En ce début Aout , l'Allemagne déclare la guerre à la France. Malgré ce triste événement, le comité Atlantique présidé par Pascal LAPORTE tente de mettre sur pied un championnat pour cette nouvelle saison. 

"Il sera créé, pour la saison 1914-1915, des groupes de clubs suivant le nombre des engagements qui joueront les uns contre les autres par aller et retour, afin d'établir un classement. Il sera organisé des poules finales aller et retour entre les classés de chaque groupe pour désigner un vainqueur et établir un classement entre eux. […] Les engagements devront parvenir avant le 28 Novembre. Ils seront gratuits."

Compte tenu du début de la guerre, beaucoup de clubs disparaissent.  

Trouver des terrains est aussi problématique. Comme nous l'avons vu dans l'article sur le Parc des Sports, les Anglais se sont appropriés les installations pour y établir un hôpital militaire qu'ils quitteront au début de novembre 1914. Heureusement le vélodrome de Longchamp sera utilisé pendant cette période.

Le championnat mis sur pied par l'U.S.F.S.A. est momentanément suspendu :

"L'union Sportive Française des Sociétés Athlétiques organise, en course à pied, football rugby et football association, trois épreuves appelées coupes nationales, qui seront disputées en cours de la saison 1914-1915.

Le règlement de ces trois épreuves s'inspire des circonstances actuelles et par suite n'aura que des effets provisoires. Il s'ensuit que les championnats de France de rugby, d'association et de cross-country sont provisoirement supprimés, ainsi que le classement en séries.[…]"[1]

En cette fin d'année 1914, les mauvaises nouvelles commencent à arriver au siège du club. Plusieurs sociétaires ont été tués ou blessés grièvement. Difficile de disputer des parties de rugby avec un nombre suffisant de joueurs :

"Les jeunes classes 1915, 1916 et 1917 donneront du fil à retordre aux boches, car ce sont des classes sportives par excellence. Le grand mouvement sportif qui depuis quelques années, entraîne les jeunes gens vers tous les exercices de force, présentera aux Conseils de révision, qui en ont fait la remarque, des gars bien musclés, entraînés a la boxe, au football, au tir, aux mouvements militaires.

[…] Le Stade Nantais multiplie ses matches, le Veloce-Sport Nantais, le Rugby-Club font des appels incessants à leurs membres et malgré le mauvais temps que nous subissons, dimanche s'est disputée la seconde épreuve du cross-country comptant pour la Coupe de l'Atlantique.

Tous ces jeunes gens se rendant compte de l'effort que leur demande la patrie, s'entrainent à devenir des soldats robustes et infatigables, Et cela est très bien"[2]

La coupe de l’atlantique de rugby est organisée et regroupe deux poules : l’une composée du SNUC, la Nantaise et le Racing Club Nantais, l’autre du SC Nazairien, du Vélo Sport Nantais, F.C. Feydiste et du F.C. Nantais. Nous n’avons pas retrouvé tous les résultats toutefois à la fin des compétitions le classement s’effectue ainsi :

Poule A

1 – SNUC                              12 points

2- La Nantaise                        8 points

3 – Racing Club Nantais           forfait

Poule  B

1- S.C. Nazairien                   15 points

2 – Vélo Sport Nantais          14 points

3 – F.C. Feydiste                     9 points

4 – F.C. Nantais                      9 points

La finale des premiers est disputée en matchs aller et retour le 14 et 28 mars 1915. La première manche disputée à Longchamp est remportée par le S.N.U.C.

Les joueurs convoqués du SNUC et composant l’équipe sont : FAVREAU, J. VIDAL, GRANIER, PIERRE, MARTINEAU, LE PROVOST, A. LUCAS, J. AUZANET (capitaine), GUILLET Louis, EMILE, HUCHON, THOVY, X. ELUERE, GUENEUX, RIEUX, CLOUET, MARIOT et ORSINI.

Le 28 mars, le SNUC se déplace à St NAZAIRE par le train de 9 h et se fait battre au parc des sports. Une belle rencontre est disputée à Nantes le 4 avril. Après un match âprement disputé, caractérisé par un jeu très ouvert et une prolongation, les deux équipes ne parviennent pas à se départager et terminent la partie sur un score de parité de 0 à 0. Elles sont toutes deux proclamées champions de l'Atlantique ex æquo. Il est à noter que des deux côtés, les équipes sont très jeunes et composées en grande partie d'étudiants.

Le phare dans son édition du 10 janvier joint un article du secrétaire du S.N.U.C. intitulé : "Nos sportifs au front".

"Nous apprenons aujourd’hui qu’Alfred ELUERE, l’excellent avant du S.N.U.C. vient d’être promu lieutenant au 64e de ligne, avec la mention suivante à l’ordre du régiment du 10 janvier.

"Est promu lieutenant : ELUERE Alfred, sous lieutenant actif. Depuis 3 mois, commande sa compagnie. Très bien au feu. Il y a intérêt de service à lui donner le commandement sur les sous-lieutenants".

Ajoutons qu’Alfred ELUERE est certainement l’un des plus jeunes lieutenants de l’armée. Il vient d’avoir 21 ans. Félicitons le chaudement d’un avancement aussi rapide qui proclame sa bravoure en même temps que ses qualités de commandeur."

Marcel PIONNEAU, cheville ouvrière et co-fondateur du SNUC mobilise les lecteurs du Phare pour ses protégés.

"L’article que le Phare a bien voulu insérer dernièrement a été adressé à nos amis du S.N.U.C. sur le front ; tous ont été heureux de se retrouver par la pensée et nombreuses ont été les lettres nous remerciant de notre initiative.

Je voudrais aujourd’hui faire plus, je voudrais leur procurer le moyen de correspondre entre eux ; nombreux sont ceux, en effet qui ignorent où écrire.

C’est un grand plaisir d’avoir des nouvelles ; c’est une bonne chose de recevoir la lettre qui apporte la parole cordiale de l’ami et le bon sourire de jadis. Car ils ne sont pas toujours l’oreille aux aguets et le doigt sur la gâchette du fusil : il y a des moments de répit ; il y a des heures de repos après la relève.

Nous savons par leurs lettres simples et toutes pleines d’héroïsme qui s’ignore, qu’ils s’habituent à l’explosion des Shrapnells[3]   et à l’éclatement des marmites[4], qu’ils restent vaillants et sublimes au milieu de cet océan de haine et de forces hostiles, au milieu de manifestation de cette science mise au service de la colère et de la volonté de détruire.

Il faut se dire qu’au moment du repos nos amis ont bien de la peine à ne pas s’absenter, de penser à leurs attaches et aux liens que la guerre a momentanément rompus ; avec le souvenir c’est toute l’amitié des camarades qui renaît ; combien alors, on comprend l’envie qui les étreint à l’heure des vaguements, le plaisir qu’ils éprouvent quand les lettres des amis sont là nombreuses et pleine de cordialité.

Je prie mes amis du SNUC ainsi que les familles de nos chers absents de me faire parvenir d'urgence avant le 30 courant au siège social du S.N.U.C. 34, rue de la Fosse, les adresses exactes afin que nous puissions les publier."

A signaler que 30% des joueurs inscrits sur le mémorial du stade de Malville décéderont à la guerre pendant cette période.