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Saison 1936-1937

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On a fini d'essuyer ses larmes et la vie sportive reprend son cours. Depuis la fin juillet, Marcel OLLIVIER aime se retrouver avec plusieurs joueurs pour s'entraîner autour du fronton de pelote basque afin d'affiner la condition physique. Comme la saison passée, le Stade Nantais est engagé dans le championnat de France Excellence et le Tournoi du Sud Ouest.

L'effectif, à l'intersaison, n'a pas évolué et c'est un groupe de 20 joueurs qui fait le déplacement pour le traditionnel match amical à Trignac qui ouvre la saison, le 20 septembre.

"C'est une splendide partie que le public Trignacais a assistée hier. Décidément le jeu de rugby est le plus populaire des sports. Lorsque ses pratiquants veulent jouer correctement, le public vibre comme jamais il ne le fait sur les stades../.."[1]

En deuxième mi-temps, les Trignacais, mieux préparés physiquement, étaient sur le point de remporter la partie sans l'exploit de FAUCON qui marque son essai transformé par SEVER à quelques minutes de la fin. La saison démarre par une première victoire : 9 à 6.

Un public nombreux s'est déplacé au Parc des Sports pour voir son équipe débuter à domicile contre le Boucau, le 27 septembre. À la fin du match, les supporters sont déçus par le manque de cohésion et, surtout, de présence physique, sans doute, en raison d'un manque d'entraînement. Le S.N.U.C l'emporte difficilement 8 à 0. Le capitaine OLLIVIER se doit de reprendre ses hommes en main sinon la saison risque d'être difficile.

La première partie officielle est disputée contre la très belle équipe de l'U.S. Cognac. Chaque équipe souhaite démarrer le tournoi de la meilleure des façons. Néanmoins, ce fut la science et l'habitude des rencontres sévères qui l'emportèrent sur la fougue et la jeunesse Cognacaise. Par deux essais de MARCHAND et SEVER, le S.N.U.C gagne la partie par 8 à 5.

Trois semaines après leur première rencontre, Trignac vient à Nantes pour le match des champions. En première mi-temps, les avants, sur le conseil de leur capitaine OLLIVIER, jouent entre eux en oubliant trop souvent leur trois-quarts. En deuxième mi-temps, changement de tactique, et le jeu devient plus attractif encouragé par les applaudissements du public. Le S.N.U.C marque 6 essais et Trignac s'incline 22 à 5.

On enchaîne par la réception, en amical, de la belle équipe des étudiants Toulousains du TOEC. Tout n'est pas parfait en ce début de saison pour les deux équipes mais Nantes, sur ce match est mieux en place. La deuxième mi-temps est plus favorable aux Nantais qui terminent le match avec une belle victoire 14 à 0. Si le jeu de l'équipe est encore en rodage, on peut noter que c'est la quatrième victoire de suite.

Le 25 octobre, un long déplacement à Aurillac n'est pas sans danger. Malgré l'absence de plusieurs titulaires, le S.N.U.C l'emporte 10 à 0.

Le jour de la Toussaint on reçoit l'équipe de Montauban dans le Tournoi. C'est une équipe en plein renouvellement qui fait confiance à ses jeunes qu'elle a formés. Le public a assisté à une partie très agréable d'autant plus que son équipe a gagné largement par 17 à 0. Mais un bruit circule dans les travées comme quoi on pourrait assister à la dernière saison au Parc des Sports.

Après un déplacement à la Roche-sur-Yon où il a remporté une belle victoire 10 à 3, le S.N.U.C reçoit les basques de l'A.S. Bayonnaise, le 15 novembre dans le Tournoi. Cette équipe réussit assez bien à nos Nantais dans les saisons passées. Avec eux, il y a toujours du beau jeu pour la plus grande satisfaction des acteurs et surtout du public. "Une très belle partie, une très belle victoire"[2] titrait le Phare en préambule de son compte rendu. L'équipe nantaise semble transformer et le public a applaudi sans cesse aux exploits de leurs favoris. Le résultat semble important : 25 à 0 mais BAYONNE n'a jamais fermé le jeu en jouant tous les ballons à la main et il en fut de même du côté nantais avec plus de puissance dans ses avants.

Un des meilleurs clubs parisiens, le PUC arrive à Nantes, le 22 novembre avec une équipe en pleine possession de ses moyens et qui joue les premiers rôles au niveau de sa poule Excellence. Le Parc des Sports étant occupé, c'est à Malville qu'a lieu la rencontre. La bise glaciale et le brouillard n'avaient pas découragé les spectateurs. Tout le monde était d'accord pour constater que le S.N.U.C a fait de gros progrès et qu'il récite son rugby. La victoire par 16 à 0 vient le prouver.

C'est encore un adversaire de classe Gujan Mestras qui arrive à Nantes dans le cadre du Tournoi. Très bien classée dans ce championnat, l'équipe vient à Nantes pour faire un résultat qui la propulserait dans la tête du classement. Mais le S.N.U.C, dans les conditions actuelles, est imbattable. Le préposé à l'affichage ne s'occupa que de celui du S.N.U.C qui remporte une belle victoire : 14 à 0 avec 3 essais marqués par les avants OLLIVIER, COTTIER et MARCHAND et un transformé par FILLOL.

Avant de démarrer le championnat en Excellence, le comité a conclu deux matchs amicaux. Pour la première fois, arriva à Nantes, Bort les Orgues. L'équipe corrézienne bataille dans son championnat avec Brive dont elle est d'égale valeur. Bien que privée de SEVER, BARBE et GLEONEC, l'équipe nantaise n'a pas semblé être handicapée et remporte le match 16 à 5. MARCHAND, LEGALL et COTTIER marquent chacun un essai et FILLOL complète le score avec son pied. Le 13 décembre, les Angevins du SCO arrivent au Stade de Malville pour faire douter leurs voisins nantais. Jamais le stade n'avait reçu une foule aussi nombreuse, les bons résultats depuis le début de la saison favorisent cet engouement. Longtemps le SCO a tenu tête au S.N.U.C, mais dans les dernières vingt minutes privés de deux joueurs clés, il encaisse vingt et un points et perd la partie : 27 à 0.

Pour démarrer le championnat, l'équipe du S.N.U.C est pleine de confiance : treize victoires, aucune défaite, 196 points marqués pour 24 encaissés. C'est le plus beau bilan depuis de nombreuses saisons.

Le 20 décembre, la foule estimée à 5 000 personnes a envahi le Parc des Sports. Pour ce premier match de championnat Excellence, on reçoit le C.A. Béglais.

"La partie s'annonce très serrée et particulièrement émotionnante…/.."[3]

Mais le S.N.U.C est victime d'un curieux incident. FILLOL avait passé une pénalité en première mi-temps. La victoire paraissait acquise. À cinq minutes de la fin, une mêlée, en faveur des Béglais, est sifflée dans les 22 mètres du S.N.U.C. Au moment où la balle sort de la mêlée, un coup de sifflet retentit. La plupart des joueurs se relevait, mais le demi de mêlée HART, s'emparant de la balle transmet à son demi d'ouverture SOURGENS qui, froidement, passe le drop consacrant la victoire de son équipe 4 à 3. Le capitaine OLLIVIER va refuser de signer la feuille de match, malgré tout le résultat sera entériné. C'est une défaite au goût amer, car la poule est très relevée.

Certains journaux remettent en cause la valeur des points du drop-goal soit 4 points, "effort d'un seul joueur qui compte plus que l'essai, effort de toute une équipe".[4]

Pour le dernier match de l'année, le S.N.U.C reçoit Bergerac dans le tournoi, le jour de Noël. Nos Nantais sont revanchards et ont la défaite de dimanche dernier en travers de la gorge. Ah ! Si le S.N.U.C avait joué ce même match contre BÈGLES, il n'aurait aucun regret aujourd'hui, car ce fut une magnifique victoire : 17 à 0. FILLOL, à lui seul, a marqué 12 points (2 drop-goals et 2 transformations).

Avant les grosses échéances, on reçoit, toujours avec le même plaisir nos amis du STADE FRANÇAIS en match amical le 3 janvier. On en profite pour essayer de jeunes joueurs dont LEGER au talonnage, PINEL à l'ouverture et MURAT à l'aile. Leur comportement est exemplaire et MURAT y va même de son drop-goal. Finalement, le S.N.U.C remporte une belle victoire par 10 à 6.

Ce 10 janvier, retour au Tournoi où on accueille les étudiants bordelais du BEC. Le public, présent au Parc des Sports, espérait voir du beau jeu, mais il y eut trop de cafouillage de part et d'autre. CHAMBOULEYRON marque un essai et le reste est de la botte de FILLOL. Cette victoire acquise sur le score de 12 à 8 n'est pas de bon augure avant les deux matchs de championnat.

Le stade d'Aguilera est prêt à recevoir les Nantais, ce 17 janvier. Les Biarrots ne sont pas trop sereins, car ils savent que les Bretons sont en pleine forme, emmenés par leur capitaine international OLLIVIER.

"Très athlétiques, excessivement rapides et adroits, d'une mobilité et d'une précision dans les dégagements qui pourraient servir d'exemple à pas mal de nos clubs méridionaux, animés, par surcroît, d'une ardeur, d'un cran admirable, ils luttèrent pied à pied avec les nôtres, terminant à égalité au moment du repos et, après avoir contenu de furieux assauts, revenant si fort en fin de match que la foule entière en faisait les vainqueurs moraux…/.."[5]

Les deux équipes se séparent sur un score de parité 6 à 6. Ce match nul vaut presque une victoire, mais comptablement cela ne fait pas les affaires du S.N.U.C.

Le 24 janvier, pour la réception de Brive, la victoire est impérative pour sauver sa place en poule d'Excellence. Il n'y a pas de match retour. Le journal l'Auto place cette équipe dans les cinq meilleures de France. Nos Nantais vont avoir une tâche très difficile et le Parc des Sports connaît une affluence record. On a assisté à une partie palpitante en raison de l'enjeu et de l'indécision de résultat. Il n'en reste pas moins que le SNUC a battu une des meilleures lignes d'avants de France.

../.. Mais l'activité, le courage, l'ardeur de ses éléments lui permirent de forcer la victoire en bloquant tous les départs de l'adversaire../.." [6]

Grâce à une pénalité de SEVER, le S.N.U.C l'emporte 3 à 0. Mais est-ce suffisant pour se maintenir en Excellence ? Tout va se jouer dans la dernière journée.

Le comité directeur a préparé un déplacement des supporters pour accompagner son équipe à Lons Le Saulnier, le 7 février. Départ le vendredi à 22 heures pour une arrivée à Lyon à 8 h 50, plus une heure de train pour aller à Lons, un trajet qui n'est pas propice à la préparation. Malgré une grosse dépense d'énergie, le S.N.U.C n'arrive pas à percer la défense redoutable des Lédoniens et s'incline 6 à 0. Côté nantais, la déception est grande et il va falloir passer par les barrages pour conserver sa place en Excellence. OLLIVIER reprend les choses en main et PASCULL, l'entraîneur est remercié.

En attendant le match de barrage, on dispute trois matchs amicaux qui se soldent par une défaite contre l'AS Montferrand (21-8) et deux victoires contre le Red Star (18-6) et une sélection bordelaise (11-0).

Le 7 mars, le S.N.U.C se déplace à Angoulême pour disputer le match de barrage contre Decazevilla. Les Nantais rentrent sur le terrain un peu trop confiants devant une jeune équipe aveyronnaise qui n'a rien à perdre. Une erreur tactique permet à Decazeville de marquer un essai transformé dans le dernier quart d'heure envoyant le S.N.U.C en Honneur la saison prochaine. La déception est grande, mais c'est la loi du sport. Les commentaires des journaux locaux sont assez acerbes sur la gestion de l'équipe au cours de la saison.

Toutefois, il faut s'accrocher pour essayer de gagner le Tournoi car le club est bien positionné. Le 7 mars, la réception d'Angoulême se traduit par une large victoire 15 à 3. Dans les travées du Parc des Sports, le cœur n'est pas à applaudir suite aux déconvenues des journées précédentes et plusieurs sifflets de déçus sont venus ternir ce match. Avec cette victoire, le S.N.U.C va, quand même, disputer la finale du Tournoi du Sud Ouest le 4 avril contre Tulle dans son cher stade de Malville.

Les pluies ont transformé le terrain en vasière où excellent les avants nantais dont OLLIVIER et BABBAGE. Tulle s'accroche et ne peut pas déployer son jeu d'attaque. Le S.N.U.C marque quatre essais par BABBAGE (2), OLLIVIER et CHAMBOULEYRON. La déception du championnat est oubliée et le muscadet coule à flots dans les buvettes. C'est au Café du commerce que le capitaine OLLIVIER reçoit le magnifique trophée du Tournoi.

On clôt la saison en recevant nos voisins Trignacais qui se termine par une belle victoire 12 à 0 mais la saison a été longue et les corps demandent à se reposer. Quelle belle saison malgré tout : 24 victoires, 2 nuls et 4 défaites tous matchs confondus pour 361 points marqués contre 100 points encaissés.

     
   
 

 

 

 

 

   

 

   

[1] Le Phare 21/09/1936

[2] Le Phare 16/11/1936

[3] Le Phare 18/12/1936

[4] Il faudra attendre la saison 1947-1948 pour voir le drop-goal ramené à 3 points

[5] La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint Jean de Luz 18/01/1937

[6] Le Phare 25/01/1936

   

 
     
     
           
 
 
 

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