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Saison 1939-1940

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Le 7 Juillet, la Fédération Française de Rugby reçoit un courrier de l'International Board annonçant qu'il recommande aux quatre unions britanniques de rugby de reprendre les relations avec la France

Le Docteur Yves THOMAS n'a pas souhaité continuer la présidence du S.N.U.C rugby à l'échéance de son mandat. Le comité directeur décida unanimement de solliciter son ancien président Pascal LAPORTE de reprendre en main la direction du club. Cédant à ces instances amicales, Pascal LAPORTE devait accepter peu après.

Durant l'été, il se penche sur le calendrier 1939-1940 en engageant le S.N.U.C dans le challenge du Manoir et a le souhait de faire venir plusieurs équipes britanniques et peut-être une équipe allemande.[1]

Les supporters pourront voir de grandes équipes au Parc des Sports. Le Stade Nantais est engagé dans la poule A du Challenge du Manoir avec le Racing Club de France, le CA Béglais, la Section Paloise, l'Aviron Bayonnais et le CA Périgueux.

Est-ce prémonitoire ? La section de Préparation Militaire du S.N.U.C, en sommeil depuis quelques années, va opérer de nouveau sous la direction d'une commission compétente composée d'actifs dirigeants anciens cadres de réserve de l'Armée.

[…] Un uniforme a été choisi. Il se compose d'un calot bleu à pompon tombant aux couleurs du club, chemisette blanche à manches écussonnées S.N.U.C, short bleu marine, bas blanc à revers vert blanc rouge. […][2]

Mais tout ne se déroule pas comme prévu. Alors que l'Allemagne vient d'envahir la Pologne, le 3 septembre, la France et L'Angleterre déclarent la guerre contre l'Allemagne et mobilisent le maximum d'hommes.

"Quand le pays appelle ses enfants aux armes, la place des sportifs est à l'avant-garde.

Nos athlètes nantais n'ont pas failli à ce grand devoir national et nombreux sont ceux qui sont d'ores et déjà rendus sur la ligne de feu.

Si quelques autres sont encore en garnison, leur départ pour le front n'est plus question de jours, sinon d'heures.

La population nantaise qui applaudissait chaque dimanche ses joueurs préférés, ne manquera pas d'adresser un souvenir ému à ces sympathiques jeunes gens qui lui ont fait passer tant d'heures agréables.

Le Stade Nantais avait préparé un calendrier magnifique et sa saison devait être auréolée d'un vif éclat.

Les événements, hélas, ne l'ont pas voulu. […]"[3]

L'article se poursuit en donnant l'affectation d'une quinzaine de joueurs du S.N.U.C qui évoluaient les saisons précédentes dans l'équipe fanion.

" […] Malgré les vides qui se sont creusés dans toutes ses sections et parmi ses dirigeants, il est bien décidé à continuer à vivre et à former des jeunes qui certainement marcheront à grand pas sur les traces de leurs aînés.

L'équipe première de rugby étant tout entière sous les drapeaux, il a été décidé qu'une première réunion qui groupera tous les joueurs disponibles aura lieu dimanche prochain à 14 h 30 au stade de Malville. […]

[…] Il importe, en effet que, dans un but patriotique, le grand club nantais regroupe ses adhérents désireux d'imiter leurs anciens.

La jeunesse, au cours de cette période troublée, a besoin de saines distractions que seule la pratique des sports est capable de lui procurer. […]"[4]

Toutes les compétitions sportives prévues au niveau national sont suspendues voire annulées.

Le 24 septembre, un premier entraînement dirigé par BOUVIER et TARDIVEL sous les yeux de Pascal LAPORTE et Hélier TILH permet de disputer une partie amicale à neuf contre neuf. Pour l'instant l'effectif est jeune et un peu juste.

Le premier match est disputé contre les Ailes Sportives[5]. Si le S.N.U.C gagne le match, le résultat est sans valeur et c'est surtout un bon entraînement. Comme le titrait le Phare : "Pour faire de nos "fistons" des soldats pour demain."

Il faut attendre le 22 octobre pour que le S.N.U.C dispute son premier match officiel contre les Anglais du B.M.T.S.D.[6] Depuis plusieurs mois, les troupes anglaises sont stationnées entre Nantes et Saint Nazaire. Rowland BABBAGE, équipier depuis plusieurs saisons, s'est fait l'intermédiaire entre ces Anglais et le S.N.U.C. Le Football et le Rugby sont deux sports pour divertir les troupes.

Le Parc des sports n'a pas fait le plein mais on vient voir ces Anglais commandés par leur capitaine : l'international Dermot Lionel Kennedy MILMAN (1912-1990). Une partie de la recette va permettre d'envoyer des colis auprès des S.N.U.Cistes mobilisés. Le match n'est pas à la hauteur des espérances et le Stade Nantais gagne par 15 à 3.

Jusqu'à la fin novembre, les matchs contre les troupes anglaises vont se succéder.

Le 19 octobre 1939, c'est le Dorset Wanderers, puis le match revanche contre le B.M.T.S.D. Si le premier match est gagné, le second se termine par un score de parité 13 à 13. On voit souvent dans le compte rendu du match le mot "censure". L’article comportait-il des renseignements "stratégiques’’ sur les unités britanniques ?

Comme pendant la guerre 1914-1918, les journaux français avait lancé une opération : "un ballon pour nos soldats". Le Phare renouvelle cette opération pour le début de cette guerre. La générosité des clubs nantais ne tarde pas à se faire remarquer. Le SNUC donne un pourcentage de ses recettes permettant d'acheter un ballon chaque semaine. Le généreux Pascal LAPORTE y va d'un don personnel de 500 Frs. Le journal relate régulièrement les remerciements des régiments ayant eu soit un ballon de rugby soit un ballon de football.

Pascal LAPORTE avait émis le vœu de disputer un match contre une équipe anglaise. Les problèmes liés au le conflit n'ont pas permis de réaliser ce désir. Il mandate Rowland BABBAGE de réunir le maximum de ses compatriotes joueurs gallois en garnison à Nantes pour disputer un match pour le 11 novembre au Parc des Sports. Ainsi est née la WELSH TEAM.

Nous n'avons pas trouvé les noms composant cette équipe dans les journaux locaux et aucun nom anglais ne figure dans le compte rendu du match que le S.N.U.C remporte 15 à 0. La censure est encore passée par là.

" […] Bref voici le S.N.U.C remarquablement armé pour affronter les plus dangereuses formations du territoire et enlever comme le S.N.U.C en 1917, la Coupe de France que la FFR se décidera peut-être à créer un jour".[7]

Les matchs contre les Anglais se suivent au Parc des Sports et nos jeunes nantais, à leur contact, s'améliorent. Ils remportent leur match contre l'Ordnance Worshop[8] 9 à 3 et leur troisième match contre le B.M.T.S.D. 11 à 6.

Le 3 décembre 1939, le premier match contre une équipe locale : le Vélo Sport Nantais, se déroule au Parc des Sports. On est heureux que l'équipe soit renforcée par BABBAGE qui fait son entrée mais aussi celle de Marcel OLLIVIER actuellement en permission. Le Stade Nantais remporte le match par 21 à 5 devant les jeunes du Vélo qui jouaient seulement leur deuxième match.

Avant de recevoir le R.C. Trignac, on dispute un match contre une nouvelle équipe militaire britannique : le R.A.S.C. [9] Nouvelle victoire S.N.U.Ciste : 18 à 0.

Le 17 décembre 1939, on va pouvoir se juger contre la meilleure équipe nazairienne. A dire vrai et selon les comptes rendus le match ne fut pas spectaculaire.

[…] Il faut rendre cette justice au Stade Nantais qui chercha toujours à ouvrir mais la défense impitoyable des "canards" limita ses brillantes possibilités. […][10]

Grâce à un exploit de FAOU conclut par GAUTIER, le S.N.U.C l'emporte 3 à 0.

L'année se termine par deux autres matchs contre des équipes anglaises : le R.A.S.C. et l'Ordnance Workshop. Ce championnat amical "anglais" a permis de parfaire la condition de nos jeunes nantais et de mettre en valeur leur qualité. Sur 9 matchs, 8 victoires et un nul.

Le 25 décembre 1939, nos vétérans, "les vieilles gloires", continuent à entretenir leur condition physique contre l'Ordnance Workshop au stade de Malville. Le but de ce match est de récolter des fonds au profit de l'œuvre du Colis aux Soldats est organisé par le journal; le Phare.

"[…] Pour ne point sacrifier à la vérité, nous nous devons de signaler qu'un aperçu vite que le team des vétérans comptait plusieurs anciens capitaines dans ses rangs, tant d'ordre d'ailleurs généralement contradictoires étaient donnés.

Mais, n'est-ce pas le sort des vrais vétérans d'avoir conservé beaucoup plus de voix que de moyens physiques…La vie passe. […]"[11]

Les vétérans gagnent par 2 essais à zéro.

L'année se termine par une victoire contre l'Ordnance Workshop 14 à 0. Il faut dire que le S.N.U.C était heureux de retrouver quelques militaires en permission dont SEVER et OLLIVIER. Dans un article dans le journal l'Auto signé R.M. ROLLAND Trésorier de la FFR signale :

[….] En Atlantique, pas de compétition non plus ; l'intérêt que porte au rugby le public nantais a été entretenu par la production de nombreux matches disputés par le Stade Nantais UC contre des équipes britanniques. Signalons encore que le vieux Stade Nantais a pu mettre sur pied cinq équipes de rugby ; il doit, sur ce point, être à l'heure actuelle le premier club de France. […][12]

La mobilisation handicape lourdement tous les clubs nantais. L'année sportive 1940 ne s'annonce pas bien. Le S.N.U.C est heureux de pouvoir accueillir une équipe régionale. Encadrés par Rowland BABBAGE, les Nantais sont, pour la plupart, des juniors. Ils remportent ce match 21 à 10.

[…] Ce fut, en somme, un bon match – un galop, plutôt – d'entraînement. […][13]

Il faut attendre la fin du mois de janvier pour disputer un autre match contre une équipe d'une garnison britannique : le T.C.C. [14]Nouvelle victoire de nos jeunes nantais : 21 à 3.

Pour la deuxième fois de la saison, le R.C. Trignac vient rendre visite aux SNUCistes avec une équipe jeune.

"Compte tenu des circonstances que nous traversons, les deux équipes se sont employées à fournir un jeu assez plaisant à suivre. Des deux côtés vétérans et jeunes, dans la mesure de leur souffle et d'un entraînement souvent précaire, ont fourni le maximum d'efforts. […][15]

Les Trignacais s'inclinent 6 à 3 mais un match nul aurait été plus juste.

Deux matchs à suivre contre le Vélo Sport Nantais se terminent par deux victoires.

Depuis le début de la saison, le Stade Nantais avait eu l'occasion de se mesurer avec d'excellentes équipes de clubs, privées, comme lui de leurs meilleurs éléments du temps de la paix, ou des teams militaires dont la valeur n'excédait pas une honnête moyenne. Mais le 3 mars, c'est une véritable sélection qu'il reçoit avec la Base Aéronavale de Rochefort mélange de treiziste et de joueurs évoluant dans des clubs du Sud-Ouest dont le capitaine est NOUVEL l'international professionnel à 13. Sous le sifflet de Louis MURAIL, la jeune équipe du S.N.U.C s'incline par 24 à 6.

On continue à disputer des matchs contre nos amis britanniques en garnison à Nantes. Le 10 mars, c'est une sélection étrangère Sub-Aréa qui rencontre le S.N.U.C au Parc de Malville. La plupart des joueurs viennent de la Royal Air Force. Ils manquent beaucoup d'éléments dans les rangs nantais (FAOU, BABBAGE, CORVEN, FERRE, PADOVANI, BOUVIER). Dans ces conditions, ils ne pouvaient espérer qu'une honnête performance. Ils s'inclinent par 11 à 6.

La fin de saison se termine sans grande joie malgré quatre victoires et une défaite contre la B.A. Rochefort. C'est une saison à oublier mais malheureusement les nuages vont continuer à s'accumuler.

À partir de mai 1940, c’est l’exode : Belges, Luxembourgeois, Français, puis les soldats épuisés qui n’ont pas résisté au raz-de-marée allemand. Le 14 juin, les Anglais quittent Nantes, détruisent leurs camions et armes lourdes avant de repartir. Le 18 juin, les Allemands entrent à Nantes.

     
   
 

 

 

 

 

   

 

   

[1]Les vœux de Laporte seront en partie exhaussés mais « l’équipe allemande » n’est pas venue avec les mêmes intentions.

[2] L'Echo de Loire 03/08/1939

[3] Le Phare 21/09/1939

[4] Le Phare 22/09/1939

[5] Cette équipe s’appelait les AILES (emblème de l’usine S.N.C.A.S.O). En 1947, elle fusionne avec l'Étoile de REZE et prend le nom de l’A.S.B.R. (Ailes Sportives Bouguenais Rezé).

[6] B.M.T.S.D.: Base mechanical transport stores depot, soit le dépôt de matériel

[7] Le Phare 13/11/1939

[8] Le service en charge du matériel

[9] Le service chargé des transports terrestres, maritimes et aériens.

[10] Le Phare 18/12/1939

[11] Le Phare 26/12/1939

[12] L'Auto 12/01/1940

[13] Le Phare 08/01/1940

[14] Trafic control compagny, soit la compagnie de circulation.

[15] Le Phare 05/02/1940

   

 
     
     
           
 
 
 

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