Les premiers entrainements commencent le 19 Septembre sur le terrain de Beauséjour sous la houlette de Pascal LAPORTE. Trois équipes seniors sont mises en place. L’équipe 3 est composée de débutants. Les vétérans composent la quatrième équipe avec un gros effectif.

Le bureau a préparé un calendrier à la hauteur de ses ambitions en affrontant à domicile ou à l’extérieure les plus grandes équipes françaises. Le clou de cette saison sera le match contre les London’s Hospital à Noël pour permettra le calibrer les progrès de l’équipe.

Les renforts arriveront en cours de saison. Les premiers à debuter sont Edward DE WARDENER de nationalité américaine qui évoluait au Racing Club de France, ANCELIN (La Rochelle), VERDON (Niort) et DENOUAULT (CA Paris). En début de l’année 1910 arriveront du Stade Bordelais Henri LACASSAGNE et Augustin HOURDEBAIGT, deux anciens coéquipiers de LAPORTE mais surtout deux frères de combat et enfin Percy BUSH. L’équipe pour cette saison aura une fière allure.

Pourtant les caisses sont guère remplies mais on est ambitieux. Le prix des places augmente dans le stade mais de nouveaux membres bienfaiteurs apportent leur denier dont Louis ELUERE. On ne parle pas encore de sponsors.

Les résultats de la saison sont très bons: 11 victoires, 6 défaites et un nul. Les victoires sur le SA Bordelais et le RACING CLUB de France deux très grosses équipes, sont très encourageantes. La presse constate la vitalité du S.N.U.C et augmente la rubrique sportive liée au rugby.

En fin de saison, le championnat de l’Atlantique est disputé en match aller et retour contre le Stade Rochelais. Deux défaites 3 à 0 et 9 à 0 éliment les équipiers premiers.

Les équipes 2 et 3 sont championnes de l’Atlantique Poule Nord.

Le 20 mars 1910, le S.N.U.C remet en jeu la Coupe de la Loire dont il est titulaire depuis deux ans. À Tours, il bat l’U.S. TOURS par 11 à 3.

Le 13 Avril 1910, Pascal LAPORTE est fier de présenter au public nantais son ami bordelais Augustin HOURDEBAIGT champion de France et international appelé affectueusement Tintin et surtout Percy BUSH qui, après deux mois d’inactivité, dispute son premier match à Nantes. LAPORTE, qui ne joue pas, lui transmet symboliquement son brassard de capitaine. Ce match coïncide avec l’inauguration du terrain de la Prairie d’amont. Si, au plan organisation, le S.N.U.C. est rassuré, au plan sportif, il n’en est pas de même. La veille, le bureau est avisé que le SCUF ne se déplacera pas au complet. Seuls 12 joueurs sont présents. Le S.N.U.C. se voit dans l’obligation de compléter l’équipe par HUREAU aîné, AUZANET et ANCELIN. Le S.N.U.C gagne 11 à 8. [1]

La saison rugbystique se clôt le 1er Mai 1910 contre une sélection de la Rochelle et de Rochefort. Au banquet d’après-match, le président ELUERE est enthousiaste et dans un long discours, il sublime la saison passée, mais attends avec impatience la prochaine.

Le London’s Hospital

ELUERE et LAPORTE avaient une volonté commune de développer le rugby. Quoi de mieux que d’inviter ceux qui avaient inventé le rugby. Pour la première fois, le S.N.U.C accueillait une équipe anglaise de notoriété, forte de quatre internationaux anglais, deux afrikaners et trois neo-zélandais.. La presse est dithyrambique sur ses exploits sportifs mais certainement, pour aussi inciter les nantais à venir au stade pour découvrir le rugby. Il est à noter que tous les frais sont à la charge du S.N.U.C. Une souscription publique de garantie est lancée et permet de récolter 1 085 F.  Ce 25 Décembre 1909, plus de 3000 spectateurs remplissent les gradins du vélodrome de Longchamp. Les prix des places sont de 3 F en premières, 2 F en secondes et 1 F en populaire[2] . Voulant prodiguer une bonne opposition aux Anglais, le capitaine LAPORTE s’est renforcé avec des joueurs de Bordeaux dont HERVOCHE, l’ancien nantais, parti faire ses études de médecine dans cette ville, du 3e Colonial champions de France militaire et de la Rochelle. Il avait plu toute la matinée et le terrain était très boueux. Comme par miracle, le match débutait sous un magnifique soleil et les vivats d’un public venu nombreux. Le résultat est sans appel 58 à 3 (16 essais dont 5 transformés ) contre un essai pour nos snucistes. Le fossé est encore grand pour arriver à leur niveau. Mais LAPORTE, nous le verrons par la suite ne baissera pas les bras.

"Une magnifique ovation du public marqué l’entrée l’équipe anglaise au vestiaire. Sur tout le parcours du vélodrome à l’hôtel, la population nantaise a acclamé les athlètes londoniens, marquant ainsi l’enthousiasme produit par eux." [3]

Après ce match, les deux équipes se retrouvent aux salons Mauduit où les dirigeants du S.N.U.C ont organisé un copieux banquet moyennant une somme de 5 F et une belle troisième mi-temps, pensant fatigués leurs hôtes britanniques pour mieux les battre le lendemain.

Le président Louis ELUERE, dans son discours, est élogieux pour son ami :

"La portée de l’œuvre entreprise par M. LAPORTE, qui possède véritablement la foi qui bouleverse des montagnes et qui ne doute pas de l’avenir. Une ère nouvelle s’ouvre avec lui. Avec le succès d’hier, il a retrouvé ses triomphes d’antan, lorsqu’il était à la tête du Stade Bordelais. Et cette foi, cette confiance dans l’avenir, LAPORTE saura la communiquer à tous, et pour ma part je ne puis m’empêcher de manifester toute mon admiration lorsque je vois cette jeunesse studieuse et amie de belles choses.[…]

Il conclut son discours :

"[…]Et si le sport est vraiment une maladie, ne cherchez pas à vous en guérir. Ce serait, pour l’avenir, fermer votre porte à trop d’heures d’enthousiasme et vous n’ignorez pas ce que ce sont les meilleurs de la vie."[4] 

Pour le deuxième match, la défaite sera moins lourde 21 à 3 mais la technique de nos amis anglais nous est supérieure. Ces deux parties resteront longtemps dans la mémoire des nantais et le rugby dans notre ville est vraiment lancé.