Malgré les difficultés et grâce à son organisation, le Stade Nantais, entend donner une nouvelle preuve de sa vitalité en mettant sur pied un programme intéressant. Tant en football qu'en rugby, qu'en cross-country, ses membres actifs trouveront cet hiver des compétitions qui leur permettront de s'adonner à la pratique de leurs sports favoris.

Pour aider à la complète réussite de la saison, le S.N.U.C. compte beaucoup sur l'appui de ses fidèles membres honoraires. Il sait que l'appel qu'il leur lance pour venir en aide à leur club et lui permettre de surmonter les difficultés du moment ne sera pas fait en vain. D'ailleurs de l'empressement qu'ils mettront à répondre à cet appel dépendra l'intérêt de la saison.

Les matchs ne pourront se dérouler qu'au Stade de Malville car le Parc des Sports a été réquisitionné par l'armée allemande.

Les clubs nantais pratiquant le rugby se sont réunis dans leur désir commun de voir le rugby nantais reprendre son essor. Les clubs ont décidé à l'unanimité de créer un tournoi : la Coupe de Nantes, qui se dispute par match aller et retour. Se sont engagés : le Vélo Sports Nantais, les Ailes Sportives. l'Alhletic-Club Breton et le Stade Nantais. Cette épreuve est une coupe purement locale car eu égard à la crise des transports, il n'est pas possible tout au moins pour l'instant d'avoir des engagements de clubs éloignés de la ville.

Le premier match, le 6 octobre 1940, en Coupe contre le Vélo n'est qu'une formalité : 36 à 4. Les deux équipes n'avaient pas le même niveau de préparation.

Nos amis briérons de Trignac ont sollicité le S.N.U.C pour l'ouverture de la saison. L'équipe nantaise est malheureusement incomplète.

"Devant un public nombreux, le jeu du ballon ovale a connu, dimanche à Trignac, une "honnête" ouverture.

Si le jeu ne fut pas transcendant, en première mi-temps, par contre, en seconde, les Trignacais surent mener à bien de nombreuses attaques en passes redoublées, marquées au coin du meilleur rugby. L'équipe des "canards", s'il lui manque quelques retours des armées pour être la meilleure, est déjà d'une valeur supérieure à celle des deux dernières années. […]"[1]

Le S.N.U.C s'incline par 19 à 0.

Le match revanche est prévu au Stade de Malville, le 3 novembre 1940.

" Le public nantais attendait avec une certaine impatience cette rencontre. Le S.N.U.C avait pour habitude d'écraser ses adversaires à Nantes ; aussi la défaite de cette équipe à Trignac avait été une grosse surprise pour la grande majorité des amateurs de "l'ovale". Nous allons donc savoir définitivement qui aurait la suprématie dans la région, car on avait donné des excuses en faveur du Stade lors de sa rencontre sur le terrain des "canards". Maintenant, qui pourrait dire si véritablement le club doyen est capable d'affirmer sa supériorité le restant de la saison ? […]"[2]

 L'équipe emmenée par un fringant Marcel OLLIVIER gagne par 10 à 3. On prévoit déjà un match revanche en fin d'année.

Deux matchs vont se suivent en Coupe de Nantes, le premier contre l'A.C.B. se traduit par une victoire sans appel de 35 à 0.

Le 17 novembre 1940, ce sont les Ailes Sportives qui se déplacent au Stade de Malville.

"On s'attendait bien à ce que la rencontre du Stade Nantais et des Ailes sportives consacre la supériorité du premier nommé. Le résultat a confirmé cette appréciation" […]"[3]

Depuis sa création, le S.N.U.C enregistre sa plus grosse victoire : 64 à 0.

Le 24 novembre 1940, nos Nantais se déplacent à Trignac pour la belle. L'équipe est presque complète et il n'y a pas eu de problème dans le déplacement comme le 13 octobre. Le meilleur a gagné. Trignac l'emporte 9 à 5.

"Ce résultat reflète assez bien la partie, qui fut légèrement en faveur des lignes arrières de Trignac, surtout en première mi-temps. Elles furent alimentées copieusement par une mêlée victorieuse 3 fois sur 5. […][4]

Une jolie galerie accueille la jeune équipe du SCO d'Angers, le 1er décembre. Le résultat ne surprend personne et n'appelle guère de commentaires. Il n'y eut jamais qu'une équipe sur le terrain et celle du Stade Nantais, lourde, puissante, rapide, active et fort habile, contre laquelle ne pouvaient absolument rien les tout jeunes angevins encadrés par quelques anciens. Nette victoire du S.N.U.C : 56 à 5.

Les transports ferroviaires sont toujours sous la surveillance de l'armée allemande mais le comité a réussi à mettre sur pied un déplacement à la Roche sur Yon dont l'équipe est privée de match de bon niveau. Le S.N.U.C l'emporte normalement 32 à 3 devant un F.C. Yonnais à court de compétition.

C'est la reprise de la Coupe de Nantes. À Malville, le S.N.U.C reçoit l'équipe du Vélo. La saison avance et les équipes sont de mieux en mieux préparées. La rencontre est plus équilibrée que le score l'indique. Les OLIVIER, GINESTY, BOUVIER, FAOU ont démontré toute leur science rugbystique pour remporter ce match.

Décidément avec nos amis Trignacais on ne quitte plus. Le 22 décembre 1940, le stade de Malville est copieusement garni pour la réception du R.C. Trignac. N'est-il pas le seul club à tenir tête à notre vieux club.

" […] La victoire du Stade Nantais est amplement méritée. Plus de savoir-faire, d'à-propos, de cohésions ! Tels sont les avantages qu'il enregistre sur son valeureux adversaire.

Celui ne sort pas diminué de la bataille.

Un spectateur faisait remarquer fort justement, alors qu'avants visiteurs et nantais se livraient une lutte ardente :

L'équipe Trignacais pratique un jeu qui l'apparente davantage à quelque team du Midi qu'à une formation de nos régions bretonnes, angevines ou vendéennes. L'allant, l'ardeur, la furia sont ses qualités maîtresses. Dommage qu'elle ne sache pas discipliner d'aussi heureuses dispositions."[5]

Le S.N.U.C gagne 17 à 0, soit deux victoires de chaque côté pour cette saison.

Les matchs vont se trouver suspendus pendant plusieurs dimanches. Cet hiver 1940-1941 est très rigoureux et la Loire charrie d'énormes blocs de glace. De plus l'armée allemande, suite à des événements de résistance, contrôle tous les déplacements.

Ce n'est que le 26 janvier 1941, que l'on rencontre pour la troisième fois de la saison nos voisins du Vélo Sport Nantais. La supériorité des stadistes est encore nette 45 à 9 malgré la bonne volonté du Vélo.

Le 9 février 1941, les Trignacais organisent sur leur stade, un tournoi triangulaire avec la présence du Stade Nantais et du Sporting Nazairien.

"C'était hier, à Trignac, l'ambiance des grandes réunions du temps de paix. Devant un nombreux public enthousiaste, le jeu de rugby a montré qu'il était toujours spectaculaire et intéressant lorsque les équipes veulent s'en donner la peine et surtout ouvrir. […][6]

Le premier match contre le R.C. Trignac se termine par un score nul 0 à 0. Le second contre le S.C. Nazairien se termine par une victoire. Le S.N.U.C enlève ce tournoi pour son meilleur goal-average + 20 devant le R.C. Trignac +8.

Un petit événement se produit le 23 février. Le S.N.U.C se déplace au Petit Breton pour y rencontrer une nouvelle fois le Vélo :

"Oui, tout arrive. S'améliorant constamment, acquérant au contact du S.N.U.C peut-être l'expérience qu'il lui fallait pour dompter ses adversaires, qui jusqu'à présent l'avaient d'abord écrasé, puis seulement dominé, enfin battu de quelques essais, le Vélo Sports sort tout à son honneur de ce énième match. Il ne triomphera sans doute pas pour cela, car le jeu n'en vaut pas la chandelle. […][7]

Le S.N.U.C concède sa troisième défaite de la saison par 8 à 6.

La fin de la saison arrive malheureusement très vite. Après une victoire contre le S.C. Nazairien, le S.N.U.C se déplace au S.C.O. d'Angers le 16 mars.

Vainqueur à Nantes au début de saison par une marge de plus de 50 points, le S.N.U.C n'a pu rééditer à Angers un succès complet.

Le SCO en gros progrès et bien épaulé par quelques joueurs de l'UAI a fait mieux que se défendre. L'équipe nantaise bien sûr fit un très bon match et son quinze a soulevé à Angers de nombreux applaudissements, mais le SCO en ne succombant que 17 à 6 a fait preuve que les efforts consentis pour la constitution d'un bon quinze de rugby, malgré les circonstances difficiles, n'avaient pas été vains."[8]

Souhaitant relever le niveau des matchs et satisfaire son public, le S.N.U.C a demandé aux deux clubs de St Nazaire de créer une sélection. Le 23 mars, le coquet stade de Malville a fait le plein. La sélection manquant de cohésion fait front à l'équipe nantaise et ne s'incline que par 6 à 3.

Fort du succès de ce match, le dimanche suivant, c'est une sélection des clubs nantais que reçoit le S.N.U.C à Malville. Moins forte que celle de St Nazaire, elle s'incline justement par 14 à 6.

Pour l'avant dernier match, on reçoit le F.C. Yonnais qui souhaite se racheter de leur défaite que le S.N.U.C leur avait concédée sur leur terre. L'équipe locale n'est pas au complet mais bien emmenée par leur valeureux capitaine Marcel OLLIVIER, le S.N.U.C gagne par 22 à 5.

Le dernier match est attendu par les nombreux supporters. Une équipe parisienne, l'U.S. Métro a réussi à venir jusqu'à Nantes malgré les aléas du transport ferroviaire. Ça sent la fin de saison et les spectateurs nantais, venus nombreux, sont un peu déçus de ne pas voir l'US Métro au complet comme les saisons précédentes. Nos SNUCistes mettent beaucoup de cœur et gagnent cet ultime match 22 à 11.

Cette saison est à oublier. Privé de championnat, elle fut sans saveur privant le public nantais de grandes rencontres. Il sera difficile, si la guerre n'arrête pas, de rencontrer des équipes du sud qui évoluent dans une zone non occupée.