"Ainsi, comme il fallait s'y attendre, l'annonce de l'ouverture de la saison de rugby au SNUC, suscite, le plus grand intérêt. Chacun se demande ce que sera l'équipe qui est en somme le porte-drapeau de l'Atlantique ? Que l'on se rassure. Le Champion de la région présentera un quinze qui, dans la compétition, devra mieux faire que les précédents, et attirer l'attention des masses sportives comme des officiels."[…][1]
Le premier match amical se déroule à Malville où les supporters ont plaisir à se retrouver dans leur nouveau joyau. Cette première partie contre le GALLIA Sports, nouveau club nantais, est un bon match d'entraînement, sans plus, arbitré par TILH. On n'a pas compté les points par courtoisie. On admire les nouvelles recrues FERIGOUL qui arrive du SCUF et le trois-quarts aile sprinter : CHESNEAU
Si le premier déplacement à Bordeaux se traduit par un match nul, la rencontre suivante contre US Cognacaise se termine par un 18 à 0 en faveur des locaux. En cette fin de septembre, c'est sous une chaleur accablante que se déroule le match et le S.N.U.C. montre beaucoup de rage en ne jouant qu'avec six avants.
Une anecdote concernant le déplacement à Cognac. En se rendant en Cognac en train, les accompagnants du club égare la valise qui contient les maillots et les chaussures de certains joueurs. |
On attend avec impatience le premier match au Parc des Sports. Le calendrier pour la saison 1921-1922 annoncé dans les journaux verra défiler les plus grands clubs nationaux. On reçoit d'abord l'Union Athlétique de Paris, un des plus vieux clubs parisiens. Les supporters sont heureux, leur équipe gagne 27 à 0. Le dimanche suivant, les fervents spectateurs sont encore plus nombreux. Ne reçoit-on pas un des meilleurs clubs parisiens, plusieurs fois champion de France : le Stade Français?
"Ce fut une partie plus égale que ne l'indique le nombre des points. La chance sourit énormément au S.N.U.C .dont l'équipe joua avec beaucoup d'allant et d'énergie[…]"[2]
La victoire est plus longue à se dessiner, mais le S.N.U.C. l'emporte 14 à 6.
Pour le dernier match amical, on reçoit le SC Nazairien dont le pack d'avants est emmené par un ancien SNUCiste : JOLY, leur capitaine. La partie est serrée et la victoire est acquise sur un petit score 6 à 0.
Pour le premier match dans le championnat de l'Atlantique, FC Yonnais se déplace à Nantes avec son capitaine HUREAU, un autre ancien SNUCiste.
"Notre grand club nantais est, on le voit une bonne école de capitaine"[3]
Plusieurs joueurs blessés contre le Stade Français reprennent leur place et c'est une équipe au complet qui attaque ce championnat. Avalanche de points concrétisant la nette supériorité des Nantais : 32 à 0.
Dans un courrier à la Mairie de Nantes du 3 Novembre 1921, le trésorier du SNUC : Dr Yves THOMAS remercie M. le Maire au nom du club d'avoir augmenté la subvention. Elle passe de 500 F à 1000 F. (soit 1 280 € valeur 2023) |
C'est une succession de victoire contre le Vélo Sport Nantais, le SC Nazairien et la Nantaise. En remportant tous ses matchs, le S.N.U.C. est champion de l'Atlantique pour la saison 1921-1922 de l'équipe 1 à l'équipe 4.
Jusqu'à la fin d'année vont se succéder des matchs amicaux contre des grands clubs nationaux. Le premier à venir au Parc des Sports est le Racing Club de France, le 4 décembre. C'est un match de gala.
"On n'est pas trop porté à mépriser, à Paris et dans le Midi, la valeur de nos équipes régionales. On considère même un peu notre région comme une région déshéritée au point de vue des joueurs de classe.[…][4]
Les Nantais retrouvent deux de leurs anciens équipiers PELLETIER DOISY et BEGUET. Le public a répondu présent et malgré un pack plus lourd, les racingmans se contentent d'un match nul : 6 à 6 devant nos vaillants SNUCiste.
Le dimanche suivant, le déplacement au Stade Bordelais se termine aussi par un match nul sur le même score que contre le Racing.
Une saison ne serait pas réussie si on ne rencontrait pas nos amis du SCUF, équipe chère à l'ami de Pascal LAPORTE : Charles BRENNUS. Sans leurs maladresses, les Nantais auraient dû remporter ce match mais encore une fois de plus, il se partage les points : 3 à 3.
Pour leur dernier match de l'année, le SA Bordelais vient à Nantes.
"Sous une pluie battante, commence le match. Une foule énorme assistait à cette rencontre, M. le Maire honore les joueurs de sa présence attentive.[…]"[5]
Dernier match de l'année et la victoire du Stade Nantais par 9 à 6.
En ce 1er janvier 1922, direction le C.A. Béglais, on réveillonne, on fait la fête dans le train, et on gagne. Bon match de préparation en vue de la rencontre contre le Boucau Stade qui compte pour le championnat de France.
Malheureusement, le S.N.U.C. ne passe pas ce premier tour. Il perd 11 à 0.
"Malgré tous les pronostics faits de part et d'autre dans la presse, j'espérais que les Nantais parviendraient à se qualifier pour la poule de 3. Il n'en est rien, hélas. Si j'en crois la brièveté des comptes rendus parus dans les gazettes, cette défaite serait due au manque de souffle des joueurs quelque peu à l'ouvrage et par la rapidité des évolutions. Or c'est un accident qui n'aurait pas dû arriver à pareille époque de la saison"[6].
Pourtant, la nouvelle Fédération de Rugby décide d'un match de repêchage dont le S.N.U.C. est bénéficiaire. Celui-ci se déroulera à Nantes et contre le S.C.U.F. qu'il a déjà vaincu cette saison en amical.
"Plusieurs milliers de spectateurs se sont rendus au Parc des Sports pour assister à cette importante rencontre que la neige et la pluie encadrèrent sans heureusement y participer.Infirmant les pronostics de la presse parisienne, les Nantais remportèrent une nette, et indiscutable victoire, rattrapant superbement de leur défaite du dimanche précédent à Bayonne et se classant ainsi dans le tour des poules de trois du Championnat de France."[7]
Grâce à leur victoire par 14 à 3, le S.N.U.C. accède au championnat de France réparti dans 10 poules de 3. Leurs adversaires dans la poule A seront le Toulouse O.E.C. et l'U.S.A. Perpignan champion de France 1920-1921. La tâche va être ardue.
Le premier match se déroule à Toulouse. Les Nantais sont supérieurs athlétiquement, mais les Toulousains sont plus joueurs. Ils réussissent à marquer 4 essais contre un de ORSINI.
Le 5 février 1922, l'arrivée à Nantes des champions de France fait bouger toute la ville. Les réservations au siège du club font la joie du trésorier. C'est à un véritable gala sportif que l'on va assister. Des trains de supporters arrivent de plusieurs régions : Tours, Angers, La Roche-sur-Yon ou St Nazaire. En prévision de cette affluence, on décide d'ouvrir le parc des sports à 12 h 30.[8]
La presse dans son ensemble donne comme favori les Perpignanais qui n'ont pas perdu un match depuis presque deux ans. Une défaite honorable des Nantais serait considérée comme une victoire.
"Le résultat de la partie ne sera pas sans étonner quelque peu le monde du rugby : Nantes a égalité d'essai avec Perpignan. Nantes ne succombant que par un but sur coup franc devant les champions de France. Voilà certes, un score qui sera interprété de bien des façons, demain dans toute la presse sportive, et commenté avec autorité par des gens qui n'ont rien vu de la partie. Ne vous frappez, SNUCiste, mes amis que "bien faire et laisser dire" soit une de vos maximes préférées ; vous ne pouviez pas, vous ne deviez pas battre les Perpignanais, mais vous avez résisté de façon splendide à la meilleure équipe française, bouleversant tous les pronostics, vous avez tenu en échec, mieux même, vous avez inquiété les champions et franchi leurs buts ; soyez satisfaits. Vous avez porté à nouveau le rugby nantais à la place qu'il occupait avant-guerre ; grâce à vous, l'équipe vert, blanc, rouge reprend rang parmi les grandes équipes françaises, soyez fiers. Et comme le criaient eux-mêmes après le match, les champions catalans, disons encore : bravo le SNUC."[9]
L'article est élogieux, mais le SNUC s'incline 6 à 3. Dans un courrier daté du 15 février 1922, le secrétaire général E. COUTAREAU de l'US Perpignanaise écrit au Maire de Nantes.
"À leur retour de Nantes, nos équipiers nous ont fait part de l'aimable accueil qui leur avait été réservé, pendant leur séjour à Nantes, par la population nantaise et la municipalité. Le comité de l'USP a tenu à vous adresser l'expression de ses sentiments de gratitude à cette occasion et de se féliciter des relations liées, par le sport, avec votre grande et belle ville.[…]"[10]
Exclu du championnat, le S.N.U.C. va continuer ses matchs amicaux notamment avec ceux du Bordelais.
Le premier à venir est le Bordeaux E.C., excellent club à l'ombre du Stade Bordelais. Est-ce le résultat du week-end précédent, mais le Bordelais chercha par tous les moyens, même les plus répréhensibles, à rendre la partie confuse et cafouillée. Le SNUC avait laissé se reposer la moitié de son équipe. Le BEC gagne 6 à 3 mais ne laissera pas un bon souvenir.
Après le match nul en déplacement contre le C.A. Béglais, le dimanche précédent, le S.N.U.C. reçoit les Bordelais de l'UA Libournais, le 5 mars 1922. Ce club a été formé par le docteur Pierre MOYZES, ancien coéquipier de Pascal LAPORTE et de Hélier TILH quand il portait le maillot du Stade Bordelais.
Les travées du parc des sports sont bien remplies. Un ardent public soutient avec fougue ses protégés. Finalement, le SNUC s'impose, un peu dans la douleur 6 à 5.
Les deux derniers matchs à domicile seront victorieux. Le dernier match, du 16 avril 1922 était consacré à une œuvre de bienfaisance, de solidarité sportive contre une sélection de l'Atlantique. L'arbitrage du Dr THOMAS a été contesté par le public pour une complaisance et une grande largesse dans l'interprétation des règles.
