Le 22 septembre 1907, les entrainements reprennent sur le terrain de Beauséjour. Ils sont dirigés par Pascal LAPORTE qui ne ménage pas sa peine pour que Nantes ait un grand club de rugby. On lui confie sans opposition le capitanat.

"La saison de football s’annonce donc pour notre jeune société comme excessivement brillante ; trois équipes ont été engagées dans le championnat et de nombreux matchs amicaux ont été conclus aves les meilleurs équipes de la région.."[1]

Les sociétaires rugbymens s’implique de plus en plus :

"Malgré un temps épouvantable, les joueurs étaient nombreux dimanche dernier à Beauséjour, et l’entraînement battait son plein sur le magnifique terrain de jeux.

Près d’une trentaine de footballers fervents du ballon ovale avaient répondu à l’appel de leur sympathique capitaine M. LAPORTE, lequel s’est appliqué à faire comprendre aux joueurs les différentes méthodes de jeux et leurs applications pratiques.

Remarqué parmi nos futurs champions une grande volonté de réussir. Cette année l’équipe de football s’annonce redoutable et certainement, lors des championnats, elle se fera applaudir par les nombreux spectateur nantais, que les matchs précédents ont tout à fait initier à ce beau jeu qu’est le football rugby."[2]

Le bureau s’active pour préparer la saison. On annonce dans la presse que de nombreux grands clubs vont venir à Nantes comme Bordeaux, Cognac, la Rochelle. Le club est ambitieux.

Avant de recevoir le Sport Athlétique Bordelais qui sera le « gros » match de ce début de saison, l’autorité de LAPORTE porte ses fruits :

" Respecté, obéi, aimé de tous ses hommes, il a su leur imposer dès le premier jour ce qui leur manquait encore : une discipline exacte. Déjà les passes s’organisent, les attaques se dessinent, nous aurons enfin du beau jeu à Nantes."[3]

Un match de qualification pour les joueurs devant évolués dans les différentes équipes est organisé.

L’équipe sera renforcée par un demi de mêlée de Cardiff: Charles LEYSHON, un trois-quarts de Mont-De-Marsan et les meilleurs joueurs du Lycée de Nantes Champion de France 1907.

Les commentaires du phare sur le match d’entraînement est très sérieux même s’il peut porter à sourire de nos jours :

"[…]Arrive alors le flot des joueurs. Ballotté, submergé, noyé, le ballon prisonnier s’affole. C’est un bouchon sous une cascade, il s’en sort pas. Et allez donc, les coups de pied par ci, les coups de pied par là, dans les jambes même de l’adversaire, comme on jouerait aux quilles avec des tibias. Le ballon part revient, repart… et n’avance pas. Il n’y comprend plus rien, le pauvre, vous tombez tous dessus, mettez-vous à sa place…

Avants, mes camarades, écoutez-moi. À la suite d’un baptême, quand des gamins veulent attraper un sou, ils n’y donnent pas de coups de pied, ils posent la main dessus, d’abord. Le coup de pied dans le gâchis est un geste facile, autant que vain ; cela soulage, cela donne l’illusion d’avoir joué, mais cela ne sert à rien. Quand le ballon est fou ne l’abrutissez pas… " [4]

Le 1 novembre 1907, le SNUC accueille la « terrible » équipe de Bordeaux. Malgré la vaillance de ses joueurs, les locaux s’inclinent par 11 à 3. L’essai des Nantais est marqué par MARTIN. Un autre nantais se mets en verve mais dans l’équipe de Bordeaux, C’est l’ami HERVOCHE qui poursuit ses études de médecine à Bordeaux. Il marque deux des trois essais en mettant sa vitesse en valeur sur son aile.

"[…] Hier encore, c’était une question de savoir comment les Nantais accueilleraient le jeu de football. Aujourd’hui la réponse est faite ; ce jeu leur plaît, ils l’adoptent, le football est dès maintenant acclimaté à Nantes …"[5]

 Le 10 novembre 1907, arrive à Nantes, le Stade Rochelais auréolé de son dernier titre de champion de l’Atlantique, champion de la Loire et de la Coupe de l’Atlantique. Le terrain de Beauséjour améliore son accueil.

"On a doublé le nombre des chaises aux premières. Un tableau d’affichage indiquera les points marqués par l’une et l’autre équipe, et tiendra les spectateurs au courant."[6]

Les Nantais sortent vainqueur de ce match par 5 à 0 devant plus de 500 spectateurs.

"Désormais le football est assuré de vivre à Nantes ; c’est tant mieux pour le public qui prend à ce jeu un intérêt de plus en plus passionné." [7]

Après avoir battu US TOURS, le 8 décembre 1907, en championnat de l’Atlantique le SNUC reçoit le SA Rochefort. Le match est arbitré par Stanley HUTCHINSON membre du Stade Bordelais et gérant de la HUTCHINSON LINE dont Pascal LAPORTE dirige l’agence nouvellement créée de Nantes.

Le 27 décembre 1907, un déplacement au Stade Bordelais est conclu par une défaite mais les leçons du match précédant à porter ses fruits. Le journal La Petite Gironde signale :

 "Nantes manquait de talonneurs dans la mêlée. Sa ligne de trois quarts nous a paru supérieure. On y sentait la maîtrise et les enseignements de Pascal LAPORTE.

Un fois de plus, l’ami HERVOCHE s’est mis en valeur en marquant deux essais en « sprinter ».

Le 5 janvier 1908, le Stade Rochelais gagne dans les dernières minutes alors que les équipes étaient à égalité (5 à 0).

Comme l’année précédente, le SNUC s’est engagé dans la Coupe de la Loire. A Saumur, il bat l’US TOURS et se trouve le 02/02/1908 en finale contre le SC VIERZON. Cette équipe déclare forfait et le SNUC est vainqueur de la Coupe de la Loire - Premier trophée du nouveau club -.

Pour cet exploit, le SNUC recevra un objet d’art en bronze allégorique "La défense de soi".

Pour le match revanche à la Rochelle, Pascal LAPORTE a fait signer un de ses anciens équipiers du Stade BORDELAIS : une fois champion de France en 1904 et 2 fois finaliste en 1902 et 1905 : Camille GALLIOT. Ce joueur métis va s’avérer être une excellente recrue. Le SNUC l’emporte 12 à 0, infligeant la seule défaite de la Rochelle dans le championnat de l’Atlantique.

Le 26 janvier 1908, le SNUC se déplace à COGNAC. Pour ce match, l’équipe première est partie de Nantes en train la veille à 21 h pour arriver à Cognac à 5 h du matin. C’était l’idéal pour préparer le match. Les deux autres matchs suivants en championnat se concluent par une défaite. Le Stade Rochelais sera champion de l’Atlantique pour la saison 1907-1908.

Entre temps, le SNUC se déplace à Tours pour disputer la finale de la Coupe de la Loire contre SC Vierzon. Ce dernier déclare forfait et le SNUC gagne son premier trophée: la Coupe de la Loire.