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Saison 1943-1944

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Les comptes rendus des pages sportives se réduisent de plus en plus. Tout est sous contrôle… Et pourtant, on pense à organiser le prochain calendrier. Dès le 15 juin 1943, le SNUC est informé qu'il disputera le championnat de France dans la poule E avec ses voisins du FC Yonnais,[1] sous réserve de la validation par la Commission des Sports.

Le Stade Nantais se prépare activement pour les prochaines rencontres. Les Tricolores veulent faire une belle saison et sont décidés pour cela à s'astreindre à un entraînement intensif, sous la conduite d'anciens joueurs de grande classe.

"Réjouissons-nous, car l'an dernier rien n'allait plus. Le quinze fanion manquait d'homogénéité et pour tout dire d'esprit d'équipe. Il n'y avait aucun lien étroit entre le comité et les joueurs dont la discipline n'était pas la qualité maîtresse. Grâce au triumvirat qui désormais dirigera les vert-blanc-rouge, tout cela disparaîtra rapidement.

En équipe première, la retraite d'OLLIVIER étant chose acquise, c'est vraisemblablement BAUDIN qui s'est révélé comme un trois-quarts centre de grande classe et comme un joueur de tête qui assumera les fonctions de capitaine. Il aura sous ses ordres sensiblement les mêmes hommes que l'an dernier avec en plus certains Trignacais tels que les frères GANDON (Marcel et René) qui insuffleront un sang nouveau et généreux aux Nantais. […]

L'amitié malgré notre rivalité

Depuis Mars 1943, plus de 4 500 familles de la région nazairienne ont fuient leur domicile suite aux bombardements des alliés. Le Courrier de St Nazaire du 5 Mars 1943 écrit :  "[…]Aujourd'hui Saint Nazaire, moderne Pompéi, est bien morte. Durant une heure d'épouvante, une rafale de fer et de feu s'abat sur la ville qu'elle ravage et détruit. Les ruines fumantes de nos foyers et de nos églises crient vengeance au ciel […]" .

Trignac et Saint-Nazaire, en effet, ne peuvent plus, en raison des circonstances, faire vivre leurs équipes. Le Stade Nantais accepte de recevoir dans ses rangs les joueurs de ces deux équipes qui souhaiteraient malgré tout pratiquer le rugby.

 

En ce début de septembre 1943, les entraînements de rugby ont repris sous les ordres de DESCOURTILS et MENANT professeur au lycée. On peut continuer à parfaire sa condition physique en s'engageant dans les concours d'athlétisme que le club organise à Malville.[2]

Le 13 septembre, dans Ouest Éclair, le Stade Nantais informe ses supporters que le premier match se disputera, le 3 octobre contre l'A.S.P.T.T. de Paris à Malakoff. L'article précise la composition de l'équipe avec l'incorporation des meilleurs Trignacais et nazairiens. Des matchs sont conclus contre DAX, ANGOULÊME, BÈGLES… Pascal LAPORTE se démène pour apporter un peu de vie sportive à son club malgré ses occupations professionnelles et extraprofessionnelles.[3] Il est secondé par Marcel PEDRON, qui vient de prendre en main la commission de rugby.

Malheureusement, tout ne va pas se dérouler comme dans les prévisions. Ce jeudi 16 septembre 1943, le SNUC est meurtri dans sa chair par le bombardement du club à Malville et de son siège rue Santeuil mais aussi malheureusement par le décès de plusieurs de ses membres.[4]

On se préoccupe des sociétaires :

"Les membres ainsi que ceux ayant fait une demande d'admission au club sont priés de se présenter à la réunion vendredi à 19 heures au café du HELDER, 28 rue de Strasbourg. Afin de connaître ceux qui auraient pu être touchés par les événements du 16, ceux qui ne pourraient assister à cette réunion, voudront bien donner de leurs nouvelles à M. BRAIN 10, rue de la montagne."[5]

Les présidents des différentes sections se sont réunis et ont envisagé les possibilités de repartir. On ne baissera pas les bras.

Les membres actifs sont priés de passer au plus vite pour donner leur adresse. Aucun dossier, aucune licence n'a pu être sauvé. Ainsi est-il urgent de reconstituer les listes des équipiers et d'envisager le renouvellement des licences. Le Comité de l'Anjou présidé par M. DELEPINE à subit les mêmes destructions car il partageait le même immeuble que le SNUC.

À partir du 14 octobre, les autorités allemandes ont accordé l'autorisation de jouer à Nantes. Il parait certain que si le calme se prolonge la jeunesse sportive reprendra le collier avec ardeur et le public le chemin des stades.

Malgré toutes ses souffrances, le Stade Nantais dispute son premier match à Angoulême le 17 octobre 1943. La défaite est logique car l'équipe n'est pas au point.

Le Parc de Procé, bien que près de Malville, n’a pas subi trop de dégâts. Après un match d'entraînement contre le Vélo, c'est en ce lieu que le SNUC dispute son premier match contre le Stade Niortais, le 7 novembre 1943.

"Tout ce que Nantes compte actuellement de sportifs se trouvait réuni au Parc de Procé et la chambrée était très honnête sur ce stade si peu populaire. […]"[6]

Le Stade Nantais remporte son premier match de championnat par 13 à 6. La saison est lancée.

Les supporters nantais attendent avec impatience la date du 14 novembre 1943 où la grande équipe du Stade Français vient à Nantes pour faire un résultat dans ce championnat.

"La pilule est amère mais dans l'ordre des choses. Les précédentes sorties du Stade Nantais ont mis en évidence un manque d'homogénéité dû aux circonstances qui ont empêché les Nantais et les Trignacais groupés sous les couleurs du club local de Nantes de souder leurs diverses qualités. Il reste encore des défauts qui n'ont pas encore été éliminés. […][7]

Résultat sans appel, le SNUC connaît sa première défaite en championnat 18 à 6.

Les dirigeants et les joueurs pensent qu'il faut effectuer des changements. Les problèmes que rencontrent les joueurs sont le manque d'entraînement et de cohésion liés à cette période de guerre où les déplacements en semaine sont assez fastidieux.

À Procé, contre le Red Star c'est encore une défaite malgré les changements et le prochain déplacement à La Rochelle, le 28 novembre 1943 sera difficile.

Malheureusement les défaites se suivent. Alors que les comptes rendus rugby dans les journaux locaux se font de plus en plus rares, un article d’Ouest Éclair signé "Spectateur d'occasion" résume bien l'état du rugby nantais.

"[…] Et malgré le sang nouveau apporté par les Trignacais, les Nantais n'ont jamais fait si piètre figure en championnat de France. Si c'était une formation de jeunes, inexpérimentés mais bien intentionnés, capables de reconnaître que souplesse, adresse, rapidité et robustesse doivent mettre en valeur une profonde connaissance des règles appropriées aux diverses fonctions cdans l'équipe, l'espoir serait permis, car le « métier » jouerait en plein, une fois le rodage terminé. Mais quand on est en présence de joueurs supérieurement convaincus qu'ils connaissent avec raffinement toutes les notes de la gamme : passe, feinte de passe, réception de ballon en pleine course ou de pied ferme, qu'ils savent user (à faire pâlir de jalousie un arc-en-ciel) de la variété des coups de pied qui président aux progressions, sans oublier cette subtilité du talonnage qui vous sort la balle de la mêlée aussi vite que d'un fusil Gras que venez-vous chanter à ces gaillards de penser à leurs modestes débuts. Il fut un temps où Ils sortaient du terrain avec une victoire ou un match nul moins flambards qu'aujourd'hui après les leçons administrées par le Stade Français, le Red Star. La Rochelle ou le demi de mêlée de Niort. Il fut un temps où les "deuxièmes lignes", à fort gabarit, ne ricanaient pas devant un conseil de dirigeants ou ne rappelaient pas ceux-ci à a "un peu de pudeur" pour avoir " débarque" un joueur visiblement hors de forme (son titre de capitaine ne l'en mettait pas à l'abri malheureusement) ou un arrière qui faisait peut-être partie de "la bande des bons copains". Car voilà le mal aux insuffisances techniques qui crèvent les yeux, et remédier par un entraînement méritoire dans les temps présents, s'ajoute cette suffisance morale déplacée, compliquée d'une facilité de parole qui ne rappelle en rien la glu qui caractérise les gestes sur le terrain."[8]

Posons-nous malheureusement la question, est-ce que nos SNUCistes ont l'esprit à la "championnite" ou ne s'agit-il pas pour eux d'un défouloir ?

Avant de recevoir le FC Yonnais, le 19 décembre 1943, le SNUC enregistre cinq défaites successives dans le championnat. Ce dernier match représente le derby et Nantes doit impérativement gagner pour la suprématie régionale.

" Le S. N. U. C. a rapporté à ses dirigeants une belle fiche de consolation, au terme de ce championnat de France. Il marque plus d'essais en ce dernier match qu'au cours des six autres. Il fut d'une aveuglante supériorité vis-à-vis des Yonnais et fit une véritable démonstration de jeu de passes, malgré le terrain détrempé et la balle glissante. […]"[9]

Le SNUC gagne 35 à 0 en marquant 11 essais.

Dans sa poule, les Nantais terminent à la sixième place et le Stade Français prend la première place.

La longue liste des morts, suite aux bombardements anglo-américains, s'allonge tous les jours. La guerre se durcit et on rentre en résistance et nos courageux SNUCistes vont vite s'y employer.

En ce début de 1944, le SNUC est engagé dans la Coupe de France organisée par la Fédération Française de Rugby. Le déplacement contre l'US MANS se ponctue par une victoire nette : 51 à 0.

Le 23 janvier 1944, c'est sur le terrain du Petit Breton que l'on reçoit pour le prochain tour l'équipe du VS CHARTRES.

" Partie terne, sur terrain détestable. Les Nantais dominèrent largement dans toutes leurs lignes, sauf de rares percées des Chartrains, emmenés par RAPIN. […]"[10]

Le SNUC passe facilement ce tour 15 à 3 et se qualifie pour les 32e de finale.

Le 13 février 1944, les Nantais se déplacent au Stade Jean Bouin à Paris pour y rencontrer le CASG. Le voyage fut long et fastidieux.

Le match fut longtemps indécis. Ce n'est que dans les dernières minutes que le CASG marque un essai transformé. Ils sont éliminés mais de belles manières. Beaucoup de regrets dans cette saison très tourmentée. Pourquoi n'ont-ils pas joué de la même façon en Championnat ?

Quelques matchs amicaux vont encore se disputer jusqu'au début d'Avril 1944 dont le résultat n'a aucune valeur. On a qu'une idée : chasser l'ennemi et bon nombre d'équipiers premiers rentrent en résistance.

Malgré tout, on pense à la prochaine saison avec la nouvelle direction qui va œuvrer pour reconstruire Malville durement touché.

     
   
 

 

 

 

 

   

 

   

[1] Le championnat est réparti en 12 poules de huit clubs.

[2] Le 12/09/1943, le FC Nantes dispute son premier match officiel contre l'A.S. Brestoise au Parc de Malakoff.

[3] Comme de nombreux nantais et snuciste, Pascal LAPORTE apporte son soutien aux résistants contre l'armée d'occupation

[4] Voir Histoire de bombardements

[5] Le Phare 22/09/1943

[6] Le Phare 08/11/1943

[7] Ouest Eclair 15/11/1943

[8] Ouest Éclair 02/12/1943

[9] Ouest Éclair 19/12/1943

[10] Ouest Eclair 24/01/1944

   

 
     
     
           
 
 
 

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