En ce début de saison, le président Yves THOMAS est fier d'apprendre que le S.N.U.C est invité à participer au Challenge Yves du Manoir, créé par le Racing Club de France, regroupant de grands clubs français. C'est la reconnaissance de tous les efforts effectués et couronnés par les bons résultats des saisons précédentes. Alors que le nouveau stade de Malakoff sort de terre, c'est l'assurance de belles recettes pour la caisse du trésorier. Début juillet, le siège, qui était au 34 rue de la Fosse, est transféré au 1 rue Santeuil.

Étant breveté moniteur de l'école de Joinville, Marcel OLLIVIER ouvre un cours d'éducation physique durant l'été, au stade de Malville, pour maintenir et améliorer la forme physique des joueurs des minimes aux seniors. On note très peu de mouvements à l'intersaison. Quatre équipes seniors et une équipe juniors seront engagées en championnat.

Le 20 septembre, c'est un groupe de 20 équipiers qui part vers Angers rencontrer le SCO pour un match de remise en jambes. La victoire du S.N.U.C par 17 à 0 est assez anecdotique tant les deux équipes ne sont pas au même niveau.

On ne peut démarrer une saison sans rencontrer nos amis Trignacais à qui nous rendons visite le 27 septembre. La cohésion de l'équipe nantaise, qui est à peu près la même que la saison passée, est supérieure à celle de Trignac. OLLIVIER, BABBAGE et FAUCON sont déjà en grande forme. Nantes marque 5 essais et termine par une victoire 17 à 5.

Quand le calendrier de la saison est sorti cet été, on avait entouré la date du 3 octobre. C'est le premier match du Challenge du Manoir mais aussi l'ouverture du Parc des Sports où l'on reçoit la redoutable équipe du Racing Club de France. Depuis une semaine, le nouveau siège du club est envahi par les membres honoraires qui veulent leur carte et un public averti qui souhaite retirer sa place. Le premier match de la saison donne le ton et est souvent de bon augure pour la suite. Un temps idéal, quoique un peu chaud, contribua au succès de cette magnifique réunion. La partie est acharnée, emballant le public, mais toujours jouée dans le plus pur esprit du jeu et la fin est sifflée sur un score de 7 à 5 en faveur du S.N.U.C (1 drop-goal de SEVER et 1 essai de MARCHAND). Cette belle victoire laissera de très bons souvenirs à nos rugbymans.

Tout n'est pas parfait et c'est seulement le travail qui amènera de nouveaux succès. Le 10 octobre, le CA Béglais annonce qu'il arrive avec une équipe complète et prend ce match très au sérieux. Le S.N.U.C souhaite prendre sa revanche du 20 décembre 1936 où la défaite lui est restée en travers la gorge. Le public a répondu présent et commence à aimer ce nouveau stade. Il soutient son équipe dont le rugby d'attaque arrive à percer la défense béglaise. C'est par un score de 6 à 3 (2 essais de BARBE et MARCHAND) que se conclut ce magnifique match.

Le 16 octobre, c'est encore un grand club qui vient fouler la pelouse de Malakoff en amical : l' AS Montferrand, champion de France 1937. Les dimanches se suivent et ne se ressemblent pas. Le SNUC ne renouvelle pas sa production des journées précédentes et s'incline 6 à 0.

Pour recevoir le champion de France 1936, le RC Narbonne, notre S.N.U.C doit sortir ses meilleurs atouts pour ne pas succomber. La tâche paraît lourde mais pas insupportable. Avec leur méthode rude et une deuxième mi-temps qu'ils dominèrent, les Narbonnais gagnent le match par 3 à 0. Nantes doit augmenter son entraînement physique pour tenir une heure.

On revient à Malville pour recevoir l'ASPTT de Paris en amical et on laisse Malakoff à Nantes XIII en cette veille de Toussaint.

Partie peu intéressante où il manquait plusieurs équipiers sélectionnés dans l'équipe de l'Atlantique. Résultat 8 à 5 pour le S.N.U.C.

Le 7 novembre, le S.U. Agen arrive dans l'antre de Malakoff dans l'espoir de faire tomber nos S.N.U.Cistes toujours en Challenge. Réclamé par le public et écarté du groupe, FILLOL fait son grand retour à l'ouverture. AGEN aurait dû gagner ce match, tant il est fort dans chacune de ses lignes. Mais le trublion FILLOL, entré en jeu sous les ovations du public, ajusta un drop-goal en fin de première mi-temps qui était suffisant pour battre les Agenais 4 à 3 et prendre la cinquième place au classement général.

Le déplacement à Brive va permettre de juger si nos Nantais peuvent voyager et ramener un bon résultat du moins, ils l'espéraient. [1]

"On savait que les Corréziens prenaient un soin jaloux de leurs châtaigniers. Mais on ignorait la générosité avec laquelle les "gaillards" de Brive en distribuaient les marrons. Maintenant, on est fixé : les Brivistes n'ont pas usurpé leur réputation, et ce sont bien les plus grands producteurs de France. Demandez plutôt aux joueurs du Stade Nantais.[…][2]

Le toujours souriant gallois BABBAGE conclut : "Encore un match comme celui-là, et je ne joue plus".

Le match est sifflé sur un score de 13 à 0 en faveur de Brive avec de nombreux blessés dont JULIEN, 2 côtes fracturées, CERTOUX, front ouvert et VERBE, 2 dents de cassées suite à deux KO. La note finale est lourde.

Le long déplacement du 21 novembre à Biarritz sera-t-il plus agréable ? L'accueil et l'esprit basque convienNENt mieux aux Bretons. Les Biarrots ont besoin de points pour améliorer leur classement. Ce n'est que dans le dernier quart d'heure que Biarritz marque un essai transformé remportant la victoire 5 à 0.

Pour l'inauguration du Stade Malakoff, on reçoit le club nourricier de Pascal LAPORTE : le S.B.U.C. Une vieille rivalité saine et amicale anime nos deux clubs. C'est la foule des grands jours. Sur le plan sportif, les Bordelais sont favoris, mais nos Nantais veulent se racheter de leurs deux derniers déplacements. Comme il fallait s'en douter la qualité du jeu bordelais est supérieure à celle des Nantais et malgré la botte de FILLOL (2 pénalités), le S.N.U.C s'incline 8 à 6. Malgré tout, la foule des grands jours a vibré pour la qualité du rugby qui lui a été proposée.

On délaisse le Challenge pour attaquer le championnat de France Honneur à Périgueux. L'expérience acquise contre les grandes équipes de ce début de saison a permis de battre facilement l'équipe périgourdine par 15 à 0.

Le long déplacement à Carcassonne, le 12 décembre contre les troisièmes du Challenge ne va pas être une partie de plaisir. De plus, les Nantais sont handicapés par l'absence de plusieurs titulaires. L'addition est lourde : 35 à 0. Avec ce résultat, le S.N.U.C prend l'avant-dernière place du classement général.

Après avoir fait quatre longs et fatigants déplacements en cinq dimanches, le S.N.U.C va enfin goûter aux joies de matchs sur son terrain. Le SA Bordelais est battu 12 à 0 et le dimanche suivant les Tullistes subissent le même sort par 12 à 5. Deux belles victoires qui relancent l'équipe. Ce dernier match a été joué avec des joueurs réservistes, car le lendemain, le 26 décembre, on reçoit l'équipe roumaine du Stadium Roman de Bucarest.

Dès les premières minutes, on a senti que cette équipe était moins forte que celle du S.N.U.C. La loyauté et la sportivité des Roumains créèrent autour d'eux une atmosphère de sympathie. Ce fut un festival offensif des deux côtés qui ravit le public ayant bravé les frimas de cette fin d'année. Le S.N.U.C marque 11 essais et Bucarest avec 2 essais s'incline par 34 à 10. FILLOL, dans un grand jour marque à lui tout seul : 16 points. Les deux équipes ont continué à fraterniser dans les salons de la Duchesse Anne autour d'un copieux dîner.

Le championnat reprend ses droits en recevant le F.C. Yonnais. Les Vendéens ne se font pas trop d'illusion, l'équipe nantaise leur est supérieure. Alors que la mi-temps est sifflée sur un score de 3 à 3, dans la deuxième mi-temps, la technique et le physique du S.N.U.C sont fatals à la Roche sur Yon qui est battue 22 à 3.

Le 16 janvier, le déplacement à Montferrand va être dur devant une équipe favorite de la poule du Challenge. Il faudra limiter la casse. Privé de FAUCON, FILLOL et BARBE, le S.N.U.C est trop handicapé devant la belle équipe auvergnate et perd lourdement 36 à 8.

Une victoire contre le SC Angoulême, le 23 janvier, assurerait au S.N.U.C, la première place de sa poule en Honneur. Mais c'est une équipe nantaise sans force, sans ressort, et incapable de se soustraire à l'emprise adverse qui gagne, piteusement grâce à la botte de FILLOL 6 à 0. Mais la qualification pour le premier tour est assurée.

C'est l'esprit serein que le déplacement à Niort est envisagé. Le comité directeur a réservé "un autorail Bugatti avec siège Pullman" dixit le Phare du 25 janvier pour les supporters qui souhaitent accompagner l'équipe. C'est sous un temps splendide et devant un public record que le S.N.U.C clôt la première phase de championnat par une victoire 14 à 0 et termine premier de sa poule se qualifiant pour la suite du championnat de France.

Le dernier match du Challenge se dispute contre les redoutables Tarbais, le 6 février.C'est un match plaisant, aéré et courtois. Le match nul reflète la physionomie du match : 3 à 3. Les Nantais terminent à l'avant-dernière place du Challenge devant le CA Béglais.

La commission des calendriers de la F.F.R. a réuni dans une Poule de 3, le S.N.U.C, Toulouse OEC et Montluçon. Le 13 février, le déplacement à Montluçon devient primordial. Une victoire a l'extérieur est nécessaire. Les conditions météorologiques ne sont pas favorables pour développer du beau rugby. Un vent extrêmement violent avec une tempête de neige frigorifie joueurs et spectateurs. Finalement, le S.N.U.C par sa meilleure adaptation, remporte le match : 9 à 6 (1 essai de FAUCON, 1 transformation et 1 drop-goal de FILLOL).

Après avoir battu Gujan Mestras (10 à 6) et le Stade Français (17 à 8) en matchs amicaux, on termine le championnat de France en recevant les étudiants toulousains du TOEC, le 6 mars. C'est un adversaire qui n'est pas facile à manœuvrer, même si dans les journaux, à leur chronique sportive, donnent le SNUC vainqueur. Les Toulousains n'étaient pas venus pour faire du beau jeu et sont copieusement sifflés pour leur violence par le nombreux public qui avait envahi les travées de Malakoff. Nantes gagne 16 à 0 dont 13 points de FILLOL et se qualifie pour la suite. On retiendra cette apostrophe désormais célèbre lancée à son rival à la sortie du terrain, et qui a quelque peu bousculé son flegme et sa correction britannique :"Monsieur, permettez de vous dire que vous êtes une vache de première qualité"[3]

Le 20 mars, c'est à Bergerac, que le S.N.U.C va tenter, contre le FC Auch, de reprendre une place en division Excellence dont il est digne et qu'il n'aurait jamais dû quitter la saison passée. Il y a qu'à lire les titres des journaux pour comprendre l'éloge fait aux Nantais :

"La performance attendue avec une certaine importance"[4].

"Après une éclipse d'un an, le vieux S.N.U.C, brillamment reprend sa place en Excellence"[5].

"La performance attendue avec une certaine impatience, le STADE NANTAIS retrouve sa place en division Excellence"[6].

Le tableau d'affichage reflète la domination des SNUCistes : 20 à 3. Le retour en train fut des plus joyeux et partagé avec leur ancien capitaine Jean CLAVERIE qui avait été sélectionné avec l'équipe de France amateur de jeu à XIII et qui voyageait avec eux.

Va-t-on renouveler l'exploit de la saison 1932-1933 et aller chercher le titre de championnat de France ? Le 4 avril, c'est à Poitiers que l'on retrouve en quart de finale le SC Tulles que l'on avait battu en finale du Tournoi du Sud Ouest l'année passée. Mais le S.N.U.C paraît fatiguer et ne pratique pas le rugby qu'on lui connaît. Sous un beau soleil, Tulle remporte logiquement le match par 14 à 3. La saison se terminera par un match amical contre Trignac à Pornic.

C'est une saison bien remplie et le comité directeur a atteint ses objectifs : remonter en Excellence. Elle pourra compter sur une belle équipe junior qui a été éliminée par l'A.S. Montferrand en championnat de France à Tours par 20 à 3.