La saison s’ouvre sous de meilleurs auspices. Les sociétaires affluent et les compositions des équipes sont plus aisées. 75 membres vont composer les 4 équipes de rugby. Le 9 Aout 1919, Percy BUSH revient à Nantes après ses années d’exil au Pays de Galles suite à la guerre. La commission centrale de rugby lui accorde la licence d’étranger lui permettant de disputer les matchs avec le S.N.U.C.  Il disputera  peu de matchs, cette saison, mais apportera sa riche expérience malgré ses 40 ans aux jeunes nantais.

Le parc des sports n’est toujours pas en état pour recevoir les matchs. Le 31 Aout 1919, sous un soleil ardent, le vélodrome de Longchamp voit les premiers entrainements sous la houlette de Hélier TILH. Le nouveau stade de Malville, propriété du S.N.U.C, ne sera pas livré avant quelques mois.[1]

"[..] Avec quelle ardeur, il fallait voir tous les snucistes présents sur le terrain, à leur sport favori, et ce, sous les caresses un peu violentes d’un soleil estival mais la flamme dont ils étaient imprégnés, ne pouvait que faire échec, à celle qui les enveloppait. […]"[2]

Le calendrier pour la saison se met en place et les lecteurs salivent en lisant leur journal quotidien sur les grandes équipes qui viendront à Longchamp : les équipes parisiennes dont le Stade Français et le Racing Club de France, les Bordelais, le S.B.U.C. et le SA Bordelais, Poitiers, le Havre ou Dax. La volonté des dirigeants est manifeste.

"[…] Il n’est guère possible de concevoir calendrier plus complet, plus attrayant.

C’est la bonne méthode mise à l’appui de la grande idée, la régénération esthétique et physique de la race par l’éducation physique et intellectuelle, le football rugby étant par sa mobilité la décision prompte, utile et raisonnée, sans laquelle il n’est rien." [3]

Le 26 Septembre un match des possibles contre les probables arbitrés par Gaston GAIGNEUR va permettre à Hélier TILH de former les équipes qui évolueront cette saison. Beaucoup de jeunes prometteurs pointent leur nez encadré par les anciens.

Pascal Laporte souhaitait recevoir pour le premier match l’équipe des "Oiseaux de Cazaux" composée d’aviateurs rugbymen en mémoire de son capitaine fondateur et ami : Henri LACCASSAGNE. Ils doivent déclarer forfait car elle ne peut se déplacer au complet. C’est donc le V.S. Nantais qui ouvrira la saison. Malgré la bonne volonté et les ambitions affichées, le Vélo s’incline 38 à 0. L’équipe snuciste n’est pas encore en place mais laisse entrevoir de bonnes dispositions.

Dans le championnat de l’Atlantique, le premier match du 26 Octobre contre la Nantaise est sans appel : 61 à 0. Mais les grands matchs arrivent avec le Racing Club de France et le Stade Français.

Le 01 novembre 1919, c’est d’abord la réserve du Stade Français qui est opposée à l’équipe 2 du S.N.U.C. puis le 02 novembre1919, l’équipe du Racing Club de France.

" L’ancien vélodrome revivra samedi et dimanche ses jours de plus grandes gloires qu’il a connues jadis au moment où les grandes étoiles cyclistes venaient rouler sur son ciment.

Aujourd’hui, ce sera à l’occasion de deux matchs de football rugby qui s’annoncent comme devant être les deux plus belles parties qui se sont jouées à Nantes depuis fort longtemps.

Longchamp sera littéralement comble ces deux jours là : les Nantais s’écraseront pour applaudir les champions parisiens aux prises avec deux équipes du SNUC, le club champion de l’Atlantique.

La place est grande autour du ground célèbre de Nantes ; les places seront distribuées jusqu’à la limite pour permettre à toute la population de vivre joyeusement ces deux journées de fête.

Un service d’ordre important sera établi pour faciliter l’accès des places en même temps que l’écoulement à la sortie. […]"[4]

En s’inclinant 19 à 0 contre le Stade Français, le S.N.U.C. s’aperçoit des efforts qu’il aura à faire pour atteindre le haut niveau. La semaine suivante à Paris contre le Racing, il se reprend, mais s’incline 3 à 0.

En décembre, le championnat de l’Atlantique reprend. Les nettes victoires contre la Nantaise et le F.C. Yonnais sans encaisser de points démontrent la supériorité locale du S.N.U.C.

Les deux victoires du début de l’année 1920 contre le C.A.S.G. et le S.C.U.F., emmenée par leur capitaine et ancien nantais : Alfred ELUERE, sont encourageantes.

Dans le championnat de l’Atlantique, en battant le Vélo et le S.C. Nazairien, le S.N.U.C. est invaincu et devient Champion de l’Atlantique pour la saison 1919-1920. Il en est de même avec les équipes 2,3 et 4. Le SNUC affirme sa suprématie sur le rugby régional.

Pour préparer le championnat de France, le 01 février 1920, le SA Bordelais, éternel rival et champion de France 1919 se déplace à Longchamp.

"[…] Longchamp crépitera des applaudissements aux prouesses des joueurs pendant ce match plein d’émotion. C’est à force de voir des parties comme celles-là qu’une ville entière arrive à remplir, chaque dimanche, les tribunes d’un terrain de rugby […]" [5]

Le SNUC sort vainqueur par 25 à 3 après une rude bataille, peut être un club ami mais adversaire détesté.

"[…] Les Bordelais, jadis nos maîtres en rugby, ont pu s’apercevoir que leurs élèves avaient profité des leçons d’antan ; il est vrai que nous avons eu tort de nous instruire près du SA.B. quant à la correction et la bonne éducation sportive ; les sabistes venus hier nous ont montré qu’à ce point de vue ils avaient beaucoup à apprendre si tant est qu’ils soient à même de l’acquérir.[…]"[6]

Après un déplacement à Dax, le S.N.U.C. se déplace au Mans pour le premier tour du championnat de France pour y rencontrer l’US du Mans Champion de Beauce et Maine. Le S.N.U.C. sort vainqueur par 8 à 3. Au tour suivant, il est opposé à l’Aviron Bayonnais sur son terrain, le 22/02/1920 et est lourdement battu 29 à 0.

" […] A Nantes, l’équipe, qu’on sentait légèrement handicapée par un déplacement fatiguant a été nettement surclassée dans toutes ses lignes, mais elle n’a jamais désespéré et a fourni une défense très courageuse.[…]"

 La nouvelle organisation du rugby au niveau national connaît quelques ratés. Le Phare n’est pas tendre

" […]Par suite des louches tripotages et de la malpropre cuisine pratiqués par des anti-sportifs qui sont chargés de la direction du rugby en France, Nantes et sa région auront été, cette année contre toute justice privée de toute rencontre éliminatoire dans les championnats de France. Le champion de l’Atlantique, le S.N.U.C., obligé de se déplacer deux fois en huit jours, au Mans et à Bayonne, sans même avoir la consolation de recevoir chez lui les équipes inférieures, 2 et 4, voilà les équitables décisions du nouveau comité directeur qui sacrifie le sport à la basse intrigue et au compérage.

Depuis longtemps, nous savions avec quel dédain, ces gens, pour qui le sport n’est qu’un tremplin, considéraient le rugby dans notre région de l’Ouest ; mais cette fois, la mesure est comble, et devant tant d’indignité, tant d’injustice, de parti pris et de mauvaise foi, il nous est impossible de ne pas crier notre indignation à tous ces profiteurs du sport, à ces mercantis du rugby qui mériteraient quelque chose de plus tangible que notre mépris pour stigmatiser leur honteux trafic […][7]

La commission régionale de rugby de l’Atlantique n’ayant pas eu satisfaction et pour protester a remis sa démission au comité directeur national.

En championnat de France, les équipes 2 et 4 n’avaient pas pu se déplacer à cause des grèves des chemins de fer. La protestation a porté ses fruits et les équipes 2 et 4 du S.C.U.F. et de l’Olympique se déplacent à Longchamp le 7 mars 1920. Le S.N.U.C. sort vainqueur : l’équipe 4 gagne 14 à 0 et la 2, après prolongations, gagne 9 à 6. L’aventure pour les équipes 2, 3 et 4 s’arrêtent pourtant à ce niveau. Le comité directeur national a jugé qu’elles n’étaient pas qualifiées pour jouer les équipes correspondantes basques.

C’est une saison de transition et, pour la suivante, beaucoup d’espoirs sont envisagés. Le stade de Malville et le retour au Parc des sports sont attendus avec impatience.