Le club Champion de France Honneur prépare sans bruit la prochaine saison. L'équipe première s'annonce au moins aussi redoutable que sa devancière et elle est bien décidée à se montrer digne de la division d'Excellence où elle évoluera avec le brio que ses nombreux supporters ont admiré si souvent au cours de la saison précédente. On met au point le calendrier.

La saison démarre par un match amical contre le Stade Français.

"[…]Disputé par un temps idéal, sur une pelouse magnifique, ce match attire au Parc des Sports un très grand nombre de spectateurs, toutes les enceintes étant garnies plus qu'à l'ordinaire, on peut dire sans exagérer que jamais premier match d'une saison n'eut un tel succès. L'ambiance même y était déjà et cela promet bien pour la suite. […]"[1]

Les deux équipes se séparent par un match nul 0 à 0.

Le niveau est élevé et les trois premières rencontres se soldent par de courtes défaites. On apprend le haut niveau. Mais avant, comme d'habitude, on va se frotter au voisin Trignacais dont le Stade Nantais revient vainqueur.

Avant de commencer le championnat, le club est engagé dans le tournoi du Sud-Ouest qui regroupe 11 clubs. Après une première défaite contre Libourne, le deuxième match perdu dans le tournoi contre l'A.S. Bayonnaise n'est pas de bon augure.

"[…] En résumé, les Nantais ont besoin de beaucoup de travail et d'une "tête" qui compose une tactique bien définie ; lorsqu'on dispose de tels éléments dans les avants, on se doit de leur faire rendre le maximum. On ne l'a pas fait hier, et Nantes a perdu. […]"[2]

La réception du F.C. Lourdes, la semaine suivante, n'est pas mieux :

"Au S.N.U.C mêmes qualités, mêmes défauts que par le passé avec cette aggravation sur le dimanche précédent qu'en seconde mi-temps la ligne d'avants se dégonfle quelque peu devant des adversaires qui, reconnaissons-le loyalement furent d'une "coriacité" peu commune."[3]

La victoire, lors du match suivant contre Gujan-Mestras met du baume au cœur des joueurs et de leurs supporters avant le début du Championnat Excellence. Le premier match se dispute contre le Boucau, le 26 novembre 1933, avant la réception de l'Aviron Bayonnais.

" […] Et chacun sait que battre les forgerons de l'Adour chez eux est un des faits les plus rares des annales du rugby français. Eh bien, pour leur coup d'essai, les Nantais ont failli réaliser cette miraculeuse performance. Certes, ils n'ont pas vaincu, mais leur match nul n'est pas moins le plus beau résultat de la journée. […]" [4]

La réception de l'Aviron Bayonnais est le sujet de discussion dans tous les cafés nantais autour du traditionnel verre de muscadet.

"[…] Grand match, public nombreux, ambiance spéciale. Que va faire le S.N.U.C devant le célèbre Aviron ? […] Les conciliabules vont bon train, il fait froid, on trépigne, on sautille d'impatience… et tout se calme : comme par miracle les deux "teams" font une entrée applaudie sur le ground que la neige du matin a quelque peu alourdi. Ceux qui portent en leur cœur le fanion vert-blanc-rouge sont dans l'angoisse et espèrent ; le délitant s'attend à applaudir le hand-ball réputé des Bayonnais, l'indifférent ne l'est plus… on va jouer du championnat. […]"[5]

Cette défaite par 3 à 5 est, malgré tout, encourageante pour la suite.

"[…] Et maintenant mon vieux S.N.U.C, tu es bien parti pour ne pas être trop loin de la tête de la poule. […][6]

En cette fin d'année, on dispute des matchs amicaux malgré des conditions climatiques peu appropriées pour des rencontres de rugby (terrain gelé). Pour terminer dignement celle-ci, on reçoit la célèbre équipe de l'A.S. Carcassonne. Les deux équipes ne peuvent pas se départager et font match nul 3 à 3.

"[…] Cette partie peut être en effet considérée comme la plus belle de cette saison. […]"[7]

Le déplacement pour la reprise du championnat au Racing Club de France se traduit par une défaite. Il est à noter que le club a organisé un déplacement en train pour ses supporters. Les deux matchs suivants sont plus réjouissants. La cohésion et un entraînement plus sérieux favorisent les victoires.

"[…] Nous espérons donc maintenant que les futures rencontres nous apporteront moins de déception, une leçon devant être tirée du danger qu'il y a de pénétrer sur un terrain avec une trop grande confiance. […]"[8]

Le 21 janvier, le S.N.U.C se déplace à Lourdes et ne s'incline que par 5 à 3 après se voir refuser un but de pénalité parfaitement valable.

"[…] La maigre assistance n'applaudit pas cette victoire locale, faisant ainsi aux visiteurs les plus élogieux des compliments."[9]

Le championnat fait relâche pendant deux dimanches. Le club dispute un match contre les Étudiants Toulousains et un autre contre le F.C. Yonnais. On fait tourner les effectifs. BIGNOTTI et GINESTY disputent leur premier match.

Contre le F.C. Yonnais, le S.N.U.C dispute la coupe Herbesan. Ce match compte pour le tournoi des Champions du Comité Atlantique qui regroupe les trois leaders régionaux : Le FC Yonnais finaliste du Championnat de Promotion 1933, le SCO d'Angers champion de l'Atlantique 1933 et le Stade Nantais Champion de France Honneur. Ce tournoi est doté d'un superbe objet d'art offert par la société Aspre et prend le nom de la "Coupe Herbesan". Le club se désintéresse un peu de cette compétition et perd ses deux rencontres.

La saison du Stade Nantais entre maintenant dans sa phase décisive, car il reste quatre matchs dans le championnat de France Excellence qui décideront du maintien à ce niveau.

Il est impératif de gagner contre Angoulême avant un déplacement dangereux à Perpignan.

"Ouf ! Le S.N.U.C a maintenant une chance d'éviter les barrages et sa nette victoire sur Angoulême ramène un peu de tranquillité au cœur des supporters nantais. C'est là, le fait essentiel du match de dimanche et toutes considérations latérales n'entacheront pas le succès des tricolores. […]"[10]

Après la défaite sans surprise à Perpignan, les journaux locaux prodiguent leurs encouragements avant le match à rejouer contre Angoulême et motivent leurs lecteurs.

" […] Tous ceux qui s'intéressent aux choses de rugby à Nantes et dans notre région seront au Parc des Sports, dimanche prochain, pour encourager, comme il convient, la vaillante équipe nantaise qui pour sa première saison en Excellence s'est classée jusqu'à présent dans sa poule – on doit le souligner – à un meilleur rang que n'importe quelle autre des équipes des cinq clubs qui ont accédé à cette même division cette année. […]"[11]

Les Nantais sont revanchards et gagnent par 6 à 0 dans une partie avec beaucoup d'énergie des deux côtés à la limite de l'acceptable.

"[…]Avant le début du match, des manifestations du public eurent lieu contre les joueurs d'Angoulême et l'arbitre fut obligé de retarder leur rentrée pour attendre que le calme soit rétabli, […]"[12] 

Le S.N.U.C dispute son dernier match de championnat contre son éternel rival, le S.B.U.C. Certes, ce club n'a plus son lustre d'avant-guerre, mais il reste un adversaire à prendre au sérieux. On se doit aussi de gagner pour honorer la première sélection en équipe de France militaire de Marcel OLLIVIER.

"Un temps idéal, deux belles équipes, un match capital, il n'en fallait pas plus pour attirer au Parc des Sports la plus belle affluence vue depuis longtemps. Oh ! Les spectateurs ne furent pas déçus : on leur avait annoncé une ardente bataille et les plus difficiles furent satisfaits, tant l'empoignade fut impitoyable, dure parfois tout au long des 80 minutes.

Le S.N.U.C dispute son dernier match de championnat contre son éternel rival le S.B.U.C. Certes, ce club n'a plus son lustre d'avant la première guerre, mais il reste un adversaire à prendre au sérieux. En un mot, les vainqueurs sont ceux qui ont joué avec le plus de cœur, et c'est toute justice. […]"[13]

Le S.N.U.C l'emporte 18 à 3. Première victoire officielle contre sa "bête noire " et qui conforte définitivement sa place en championnat de France Excellence.

Les Nantais délivrés des soucis du championnat et des barrages ne se motivent pas pour les derniers matchs de la saison. Les trois derniers se concluent par une défaite.

À la Pentecôte, le comité de l'Atlantique monte une sélection pour aller disputer deux matchs en Roumanie. Parmi les sélectionnés, on note quatre SNUCistes : CHESNEAU – DUCHAYNE - MARATIER et TOULOUZE. La sélection est agréablement surprise par l'accueil des Roumains et du jeu un peu classique qu'il pratique. Elle remporte ses deux matchs contre l'Équipe nationale et le club du Stadiul Roman.