes et 25 F en seconde.[2] La partie est excessivement serrée et disputée par deux équipes de valeur sensiblement égale. Le jeune HERVÉ marque l'essai de la victoire : 3 à 0.

Après avoir été battu par une très bonne Sélection Parisienne par 14 à 6, Le CA Bègles est attendu à Malakoff, le 21 octobre. Mais dans la semaine, cette équipe fait savoir au club qu'elle ne peut se déplacer. Pour pallier cette défection, on fait appel au Vélo Sport Nantais. Ces derniers veulent faire une performance contre leur voisin nantais. Le S.N.U.C n'a pas pris cette rencontre au sérieux et gagne péniblement 9 à 3.

Avant de commencer le championnat, on se déplace à Cognac, le 28 octobre.

[…] Devant un quinze athlétique dont les lignes arrières se montrèrent particulièrement rapides, les tricolores surent se glisser au niveau de leurs adversaires et ont maintenu toute la partie l'allure endiablée imposée par les Cognacais.[…][3]

OLLIVIER a repris la direction de l'équipe et cela s'est ressenti. Nantes obtient sa première victoire à l'extérieur : 3 à 0 (essai de SAUSSAYE).

Le 4 novembre, le championnat de France commence par un long déplacement à Tyrosse. Alors qu'ils étaient revenus au score, le S.N.U.C se fait battre 13 à 8. Nos Nantais n'ont pas encore 80 minutes dans les jambes et certains des équipiers manquent d'entraînement.

À Malville, les Angevins de l'U.A.I. Gad'z'arts ne font pas recette, pourtant ces étudiants sont des adeptes du beau jeu. En deuxième mi-temps, la puissance de la mêlée et le jeu en touche de nos Nantais sont fatals aux Angevins qui perdent la partie par 23 à 0.

Le 18 novembre, le déplacement en Championnat contre le favori de la poule Bègles s'annonce périlleux. Leur pack emmené par les frères MOGA est assez redoutable. Pourtant BÈGLES ne menait que 3 à 0 à la mi-temps. Dans la deuxième partie, la défense ne put endiguer les assauts béglais et c'est tout naturellement qu'ils gagnent par 25 à 0. C'est une cuisante défaite.

Nantes doit se ressaisir devant l'U.A. Libourne pour glaner des points pouvant améliorer son classement. On enregistre côté nantais, la rentrée de DELALEE au poste de demi-ouverture. Un public nombreux, mais pas la foule, attend un exploit de ses protégés. Les deux équipes se valent, bien que les avants Libournais soient plus puissants. La mi-temps est atteinte par le score de 0 à 0. Succédant à un drop-goal des visiteurs, les efforts des Nantais pour revenir à la marque ne seront récompensés que par l'essai de BOUVIER. Ce ne sera pas suffisant pour battre l'UA Libourne vainqueur 4 à 3.

C'est par un froid glacial, décourageant les supporteurs "pas chauds" que l'on accueille l'Aviron Bayonnais, le 9 décembre. Les Basques sont privés de leur capitaine Jean DAUGER[4] blessé malencontreusement la veille. Le pack nantais est plus lourd que celui des Basques les privant de ballon pour alimenter leur cavalerie. Le S.N.U.C a eu souvent l'occasion de marquer. Le score de 0 à 0 n'arrange pas les affaires de l'une et l'autre équipe.

Le déplacement contre la rude équipe de Bergerac ne s'annonce pas sous de bons auspices. Les deux équipes se neutralisent pendant la première mi-temps. Mais, les locaux, plus puissants, plus rapides et surtout plus adroits, remportent le match par 9 à 3. (Essai de CHAILLOU).

Après la défection de BÈGLES, en début de saison, c'est au tour de l'U.S. Dax de renoncer à son déplacement à Nantes, le 23 décembre. Nos voisins du S.C.O. d'Angers ont accepté de venir défier amicalement le S.N.U.C. On n'a pas hésité à incorporer des juniors dans la composition de l'équipe.

"[…] Ce fut alors avec un réel plaisir que le plubicr, peu nombreux, et il eut tort, applaudit aux nombreuses phases de jeu de toute beauté, dont le déroulement du match fut émaillé. Ce fut, certes du beau spectacle, mais ce ne fut pas de grand rugby, plus qu'une seule équipe n'opérant sur le terrain.[…]"[5]

Le S.N.U.C l'emporte par 32 à 0.

Depuis le début de la saison, les journaux locaux, dans leur page sportive, préparent les Nantais à un grand événement de cette fin d'année. "La meilleure équipe du Royaume-Uni arrive à Nantes"[6] suivant le titre de la Résistance.

Marcel PEDRON, aidé d'Henri PICHERIT et de Percy BUSH, a pu organiser ce voyage et réussir ce tour de force de faire disputer à Nantes, le premier match international depuis la fin des hostilités. Depuis 31 ans, aucune équipe britannique n'était venue à Nantes et c'est Cardiff R.F.C. qui arrive fort de huit sélectionnés et sept internationaux. Le S.N.U.C. est le "petit poucet" devant cette équipe invaincue depuis son début de saison. Les pronostics vont bon train et on ne donne pas cher de nos petits nantais.

Dans un but de propagande, tous les enfants de moins de 12 ans rentrent gratuitement. On se rue au siège Café de Nantes rue de Gorges et au Café du Cycle place Saint Pierre pour retirer ses places. La chambre de commerce et la Mairie de Nantes y vont de leur réception d'avant match au nom de l'amitié franco-britannique.

Ce lundi 31 décembre, le stade de Malakoff est plein comme un œuf et on a dû refuser des entrées. C'est au son du biniou et sous la bannière celte que les deux équipes rentrent sur le terrain. Pour bien figurer devant les Gallois, le S.N.U.C. s'est renforcé avec le pilier franco anglais de Niort : WOODMAN et des parisiens FAOU, MARQUEZ et HOUEL. La première mi-temps est sifflée sur un score de 5 à 3 en faveur des Gallois. (essai de FAOU). Le jeu développé par Cardiff en deuxième mi-temps est trop rapide et les spectateurs ne s'y trompent pas en applaudissant à chacune de leurs actions. Quel magnifique match. FAOU marque un essai qu'il transforme lui-même réduisant la marque mais la classe de CARDIFF a parlé et gagne le match 29 à 8. Les enfants envahissent la pelouse et les deux équipes se retrouvent à la Duchesse Anne pour le banquet d'après-match des plus joyeux.

Le 13 janvier, on dispute à Malville le premier match de la Coupe de France contre l'U.S. Thouars. Nantes est handicapé par l'absence de joueurs cadres comme SAUSSAYE, CHAILLOU, PAILLAT et THOUARS arrive avec la volonté de faire tomber un "gros". Sous l'impulsion du jeune DODIN et de GINESTY, le S.N.U.C finit par faire la différence en 2e mi-temps et l'emporte 9 à 3.

Malakoff est bien vide pour recevoir la belle équipe du Stade Français, le 20 janvier. Nos nantais prennent une leçon de beau jeu et s'incline 30 à 6 (essais de GINESTY et GANDON).

Le bureau apprend avec joie la sélection de BOUVIER et GINESTY chez les seniors et de MORIN chez les juniors dans l'équipe Ile de France-Anjou pour jouer contre le sélection de Guyenne-Gasconne en coupe nationale de rugby. MORIN au poste de demi de mêlée joue à coté du fils de René CRABOS demi-ouverture.

Un brouillard dense et froid avait envahi la ville et on ne se pressait pas à Malakoff pour voir l'A.S.P.T.T. de Paris, ce 27 janvier. Il n'est pas question pour le S.N.U.C de reproduire le match du dimanche précédent.Malgré un terrain très boueux, on assiste à une belle partie où les locaux sortent vainqueurs : 11 à 6.

C'est une équipe au complet qui se déplace à Rochefort pour disputer le prochain tour de la Coupe de France. Est-ce la motivation de ce nouveau challenge, mais le S.N.U.C, par ses avants, réussit un exploit en gagnant 18 à 3. Pour l'anecdote, arrivée une demi-heure avant le coup d'envoi par suite d'un retard du train, nos nantais durent s'équiper dans le wagon et piquer un 2000 métres avant de joueur.

Après avoir enregistré une défaite à Poitiers, le S.N.U.C rencontre le Stade Français pour le cinquième tour de la Coupe de France le 17 Février. A quelques éléments près, c'est la même équipe parisienne qui se présentait à Malakoff, il y a un mois. Nos Nantais sont courageux mais doivent s'incliner 13 à 0. Ils sont éliminés de la Coupe de France.

Jusqu'au 21 avril, les matchs amicaux vont s'enchainer avec des fortunes diverses. Le dernier match est disputé contre le Stade Rochelais à domicile où le S.N.U.C s'incline 16 à 11. Le joueur nantais PAILLAT retourne à la Rochelle

Sous la houlette de Paqui MORIN, les juniors font encore une belle saison en championnat de France. Après avoir battu, le Stade Niortais en 16^e: 10 à 8, ils se font éliminer par l'équipe parisienne du P.U.C. sur un faible écart 3 à 0. Fruit de ce parfait éducateur, son fils finit deuxième de la finale du jeune rugbyman, organisée par la F.F.R. au Stade Charlety. Notons que Paqui MORIN a créé des séances d'initiation au rugby qu'il a appelé l'École de Rugby.