Les premiers entraînements, toujours sous l'ordre Hélier TILH, commencent au stade de Malville. Beaucoup de nouvelles têtes viennent renforcer le club. On ne va pas faire la même erreur que l'an passé mais surtout on veut retrouver le rang du début de la saison précédente.
On publie le nouveau calendrier. Les supporters vont se réjouir des belles équipes qui viendront au Parc des Sports même si dans le championnat elles ne seront pas aussi importantes que celles de la saison passée.
Le 23 septembre 1923, on se déplace à Poitiers pour un match revanche. N'oublions pas que le 19 avril 1923, le Stade Poitevin avait éliminé le SNUC des poules de 5. Bien en jambes mais avec un manque de cohésion, le nul est mérité pour les deux équipes.
Let 30 septembre, le comité de l'Atlantique et le journal Ouest en Plein Air organisent deux matchs de bienfaisance au profit du S.C. Nazairien qui connaît quelques problèmes financiers consécutifs à un emprunt lié à des investissements pour la réfection du parc des sports (le Plessis). La solidarité des clubs (A.C.B. – V.S.N. – La Nantaise – S.N.U.C.) et l'esprit rugby firent le nécessaire. Il est vrai que le président du Comité d'Atlantique était Pascal LAPORTE et ne souhaitait pas qu'un club de Basse Loire disparaisse.
Le public nombreux a répondu à cette sollicitation ou le S.N.U.C. écrase la Nantaise par 33 à 3. Une somme de 2 662,20 F sera reversée aux Nazairiens (valeur 3 200 € en 2023).
Depuis la fin de la guerre, aucune équipe anglaise avait foulé le "ground" du parc des sports. Pour l'ouverture officielle de la saison, le 7 octobre, on accueille le British Rugby Club. On en profite pour aligner, en trois quarts, KERIEL qui arrive du F.C. Grenoble. Le match est arbitré par une vieille connaissance des Nantais que le club a invitée : Charles LEYSHON. On est un peu déçu de la prestation anglaise mais le jeu des SNUCiste a été apprécié par les supporters. Victoire 45 à 0.
Le sympathique "ennemi" bordelais revient à Nantes. Le public est ravi de ces joutes dont plus de 3 000 Nantais assistent au match. Le Stade Bordelais n'a plus le lustre des années avant-guerre mais il reste toujours un adversaire redoutable. Il est emmené par le demi-ouverture international BILLAC de l’équipe de France et s’incline devant le S.N.U.C. par 13 à 6.
"C’est à force d’être battu que nous apprendrons à vaincre" Pierre LE GRAND[1]
Cette victoire donne beaucoup de confiance avant d'entamer le championnat de l'Atlantique.
Le premier match de championnat contre la Nantaise est une formalité tant la supériorité du S.N.U.C. est évidente. Le résultat est le même qu'au mois de septembre : 33 à 3. Si les trois quarts, ont un jeu collectif il n'en est pas de même pour les avants qui sont un peu individuels.
[…]"Bon début pour le champion dont la position paraît plus forte encore cette année que les précédentes."[2]
Le 4 novembre 1923, le FC Yonnais, équipe que l'on dit redoutable, vient défier le S.N.U.C. Le match est à sens unique. Le score est sévère et reflète la domination des Nantais et la désillusion des Yonnais.
Le 11 Novembre, pour la première fois, le S.N.U.C. se déplace à Trignac. Ce club créé en 1912 et qui évolue en 2e série rencontrait annuellement les équipes 2 et 3 du S.N.U.C. mais jamais l'équipe première. Le populaire signale que "les hommes de BRIZAY devront s'employer pour déplumer quelque peu les canards". Il n'y a pas eu de suspens contre les vaillants trignacais : 33 à 0. Ce premier match contre nos amis trignacais sera le premier d'une longue liste. |
Les deux prochains matchs du championnat contre le vélo sport Nantais et l'A.C.B. sont victorieux sans encaisser aucun point 21 à 0 et 41 à 0. L'équipe du SNUC est-elle trop forte pour les clubs locaux?
Le mois de décembre va permettre de jauger l'équipe contre des clubs qui vont évoluer en championnat de France. Une jeune équipe des landes vient pour la première fois à Nantes: l'U.S. TYROSSE. Son entraîneur est bien connu des Nantais car il s'agit de TARDIERES. On profite de ce match pour tester quelques joueurs qui évoluent en équipe 2. Le S.N.U.C. est vainqueur 13 à 0 mais l'équipe de TARDIERES a laissé une bonne impression au public nantais.
Le dernier match en championnat se déroule à St Nazaire contre le S.C. Nazairien. Malgré une bonne défense, les Nazairiens s'inclinent 29 à 0. Avec cette victoire, le S.N.U.C. est Champion de l'Atlantique en marquant 166 points et en n'encaissant que 3. Ce titre ne souffre d'aucune contestation. Il est de même pour les équipes 2 et 3.
Avant de recevoir en cette fin d'année, l'A.S. Bayonnaise, deux déplacements sont au menu. Le premier chez un club dont c'est une première : l'A.S. Montferrand qui s'est renforcé avec plusieurs étoiles de l'US Perpignan, ce qui a fait couler beaucoup d'encre dans la presse spécialisée. Les Clermontois se méfient de la réputation des Nantais mais infligent la première défaite de la saison 10 à 0.
Le 19 Décembre, un repas organisé par les membres du SNUC, au salon Mauduit, et présidé par Paul BELLAMY, maire de Nantes, honore la promotion de Pascal LAPORTE dans l'ordre de la Légion d'honneur en tant que Chevalier. Cette médaille lui sera remis par son ami Marcel PIONNEAU, dirigeant comme lui de la première heure. |
Le déplacement à Paris contre le Racing de France se traduit aussi par une défaite : 16 à 0. Les journaux parisiens relèvent que Nantes, à la vue de son effectif, n'aurait pas dû être éliminé du championnat de France.
Le dernier match de l'année se termine contre l'A.S. Bayonnaise, équipe très joueuse et qui correspond au jeu actuel des Nantais. La technique et la puissance des Nantais sont supérieures à celles de Bayonne, Le S.N.U.C. l'emporte 9 à 3.
Un match est très attendu en ce début d’année. Le S.C.U.F. vient au Parc des Sports pour disputer son traditionnel match. Les dirigeants des deux clubs ont toujours noué des relations sportives des plus respectueuses notamment à travers les matchs des vétérans. Une vedette du sport francilien annonce sa venue et participera au match des vétérans ; Georges CARPENTIER, premier français champion du monde de boxe. Ce n’était pas un grand joueur mais sa puissance apportait le respect de ses adversaires.
Les vétérans du Stade Nantais, profitant de la venue de G CARPENTIER ont décidé que les prix des entrées de leur match seront entièrement reversés à M. le Maire de Nantes pour une œuvre de bienfaisance. Ce match tourne à la démonstration et le S.N.U.C. gagne par 28 à 3 (8 essais, 2 transformations à 1 essai).
" Mais on vit encore plus fort, on vit même des joueurs SNUCiste refuser manifestement d’aller à l’essai pour ne pas faire de peine aux visiteurs en augmentant la marque, ça, c’est de l’esprit de sacrifice. Eh bien, malgré tout bravo, Vétérans Parisiens et Nantais, car vous avez prouvé que le sport, comme le travail, n’a jamais usé les hommes, bravo pour votre exemple et la bonne propagande que vous faites en jouant." [3]
Devant une grosse affluence, le coup d’envoi du match des équipes premières est donné par Georges CARPENTIER et se termine par la victoire du SNUC 6 à 4.
Le 20 janvier 1924, le tour éliminatoire du Championnat de Promotion mettait aux prises, sur le terrain de l’U.S. du Mans, le S.N.U.C. et l’équipe locale, le score est sans appel 40 à 0 pour nos nantais.
Après ce résultat, les poules sont créées et le S.N.U.C. se retrouve dans la poule A avec le C.A. Villeneuvois et le Stade Dijonnais.
Le 6 février, le premier match de la poule contre le C.A. Villeneuve n’est pas une partie de plaisir mais le S.N.U.C. gagne par le plus petit score 3 à 0.
En ce 17 février et malgré un long déplacement à Dijon en train, dont la majeure partie de nuit, le S.N.U.C. est vainqueur 7 à 3. Cette victoire lui garantit la tête de la Poule A de la Coupe de Promotion et est classé pour disputer le match de barrage pour le championnat de France.
Le 16 mars 1924, la finale du Challenge LACASSAGNE se dispute entre la réserve du S.N.U.C. et le R.C. TRIGNAC. Elle accouche d’un match nul alors que celle-ci était promise au S.N.U.C. :
"S’il est exact que deux ou trois joueurs seconds avaient déjà joué avec les vétérans le matin, nous déplorerons que les dirigeants du grand club nantais attachent tant d’importance aux parties des « vieilles gloires » au détriment de compétitions officielles destinées à encourager les jeunes équipes."[4]
Le 6 avril 1924, à Trignac, est rejouée la finale du Challenge LACASSAGNE.
" C’est donc devant plus de 2000 personnes, le record de la recette fut battu, que le coup d’envoi fut donné par M. AXELROUND du Comité de l’Atlantique". [5]
Après prolongation, le S.N.U.C. s’impose péniblement 3 à 0 sur un essai de CEBRON.
Le journaliste dans ses commentaires est élogieux pour TRIGNAC :
"Le manager arbore son plus large sourire. Le sportif public Trignacais applaudit. Les Nantais qui sont venus à Trignac s’en retournent avec la conviction qu’il existe dans cette petite bourgade une équipe digne de la première série faite à l’image de Soustons, de Lézignan, du Boucau ou de la Teste, avec du cœur, de la fougue, de l’allant, du sang froid et (différence sensible) un esprit sportif supérieur."[6]
Le 24 mars, le S.N.U.C. se déplace à Soustons pour y jouer le match de la montée en Excellence. Malgré un match très viril, il s’incline par le plus petit score 3 à 0. Fini le rêve de montée.
Les derniers matchs de la saison sont très agréables car sans aucun enjeu.
Rugby et couture "Le fait que le rugby est parfois joué avec une odeur excessive n'est pas pour déplaire à tout le monde. C'est le cas de répéter le proverbe : « A quelque chose malheur est bon. » On rappelle ainsi les péripéties d'un match disputé il y a trois années entre une équipe de Soustons, alors qu'il l'apogée de sa forme, et une équipe du Stade Nantais. Le zèle des joueurs dépassa souvent, dans ce match, les limites permises, au point que l'arbitre dut expédier du terrain deux adversaires trop vindicatifs. Mais l'amusant est que, dans l'aventure, les maillots des joueurs eurent énormément à souffrir de l'impétuosité de chacun. Différents joueurs durent changer leur maillot en pièces, mais la bagarre continuant, le moment vint où les équipes en manquèrent. Et l'on vit alors ce spectacle peu banal : une des spectatrices, sur la touche, s'armant d'une aiguille de fil, et raccommodant vaille que vaille les maillots déchirés. Le jour viendra peut-être où chaque équipe, en prévision d'une telle éventualité, se fera accompagner dans tous ses déplacements par une couturière en chef et quelques petites mains. Le progrès, voyez-vous, le progrès." Paris Soir 27/08/1926 |
Le match contre le Racing du 13 avril, se termine par un résultat nul : 11 à 11.
"L’équipe première du Stade Nantais termine officiellement sur ce match peu éclatant, une saison au cours de laquelle elle ne fit que décliner, progressant à rebours. Sortie du championnat régional où ses succès faciles l’illusionnaient peut-être, elle et ceux qui avaient mission de la diriger, elle ne sait par la suite, ni s’instruire, ni progresser pour les rencontres plus sérieuses. Frappée d’incapacité depuis près de trois mois, elle quitte actuellement le ground en donnant l’impression de n’y avoir rien appris, au contraire, pendant les sept mois de la saison. Certes, elle n’avait pas en puissance ce qui fait les grandes équipes mais si peu souple et malléable qu’était l’instrument en le travaillant, l’amenuisant, le formant, on pourrait en tirer parti et, bien dirigé le faire rendre; lourd et informe, abandonné au courant, il a sombré aux premiers remous. Jimmy"[7]
Le plus beau fut, sans conteste, le match contre la sélection basque. Selon certains spectateurs, "depuis Perpignan, c'est la plus jolie partie qui se soit déroulée au Parc."[8]
La commission de rugby du SNUC doit se mettre au travail pour préparer la prochaine saison. Elle a du travail…
